Ecrit le 8 novembre 2006
L’institut national de la statistique a publié, en octobre 2006, un « INSEE-Première » consacré à l’emploi des jeunes salariés.
Cette étude s’intéresse aux interruptions d’emploi mais uniquement à celles qui se produisent quand un salarié quitte définitivement une entreprise sans qu’une embauche dans une nouvelle entreprise suive immédiatement, ou même anticipe ce départ.
En voici les résultats :
Plus les salariés du secteur privé sont âgés,
moins ils changent d’entreprise
Sur la période 1977-2002, 45 % des salariés de moins de 25 ans changent d’entreprise sur une année contre 10 % au-dessus de 54 ans.
De ce fait, les jeunes se retrouvent sans emploi beaucoup plus souvent que leurs aînés.
Les contrats offerts aux jeunes salariés sont, de plus en plus, des contrats temporaires qui les font passer d’une entreprise à l’autre.
La hausse de la fréquence des interruptions d’emploi des jeunes reflète pour une part les transformations de l’appareil productif : au cours de la période étudiée, l’emploi, en particulier celui des jeunes, s’accroît d’abord dans les activités de service et du commerce, où l’emploi s’interrompt plus souvent qu’ailleurs.
Mais surtout la hausse est liée aux changements de gestion de la main-d’œuvre des entreprises.
L’emploi s’interrompt d’autant plus que la conjoncture est bonne
Les changements d’entreprise ne sont pas systématiquement un signe de mobilité subie. Conformément à ce qu’ont montré d’autres études portant sur la mobilité des salariés, le rythme des changements d’entreprise s’accroît quand la conjoncture s’améliore, car les offres d’emploi deviennent plus nombreuses, et les salariés démissionnent alors plus facilement pour améliorer leur situation. En outre, pendant ces périodes, les entreprises embauchent plutôt sur contrat à durée déterminée ou recourent à l’intérim.
En moyenne, les jeunes de moins de 25 ans sont restés 11 semaines sans emploi, par an, entre 1997 et 2002. Alors que cette moyenne n’est que de 2 semaines pour les plus de 54 ans.
Les femmes désavantagées
Les différences selon l’âge se doublent de différences entre les femmes et les hommes. Sur la période 1977-2002, la durée moyenne des interruptions d’emploi des femmes dépasse celle des hommes, hormis pour les plus âgées : les maternités et la garde des enfants expliquent, en partie au moins, ces différences. L’écart entre les sexes se creuse d’ailleurs entre 1977 et 2002 en dessous de 55 ans : la part d’une année sans emploi augmente plus pour les femmes que pour les hommes, notamment aux âges jeunes
Stables après 30 ans ?
Pour l’INSEE l’emploi d’un salarié peut-être qualifié de stable, une année donnée, s’il reste toute l’année chez le même employeur, ou s’il change d’employeur une fois dans l’année, à condition que l’interruption occasionnée dure moins d’une semaine,.
La fréquence des emplois stables est de 60 % pour les jeunes d’une vingtaine d’années et atteint environ 80 % quand ils ont 30 ans. Elle continue ensuite à croître avec l’âge des salariés, mais bien plus lentement qu’entre 20 et 30 ans.
Les causes d’instabilité ou d’interruption des emplois, comme les congés parentaux ou les licenciements, ne sont évidemment plus celles qui jouaient avant 30 ans pendant la phase d’insertion dans l’emploi. Trente ans représente un seuil, l’âge où les salariés d’une génération sont les derniers à sortir de la phase d’insertion.
De 1977 à 1985, la proportion de salariés de moins de 25 ans qui ont un emploi stable se maintient à environ 70 %. Mais la proportion des emplois stables se réduit progressivement chez les moins de 25 ans et descend à 55 % en 2002.
Conclusion
En résumé : au cours de la période 1977-2002, les interruptions d’emploi sont devenues plus fréquentes chez les jeunes salariés, surtout les jeunes femmes. Le temps qu’ils passent sans emploi salarié au cours d’une année a lui aussi augmenté, mais dans de moindres proportions. En 2002, il était en moyenne de 12 semaines pour les moins de 25 ans.
Chez les salariés plus âgés, les interruptions d’emploi salarié sont plus longues, mais plus rares.
Les interruptions d’emploi sont plus longues pour les femmes que pour les hommes.
Enfin, dans les périodes où la conjoncture a été la plus favorable, les interruptions d’emploi salarié ont été plus nombreuses, tout en étant plus courtes.
Source : http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1104/ip1104.html
Note du 5 février 2007
La galère en milieu rural
Note du 12 décembre 2007 :
Emploi des jeunes, les chiffres de septembre 2007
Qui sont les jeunes ? Voir ici une excellente étude : http://inegalites.fr/spip.php?article1017&id_mot=29