Nous avions un site internet consacré à l’incendie de l’abattoir Tendriade le 12 septembre 1999 à Châteaubriant. Nous avons dû le fermer suite à une mise en demeure de la société Tendriade (voir article 515).
Les textes sont cependant ici, car ils font désormais partie de l’histoire industrielle de Châteaubriant. Nous n’y mettons nullement en cause la qualité des produits « Tendriade » mais seulement l’attitude de la Direction dans les suites qu’elle a données à l’incendie du 12 septembre 1999.
Quel lieu pour l’entreprise ?
Passé le premier moment d’émotion, l’heure est venue de la réflexion sur la reconstruction de l’entreprise Tendriade.
Il est évident que la reconstruction doit se faire à Châteaubriant . Pour trois raisons essentielles : la première c’est que Châteaubriant se trouve au centre d’une importante région de production de veaux et de viande bovine, avec des marchés conséquents. Le foirail de Châteaubriant est le 3e marché de France pour les gros bovins - La seconde c’est que Tendriade est bien placée sur ce marché : tout changement de ville entraînerait une déperdition commerciale - La troisième c’est que la reconstruction va imposer le respect de nombreuses normes environnementales, et cela, quel que soit le lieu d’implantation. Or l’entreprise dispose depuis un an de sa propre station d’épuration. En effet, la municipalité de Châteaubriant lui a laissé la Station de la Goupillère et a construit, à côté, une nouvelle station pour les eaux de la ville, d’un coût de 20 millions de francs environ. L’existence de cette station d’épuration est un atout considérable pour Tendriade : en effet, quel que soit le lieu d’implantation, une station de ce type sera nécessaire pour épurer les eaux de lavage du sang et des intestins des animaux abattus. La charge en matière organique est si forte qu’une simple installation de lagunage n’est pas envisageable.
Mais reconstruire, où ?
L’entreprise souhaiterait, dans un premier temps, rester à son emplacement actuel, d’autant plus que la chaîne d’abattage est intacte et prête à redémarrer après nettoyage approfondi. L’entreprise fait valoir aussi qu’il existe à côté un terrain communal, qui servait jusqu’Ã présent de parking pour le foirail du mercredi, et qui n’aura plus d’usage quand celui-ci aura déménagé en mars 2000.
La ville cependant objecte que ce terrain n’est pas libre avant 6 mois et surtout qu’il est mal situé, coincé entre un quartier d’habitation (les Vauzelles), une route à grande circulation (Nationale 171) et les hauts remblais de la voie ferrée. La présence du quartier des Vauzelles ne peut qu’augmenter les normes environnementales à respecter (par exemple en ce qui concerne le bruit). En conséquence la ville de Châteaubriant propose deux terrains en campagne, l’un situé à La Goupillère, à proximité de la station d’épuration, serait le plus favorable. L’autre situé à proximité de la zone industrielle de la route de Vitré, nécessiterait un aménagement pour utilisation de la station d’épuration.
Dans les deux terrains proposés, il y a de la place, tout ce qu’il faut pour reconstruire un abattoir moderne et fonctionnel, ce qui n’était pas le cas dans les locaux qui ont brûlé : construit en 1962 l’abattoir était initialement prévu pour 4500 tonnes/an. En 1980 il atteignait 21 000 tonnes, il n’a cessé de croître depuis, occasionnant la construction de nouveaux locaux implantés de bric et de broc en raison de l’exiguïté du terrain. Une nouvelle construction pourrait permettre à l’entreprise de développer son projet industriel de façon conséquente et rationnelle.
La municipalité de Châteaubriant s’efforce de favoriser ce projet et, dans l’immédiat, a mis tout en œuvre pour favoriser la reprise d’activité : mise à disposition des barres du foirail en dépannage pour l’entreprise Viol voisine, mise à disposition du bâtiment du foirail pour les services administratifs de l’entreprise, etc.
De son côté l’entreprise a reclassé ses salariés dans diverses entreprises de son groupe, et mis à leur disposition des autobus pour le transport, prenant à sa charge les frais de transport et diminuant le temps de travail des salariés pour tenir compte de la durée du trajet. Un geste que les salariés apprécient. « Nous sommes prêts à accepter ces conditions de travail si nous savons que, au bout, se situe la reconstruction de Tendriade sur le site castelbriantais » disent-ils..
Tendriade : le chant des nécrophages
(article du 13 octobre 1999)
Que se passe-t-il autour de Tendriade ? Si l’on en croit ce qui se dit sous le manteau dans certaines sphères réputées bien informées, le feu à l’abattoir aurait provoqué des convoitises : les cendres étaient encore chaudes que le président d’un Conseil Général voisin aurait fait des propositions à la Direction des Éts Besnier qui contrôlent l’abattoir Tendriade.
Il faut rappeler qu’il y a quelques années, la commune de Martigné-Ferchaud disposait d’une beurrerie du groupe Besnier et que celle-ci a déménagé vers Retiers laissant à la population un bâtiment désaffecté et ses larmes pour pleurer. M. méhaignerie, président du Conseil Général d’Ille et Vilaine aurait alors promis au maire de Martigné de faire quelque chose pour sa commune dès qu’il en aurait l’occasion.
De la stratégie des peaux de banane
L’occasion, ce fut l’incendie de Tendriade : le Conseil Général d’Ille et Vilaine aurait fait des propositions, alléchantes dit-on, pour Tendriade, si cette entreprise acceptait de s’installer à Martigné-Ferchaud. Ou du moins d’y installer une partie de ses activités. C’est l’impression qu’en a retiré M. Lemaître, président de la fédération Porcine, (et par ailleurs Maire de Rougé) lorsqu’il a rencontré M. méhaignerie au salon SPACe à Rennes et que celui-ci s’est enquis, avec une fausse naïveté, de l’avenir de l’abattoir incendié .
D’après ce que nous avons pu apprendre, le plan de M. méhaignerie serait celui-ci :
1) laisser l’abattage et la découpe à Châteaubriant, en particulier parce que les locaux sont faciles à remettre en service et sont reliés à une station d’épuration
2) transférer les activités « produits élaborés » à Martigné-Ferchaud qui dispose d’une vingtaine d’hectares auprès de son rond-point d’entrée
Pour l’entreprise, c’est tout bénéfice : profiter d’une taxe professionnelle un peu moins élevée, tout en restant dans la même région d’élevage, et même en gardant quasiment les mêmes salariés puisque Martigné ne se trouve guère qu’Ã une dizaine de kilomètres de Châteaubriant . de plus, le terrain proposé, ne se situant pas en agglomération, nécessiterait des normes environnementales moins contraignantes (voir plus loin).
Avec ce plan Châteaubriant garderait toutes les activités polluantes, et Martigné-Ferchaud bénéficierait du secteur le plus rentable tout en récupérant une part importante de la taxe professionnelle versée à Châteaubriant .
Seul « hic » : la région de Martigné-Ferchaud ne bénéficie pas de la prime d’aménagement du territoire, contrairement à Châteaubriant. Châteaubriant tient donc encore la corde dans cette affaire.
Rien n’est joué
Tout ceci illustre, indépendamment de la question de l’emploi, le jeu politique qui se mène en sous-main.
Bien entendu, Martine BURON cherche à garder tous les emplois sur Châteaubriant
Mais Martine Buron, c’est la Gauche, même si c’est parfois une gauche timide. D’où le jeu du voisin méhaignerie (UDF) qui ne serait pas fâché de jeter une peau de banane sur son chemin.
Dans le même temps le Conseiller Général du Canton de Châteaubriant, Jean Seroux, qui, par la cocasserie du hasard, se trouve être du même bord politique que méhaignerie, fait un communiqué de presse demandant un « conseil municipal extraordinaire » au sujet de Tendriade. Cela lui permet de faire parler de lui, alors qu’il sait très bien que les dossiers avec les entreprises ne se traitent quasiment jamais au grand jour : le jeu des intérêts s’accommode au contraire du secret.
On en est là . Il est à souhaiter que les salariés ne fassent pas les frais d’une lutte politique !