Ecrit le 21 mai 2003
ACPM - Bilan 2002
L’ACPM (actions pour les chômeurs du Pays de La Mée) a tenu son assemblée générale annuelle le 15 mai 2003, une dizaine de mois après qu’une nouvelle équipe ait repris le flambeau, suite au départ en retraite, bien mérité, d’un « président prestigieux » (Maurice Legrais) comme il a été dit. Le passage a été difficile en juin 2002 « chacun sentant bien la lassitude d’un côté, des tensions non-dites de l’autre, et le risque de dissolution de l’association, faute de militants prêts à reprendre le flambeau ». Mais quand on touche le fond, on se laisse couler ou on fait un ultime effort pour tenter de remonter à la surface. C’est ce dernier cas qui, heureusement, a prévalu. Des personnes se sont mobilisées et l’ACPM est repartie sur de nouvelles bases : moins de présence du président au local de l’association, partage des tâches entre les bénévoles, collégialité et transparence, davantage de responsabilités données au personnel...
La relance de l’activité par l’intermédiaire de la presse et des bulletins municipaux, l’achat de matériels modernes susceptibles de motiver les salariés en insertion, la relance du partenariat avec diverses structures, ont permis un nouvel essor, malgré les difficultés financières engendrées notamment par la nécessité de trouver un local (la municipalité a mis en demeure l’ACPM , le 9 juillet 2002, de trouver un nouveau local qui, de ce fait, n’était plus gratuit).
L’ACPM représente 36 salariés (24 équivalents-temps plein) :-. 6 salariés permanents, sans la compétence desquels rien ne serait possible.- 22 salariés en insertion- 8 équivalents temps-plein pour la mise à disposition.
Mise à disposition
L’ACPM peut répondre à la demande des particuliers et collectivités qui ont besoin, même pour une seule heure, d’aide pour le ménage, le jardinage, nettoyage, bricolage, secrétariat, manutention, etc.
13872 heures de « mise à disposition » ont été effectuées en 2002 (contre 13 828 en 2001), par 71 personnes, selon des contrats de plus ou moins longue durée. Pour les quatre premiers mois de l’année 2003, les chiffres sont meilleurs et manifestent une progression de 10 % .
45 personnes (37 hommes et 8 femmes) ont été employés sur les chantiers d’insertion, pour 17 575 heures (contre 15734 en 2001) sur des travaux de rénovation du patrimoine et d’entretien de l’environnement, notamment des rives de la Chère.
Une convention avec la DDASS permet à l’ACPM de suivre 5 personnes en « Appui Social Individualisé » (ASI), accompagnement global aussi bien sur le plan social que professionnel.
D’autres actions sont menées, par exemple « premiers départs en vacances » ou prévention Routière (assurée chaque semaine, pour préparer les salariés à affronter les cours de code d’une auto-école).
Finances
La situation financière de l’ACPM est difficile, provisoirement :
– déficit de 30822 € en juin 2002
– déficit de 31900 € en déc. 2002
En 6 mois le déficit s’est quasiment stabilisé. De ce fait, avec les nouvelles impulsions données à l’association, l’expert-comptable a pu dire qu’il n’est pas inquiet.
Salariés en insertion
Divers « coups de cœur » ont permis aux participants à l’assemblée de toucher du doigt les difficultés de l’insertion :
L’ACPM a affaire à un public difficile. Oh il ne s’agit pas de question de caractère ! « ils sont généralement courtois et pleins de bonne volonté. Mais ils ont des handicaps physiques réels, dont il faut tenir compte pour les aider à les dépasser. Ils ont des difficultés sociales : il n’est pas facile de travailler quand on est une femme seule, ou un homme seul, avec un enfant de 3 ou 4 ans en charge. Et quand on gagne moins de 500 euros par mois (moins de 3500 F), on n’a pas les moyens de mettre ses enfants en garde ».
« Leurs difficultés sociales sont liées, pour certains, à des problèmes d’alcoolisme. L’ACPM n’accepte pas sur les chantiers, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, quelqu’un qui a bu. Mais en dehors de cela, il est clair que les salariés que nous avons en insertion, sont sortis, ou essaient de sortir de l’alcool » a-t-il été dit à l’Assemblée Générale, en insistant sur le fait que l’alcool n’est pas une faute mais une maladie.
Les difficultés sociales sont liées aussi à des problèmes de mobilité. Quand on gagne 3500 F par mois, on n’a pas les moyens de s’acheter une voiture et de l’entretenir. Quelqu’un qui habite hors Châteaubriant est donc particulièrement désavantagé. Il y a un salarié, qui est en période d’essai dans une entreprise, qui doit se lever à 3 heures du matin, pour profiter de la voiture d’un voisin. Il prend l’embauche à six heures et le soir il est encore tributaire du voisin. Va-t-il longtemps tenir le coup comme cela ? « Il est facile de dire que le chômage et la précarité, c’est de la faute des gens. L’ACPM est bien placée pour savoir que la précarité n’est pas une faute personnelle, mais un accident de la vie, un virus qui vous tombe dessus (comme celui de la pneumopathie venue de Chine), et le pire c’est que la précarité est contagieuse, que toute la famille en est atteinte, y compris les enfants. La précarité, hélas, est héréditaire. C’est contre cette précarité que l’ACPM essaie de lutter et il faut rendre hommage, ici, au personnel permanent qui, tous les jours, fait son possible pour redonner l’espoir aux salariés qui lui sont confiés ».
La parole
Dans un « coup de cœur », le président Yvon Gicquel a précisé l’éthique de l’association : « L’ACPM n’est pas un organisme de »charité« . Nous ne nous »penchons« pas sur la misère des hommes, nous essayons de les accompagner dans leur développement.C’est l’individu lui-même qui doit être acteur de son propre développement, qui doit trouver les démarches, les stratégies pour parvenir à réaliser son projet de vie.L’ACPM est là pour orienter, pour soutenir, mais pas pour faire à la place de ... »
Il a montré combien l’ACPM est attentive à la situation des personnes qu’elle emploie : " La parole est une pièce essentielle de notre activité. Sur les lieux de travail, il y a place pour de nombreux échanges verbaux. S’il y a absence de verbalisation, nous devons nous interroger (personne en souffrance). J’estime en effet qu’un travailleur qui peut s’exprimer sur son travail et détailler le meilleur et le moins bon, est capable de dominer son activité, de la contrôler de mieux en mieux. Et d’accéder à la responsabilité pleine et entière des tâches qu’il doit accomplir.
Le questionnement à cet égard est constant :
– La personne est-elle en bonne santé (douleurs, problèmes de sommeil)
– A-t-elle bien compris les consignes données
– A-t-elle l’adresse nécessaire (s’il y a des difficultés, comment les contourner) -
– Quelles sont ses relations avec les autres -
– Est-elle en bonne forme morale, bien dans sa tête ? « . » L’ACPM a l’ambition d’agir concrètement afin que chaque personne en situation de précarité puisse développer ses potentialités, améliorer son statut social et reconquérir ainsi une citoyenneté à part entière " a-t-il dit.
Bref, une assemblée générale qui a été ressentie comme « tonique » par les participants au point que l’un a déclaré : « je m’étais engagé pour un an, je rempile pour trois ».
L’avenir...
désormais, ce sont les représentants des Communautés de Communes qui siégeront au Conseil d’Administration. Mais un certain nombre de représentants de communes ont décidé d’y rester, même s’ils n’ont que voix consultative, pour suivre et soutenir l’ACPM dans ses actions.
Ecrit le 6 août 2003 :
Une passerelle sur le Petit Don
A l’initiative de la Brême du Don et des Amis des Forges de Moisdon, (Jean-Pierre ROUL et Gisèle PITON) le Syndicat Mixte, sous l’impulsion de Martine BURON, a entrepris la réalisation d’un sentier pédestre de 12 km, sur les bords du Don (réalisé par l’association de chômeurs ACPM ). La Communauté de Communes sous la présidence d’Alain HUNAULT a poursuivi dans cette voie en décidant la création d’une passerelle de 40 mètres, sur « Le Petit Don » par l’entreprise « Bois, loisirs et créations » (coût 23 824 € TTC). Elle permet aux promeneurs de fractionner le grand circuit entre deux circuits plus courts, l’un de 5 km et l’autre de 7 km. Cette passerelle sera utilisée lors de la randonnée nocturne du vendredi 22 août, qui sera animée de contes et chansonsL’inauguration a eu lieu le 12 juillet dernier et a permis de découvrir en avant-première le montage vidéo « mémoire de la lande » réalisé avec le concours d’Isabelle PAILLUSSON et Chantal JULIENNE : la flore locale et ses utilisations artisanales (vannerie), agricoles (litières) et même ménagères : la gède pour le pain ou la guinche pour les paillasses. Renseignements auprès de Gisèle Piton au 02 40 07 62 07
Comparaisons ...
L’aménagement du sentier pédestre de la Forge à Moisdon a été payé 81 150 francs à l’ACPM pour 12 km (sentier, clôtures, garde-fous, marches, et 18 mètres de passerelles, etc). Cela fait moins de 6,80 F le mètre. A l’époque, certains élus de la Communauté de Communes ont poussé les hauts cris (cf réunion du 20 décembre 2001). La nouvelle passerelle fait 40 mètres pour 23 824 euros (156 000,00 F) soit 3900 F le mètre. Mais aucun élu ne dit plus rien.
La « voie verte » que la Communauté de Communes veut aménager entre Châteaubriant et Rougé coûtera 790 F du mètre.