Ecrit le 4 mars 2015
Journée de la femme, 2015
Une fois encore il est nécessaire de célébrer, une fois dans l’année, la journée de la femme, pour compenser une infériorité organisée ! Il y a 20 ans, pourtant, à Beijing (près de pékin, en Chine), lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, les gouvernements (189 Etats présents) ont reconnu que « l’égalité des droits, des chances et de l’accès aux ressources, le partage égal des responsabilités familiales et un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes sont essentiels à leur bien-être et à celui de leurs familles ainsi qu’Ã l’affermissement de la démocratie ».
Mais 20 ans plus tard, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) appelle les activistes à s’opposer à l’impunité des crimes commis contre les femmes et à veiller à ce que les responsables rendent compte de leurs actes. Cet appel fait suite à une vague alarmante d’actes de violence perpétrés contre des femmes, notamment à l’encontre de militantes qui défendent les droits de l’homme dans la région euro-méditerranéenne.
Le groupe de travail sur l’égalité des sexes fait état de rapports choquants sur la situation des femmes, notamment en Égypte, où des activistes ont été tuées pendant des manifestations pacifiques, à Gaza, où des femmes palestiniennes ont été tuées en masse pendant la guerre de 2014, en Syrie, où elles vivent dans des conditions intolérables en raison du conflit prolongé, et en Irak, où elles sont violées et vendues comme esclaves sexuelles. Les gouvernements adoptant des lois laxistes en matière de violence contre les femmes dans les sphères publique et privée et les assassinats de femmes juristes, activistes et journalistes qui s’ensuivent, ne sont que quelques exemples illustrant cette tendance alarmante.
’’Nous demandons aux personnes à travers le monde de s’unir dans la lutte contre l’impunité généralisée qui sévit dans ces cas de violations graves des droits des femmes’’.
Excision-réparation
Le saviez-vous ? Votre journal La Mée a un frère, là -bas, au Burkina-Faso : c’est le journal Le-Nord.info. Dans un article daté du 10 janvier 2015 ce journal raconte : « Sept patientes venues du Passoré, du Lorum et du Yatenga, ont été examinées par les agents de santé. Cinq d’entre elles ont été retenues pour subir une intervention chirurgicale. Elles montrent visiblement une certaine impatience à pouvoir recouvrer leur plein épanouisse-ment. Leurs témoignages laissent voir des femmes psycholo-giquement traumatisées quand on leur parle de rapports sexuels ou d’accouchements. » Faire des rapports sexuels est un enfer pour moi à cause des douleurs. Le pire ce sont les infections urinaires à répétition et les difficultés inqualifiables pendant mes accou-chements. J’ai cru à un certain moment qu’on m’avait jeté un sort. J’ai perdu le goût de vivre « marmonne Minata, venue du village de Kibou dans la province du Passoré. » Quand le personnel de la santé m’a fait savoir que mon mal a été provoqué par l’excision déclare-t-elle, j’ai compris pourquoi on combat cette pratique. Elle est nuisible à la vie de la femme. Sans maudire mes géniteurs, je dirai que leur ignorance m’a causé un grand tort. Cette séance de dépistage et l’annonce de me faire profiter d’une intervention chirur-gicale me donnent l’espoir de retrouver toute ma féminité et de redevenir une femme digne. J’attends impatiemment le jour de ma délivrance " .
’’Veinardes, ces dames le sont pour avoir rencontré les services de l’action sociale et l’ONG BIBIr à temps. d’autres vivent honteusement leur mal en silence. De nos jours, des structures à l’image de l’ONG BIBIR donnent la chance aux victimes d’avoir une autre vie plus épanouie mais encore faut-il qu’elles sachent de quoi elles souffrent et qu’elles soient dirigées vers les structures habilitées au traitement des séquelles de l’ablation du clitoris’’.
Selon le gynécologue, les cas récurrents sont la fistule vasico-vaginale, la fistule recto-vaginale et les accolements de lèvres. Ces anomalies ont pour consé-quences les douleurs lors des rapports sexuels et pendant les accouchements, la mort du nouveau-né ou de la maman. Pour le directeur de l’ONG BIBIR, Abdou Wahab Ouédraogo, l’excision est un véritable fléau qui menace la vie des femmes, surtout en milieu rural.
Le sexe étant un sujet tabou dans les familles villageoises, la majorité des victimes de l’excision en parlent peu ou ignorent l’origine de leur mal. Pire, elles n’ont pas les moyens pour se faire dépister, encore moins pour supporter les charges d’une intervention chirurgicale. « Vivre heureux, c’est d’abord se sentir bien dans sa peau. Les femmes sont sou-mises à tout dans les villages et si elles n’arrivent pas à satisfaire sexuellement leur mari et mettre au monde des enfants, imaginez le traitement calomnieux qu’on pourrait leur réserver ».
L’excision est une pratique coutumière et non islamique qui, contrairement à une idée répandue, n’est pas recommandée dans le Coran. Selon un rapport de l’Unicef, l’excision est globalement en baisse. Mais l’étude indique que cette pratique aux conséquences néfastes est encore pratiquée dans 29 pays africains et du Moyen-Orient. Au sénégal, par exemple, où l’excision est interdite depuis 1999, le taux actuel de pratique dans des régions à forte prévalence comme Kolda et Tambacounda est passé de 94% à 87%. Quinze ans après son adoption, le pays peine encore à faire respecter la loi.
Les mutilations féminines sont une violation fondamentale des droits des filles, une pratique discriminatoire contraire à l’égalité des chances, à la santé, au droit de ne pas être exposé à la violence, aux blessures, aux sévices, à la torture et aux traitements cruels, inhumains ou dégradants, au droit à la protection contre les pratiques tradi-tionnelles préjudiciables à la santé, et au droit de faire librement des choix en matière de reproduction. Les raisons invoquées (par les hommes !) pour mutiler les filles varient en fonction des régions et des cultures : contrôler la sexualité des femmes, garantir leur chasteté, maintenir la tradition culturelle ou suivre des préceptes religieux, assurer l’hygiène, pourvoir à l’esthétique, favoriser la fécondité Malheureusement ces argu-ments, masculins, ont été intériorisés par les femmes et le combat est de longue haleine. En France on compte environ 50 000 femmes excisées, ce qui est minime par rapport au nombre de femmes noires sur notre territoire. Un protocole de chirurgie réparatrice offre la possibilité, pour les femmes qui en ressentent le besoin, de se faire « réparer ».
En Europe : le plafond de verre
En novembre 2013, Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne et commissaire chargée de la justice, et Elisabeth Morin-Chartier, membre du Parlement européen, Vice-présidente de la Commission des droits des femmes et de l’égalité des genres et présidente de l’Union Européenne des Femmes ont dressé ce constat : « Actuellement, 60 % des diplômés de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne sont des femmes. La proportion de femmes exerçant une activité professionnelle est en progression constante, atteignant 62 % contre 55 % en 1997. Depuis l’an 2000, les femmes ont obtenu les trois quarts des millions d’emplois nouveaux qui ont été créés en Europe. Dans le monde des affaires, toutefois, les femmes continuent de se heurter à un plafond de verre les empêchant d’accéder aux postes les plus levés. Il existe, aujourd’hui encore, une prédominance masculine au sein des conseils des sociétés : les hommes représentent, en effet, 83,4 % de leurs membres et 97 % de leurs présidents ».
Or ce sont nos économies qui en pâtissent. L’égalité des sexes sur le lieu de travail est non pas un problème de femmes, mais un impératif commercial et économique. En ces temps économiques difficiles, alors que nous faisons face aux défis concomitants du vieillissement de la population, de la baisse des taux de natalité et de la pénurie de travailleurs qualifiés, il importe plus que jamais de veiller à tirer le meilleur parti du vivier de talents et de compétences dont nous disposons, sans distinction de sexe.
Histoire 1914-18
Dimanche 8 mars 2015 à Nantes, à 14 h 30 : Lecture d’extraits de lettres et de documents d’archives pour apprendre encore et encore sur la plus meurtrière des guerres occidentales.
A 15 h 15 : Table ronde 14-18 : Des femmes sur tous les fronts : dans les champs, les usines, les femmes occupent une nouvelle place dans la production économique du pays. A la campagne, en ville, elles assument tous les rôles au sein de leur famille. Mais elles vivent aussi la solitude, l’inquiétude, les deuils, soutenant vaillamment de leurs lettres le moral des hommes au combat. La Grande Guerre a-t-elle permis de fonder de nouveaux droits pour les femmes ? Et quel en est aujourd’hui l’héritage ? débat avec la présence de Chantal Antier-Renaud, docteure en histoire, spécialiste de l’étude de la première guerre mondiale et de ses conséquences sur les populations civiles, auteure notamment de Les femmes dans la Grande Guerre et 14-18 : mémoires partagées. Et Clémentine Vidal-Naquet, historienne spécialiste des relations conjugales pendant la Première Guerre mondiale, auteure notamment de Couples dans la Grande Guerre, le tragique et l’ordinaire du lien conjugal. Et Sylvia Boumendil, biographe et animatrice d’ateliers d’écriture, auteure du livret d’art Ma petite femme adorée et créatrice de l’exposition La fleur au fusil, ou la courte histoire du soldat Joseph Carrée à l’Hôtel du département du 2 au 15 mars 2015.
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation au 02 40 99 16 90