Ecrit le 30 octobre 2019
Triscalia, ils ont gagné
« En 2009, par souci d’économie, la coopérative Nutréa-Triscalia de Plouisy a coupé la ventilation dans ses silos de stockage des céréales. Du coup, celles-ci ont été infestées de vers et de charançons. c’est alors que la direction a décidé de pulvériser des pesticides. Certains étaient périmés, mais on ne le savait pas. Quelques jours après, on a commencé à être mal »‰ ! J’avais des brûlures oculaires, des saignements, des nausées. En 2010, mon état s’est aggravé, j’étais constamment fatigué. A l’époque, je ne savais pas de quoi je souffrais« ‰ »‰", se souvient Pascal Brigant, Atteint d’hypersensibilité chimique multiple, il est en arrêt maladie pendant 3 ans puis licencié pour ’’inaptitude’’.
Son collègue, Claude Le Guyader, chauffeur de poids lourd, ressent les mêmes symptômes à la même époque. « »‰En six mois de temps, j’étais incapable de conduire« ‰ », raconte-t-il. Comme Pascal Brigant, il se retrouve en arrêt maladie, ne supportant plus le moindre contact avec les produits chimiques. « »‰Si je respire ne serait-ce que du parfum, ma toux reprend, j’ai des maux de tête« ‰ », raconte Claude Le Guyader qui est licencié lui aussi. Les symptômes de la sensibilité chimique multiple reviennent en cas d’exposition à des produits chimiques, quels qu’ils soient.
Après un long combat judiciaire, et les manœuvres dilatoires répétées de l’entreprise, le Tribunal des Prud’hommes de Guingamp ce jeudi 24 octobre a déclaré ces licenciements comme étant « sans cause réelle et sérieuse » et condamné Triskalia à leur verser un total de 109 000 €uros..
Cette nouvelle victoire des victimes des pesticides de Triskalia, défendus par Maître François LAFFORGUE, est le résultat du combat exemplaire qu’ils mènent depuis maintenant près de dix ans avec leurs soutiens juridique, syndical et associatif. Ils sont devenus des lanceurs d’alerte qui ont contribué à lever l’omerta sur les pesticides et mettre en lumière le scandale sanitaire que représente l’utilisation irresponsable des pesticides.
Le lundi 11 novembre prochain, les victimes des pesticides de Triskalia, seront une nouvelle fois auditionnés par la Commission des pétitions du Parlement européen, dans le cadre de l’audit effectué en France et Bretagne, conjointement par le Commissaire Européen à la Santé et à la sécurité alimentaire, M. Vyténis ANDRIUKAITIS et la Commissaire à l’emploi et aux affaires sociales Mme Marianne TYSSEN, afin de vérifier si la France respecte la Directive européenne 98/24/CE du Conseil et la Directive 2004/37/CE du Parlement européen et du Conseil Européen concernant la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs contre les risques liés à des agents chimiques sur le lieu de travail et les risques liés à l’exposition à des agents cancérigènes ou mutagènes au travail.
Ecrit le 13 novembre 2019
Pesticides
Dans un jugement rendu mercredi 6 novembre 2019, le pôle social du Tribunal de Grande Instance de VANNES a reconnu la faute inexcusable de l’employeur TRISKALIA à l’encontre de Noë l POULIQUEN, salarié sur le site de GLOMEL (22).
Noë l POULIQUEN a été embauché en 1989 sur le site Triskalia de GLOMEL (22), plate-forme logistique de stockage et distribution des « produits phyto-sanitaires ». Il y a tenu des emplois de magasinier, préparateur de commandes, chauffeur livreur. En 2015, âgé de 48 ans, un lymphôme non hodgkinien a été diagnostiqué et il a dû subir une auto-greffe. Depuis, il est en arrêt maladie et souffre des suites de la maladie et de ses traitements. Toute la famille en est affectée.
En décembre 2016, sa maladie a été reconnue comme maladie professionnelle liée aux pesticides. Son père Raymond, salarié sur le même site, avait lui-même déclaré une leucémie en 1999.
Triskalia a déjà un lourd passif avec les pesticides. A PLOUISY (22), la coopérative a été condamnée à plusieurs reprises par le Tribunal des Affaires de sécurité Sociale (TASS) dans les affaires concernant L. GUILLOU, S. ROUXEL, P. BRIGANT, C. LE GUYADER, G. LE GOFFIC. Sur le site de Glomel, d’autres salariés sont malades ou décédés.
Dans le contexte actuel de prise de conscience du danger que représentent les pesticides pour notre santé et notre environnement, le combat de Noë l est essentiel pour dénoncer le comportement irresponsable d’une coopérative telle que TRISKALIA vis-à -vis de ses salariés. Au-delà , il montre que la « manipulation » de ces « produits phyto-sanitaires » sera toujours dangereuse, voire mortelle pour ceux qui sont à leur contact qu’ils soient paysans, salariés ou riverains.
C’est une première, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté, le 8 novembre, la demande de suspension de deux arrêtés anti-pesticides pris par les mairies de Gennevilliers et de Sceaux, en région parisienne. Et ce, au nom du grave danger qu’encourent les habitants exposés à ces produits.
Jusqu’ici, tous les maires qui avaient tenté de faire interdire les pesticides, notamment près des maisons, ont été désavoués par la justice. Pour elle, un potentiel bannissement de ces produits phytosanitaire relevait de la compétence de l’État. Mais cette fois-ci, le juge du tribunal administratif a indiqué que les élus municipaux avaient « tout pouvoir pour protéger » leurs administrés et qu’ils avaient donc le droit d’interdire les pesticides.
« C’est une décision encourageante pour celles et ceux qui veulent défendre la santé des agriculteurs et des populations », félicite Patrice Leclerc, le maire de Gennevilliers. « Comme le législateur ne prend pas de lois, les maires ont le droit de défendre la population. C’est un appel maintenant aux députés et au gouvernement de passer une loi pour interdire ces pesticides et de ne plus rester en carence sur cette protection », a-t-il ajouté.
Il y a en effet un vide juridique sur le sujet en France. Une ancienne réglementation a été récemment annulée par le Conseil d’État, qui la jugeait trop laxiste. Pour pallier ce manque, un arrêté est actuellement en cours de préparation du côté du gouvernement.
La pétition « Nous voulons des coquelicots » qui appelle à l’interdiction de tous les pesticides de synthèse, a actuellement réuni plus de 960 765 signatures.
voir le site nousvoulonsdescoquelicots
« Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Rendez-nous nos coquelicots et la la beauté du monde ! » dit le texte.