Ecrit le 10 avril 2019
A quoi sert-il ce Grand débat ?
Grand débat, grand déballage : Le grand débat national, dont la première restitution est attendue lundi 8 avril, aurait coûté environ 12 millions d’euros, selon sébastien Lecornu, l’un des ministres coordinateurs de l’opération. Il a déclaré aux sénateurs que ces 12 millions sont répartis notamment entre « 6,2 millions d’euros pour le ministère de la transition écologique et solidaire, 3,1 millions d’euros pour les services du premier ministre, le SIG [service d’information du gouvernement], et 1,7 million d’euros pour le ministère de l’économie ». Le reste, 1 million, a été affecté à « différents postes, notamment le ministère de l’intérieur », a-t-il précisé.
« Douze millions d’euros, c’est le coût de la démocratie », a ajouté M. Lecornu, soulignant qu’« une présidentielle, c’est 250 millions d’euros ».
l’autre ministre Emmanuelle Wargon, coordinatrice du grand débat a, de son côté, précisé qu’« environ 1,5 million de personnes » avaient « participé directement à cet exercice démocratique ».
Selon elle, il y a eu « près de deux millions de contributions individuelles sur la plate-forme, venant de 506 333 contributeurs individuels, 10 134 réunions d’initiatives locales référencées sur la plate-forme, regroupant une estimation d’environ 500 000 participants » et « 1 424 personnes » tirées au sort et regroupées lors des 21 conférences citoyennes organisées dans toute la France.
« Si on ajoute à cette mobilisation celle des contributeurs des cahiers citoyens, des stands mobiles et ceux qui ont écrit des courriers à la mission du grand débat, nous évaluons à environ 1,5 million » le nombre de personnes ayant participé au grand débat.
Que va-t-il en sortir ? c’est le grand mystère mais on peut parier qu’il n’y aura guère, au mieux, que des réformettes sociales. Les princes qui nous gouvernent, même s’ils ont rencontré les élus de base que sont les maires des communes rurales, ignorent tout, absolument tout des conditions de vie de la grande masse des Français. Ils évoluent dans « le grand monde », dans des « palais » modernes souvent richement décorés, ne rencontrant que leurs semblables, n’imaginant même pas comment on peut vivre, survivre, avec 500 ou 1000 € par mois.
Donc nous sommes inquiets de l’issue de cette grande opération. Elle a provoqué l’expression de 1,5 millions de personnes, qui, c’est certain, n’en ont pas conçu un grand enthousiasme. Mais les autres, pourquoi n’ont-ils pas participé ?
Pourquoi ? c’est en effet la question, à tous les niveaux, y compris au niveau local quand les maires et les associations provoquent des réunions sur un thème ou sur un autre, ou de simples manifestations (expositions par exemple, fête du livre). Pourquoi ce désintérêt ? Mais est-ce du désintérêt ? Ou du découragement ? le sentiment de ne pouvoir rien faire, le manque de confiance en soi. « Je suis trop vieux » - « je suis nulle » - « je ne connais personne » - « on va me regarder, me demander pourquoi je viens » - « je n’ai pas d’idées ». Au delà des difficultés financières de nombreuses personnes, c’est là une forme de désespérance sociale. On parle beaucoup de créer du lien social, mais l’urgence est de redonner envie d’être quelqu’un !
Souvenirs : en 1789, le peuple a rédigé ses cahiers de doléances et a fait la révolution. Mais c’est la bourgeoisie qui a râflé la mise ! En 230 ans il y a eu des conquêtes sociales et des garde-fous pour limiter les misères extrêmes, et la télévision pour occuper les esprits. Et le peuple s’est tu, laissant le champ libre à ceux qui fréquentent les salons et les allées du pouvoir. Le Grand débat inversera-t-il les choses ? On n’y croit pas car il faudrait que certains renoncent à leurs privilèges et acceptent d’admettre qu’ils ne sont pas supérieurs aux autres.