Ecrit le 4 décembre 2019
La mobilité est un thème à la mode car elle conditionne notre vie en société : vie familiale, travail, loisirs. Elle représente un enjeu majeur pour le développement des territoires et la lutte contre la fracture territoriale. La Région des Pays de Loire doit adopter au printemps 2020 son schéma régional de mobilité. Le CESER (Conseil Economique et Social régional) a souhaité dresser l’état des lieux des déplacements en Pays de Loire, pointer les grands enjeux auxquels doit répondre le futur schéma et proposer des mesures concrètes pour l’alimenter. On peut le consulter ici :
En voici quelques éléments :
les déplacements augmentent fortement en Pays de la Loire, tant en nombre (+15 % entre 2008 et 2015) qu’en distance. Les trajets domicile-travail sont ainsi passés de 11 à 12 km en moyenne entre 2010 et 2015, principalement en raison de la poursuite de l’étalement urbain.
Conséquemment, la part de la voiture est largement majoritaire et ne recule pas : huit Ligériens sur dix l’utilisent pour se rendre au travail. Cette part est cependant très différente en fonction des territoires, des distances à parcourir et de la présence ou non de transports collectifs (50% pour les Nantais contre 86% pour les habitants des communes peu denses).
Depuis les lois MAPTAM (2014) et NOTRe (2015), la compétence transports est principalement répartie entre les Régions et les autorités organisatrices des mobilités (AOM) (métropoles, communautés urbaines et d’agglomérations et quelques communes), responsables de l’ensemble des mobilités sur leur territoire.
Les Pays de la Loire comportent actuellement 22 autorités organisatrices des mobilités (AOM). Elles pourraient être demain plus nombreuses demain puisque la loi d’orientation sur les mobilités (LOM) prévoit de permettre aux Com’Com’ qui le souhaitent de devenir AOM.
Le futur schéma régional doit contribuer tant à décongestionner les pôles urbains qu’Ã désenclaver les territoires. 500 communes n’ont aucune offre de transport régulière en Pays de Loire. l’accès à la mobilité est un enjeu d’égalité et de justice.
Pour le CESER, le premier enjeu opérationnel est d’aller vers une offre de transports unifiée à l’échelle régionale. l’articulation entre les réseaux de transports est primordiale afin d’éviter d’aboutir à une offre morcelée, complexe et inefficace.
Le second enjeu opérationnel est l’évolution profonde du mix de transport au niveau régional (transports collectifs mais aussi mobilités actives et mobilités partagées). Il convient prioritairement d’aménager le territoire afin de limiter les déplacements, d’adapter les infrastructures aux évolutions démographiques et au changement climatique et enfin de se saisir des évolutions technologiques.
Le troisième enjeu porte sur les finances des collectivités et des entreprises. Le financement de la nouvelle offre doit être avant tout couvert par la hausse des fréquentations ce qui ne veut pas forcément dire une hausse des tarifs !
Enfin le CESER préconise d’engager une réflexion avec les entreprises (télétravail) et les établissements d’enseignement pour écrêter les pointes. [Ndlr : ces pointes de trafic pénalisent tout le monde, les Nantais par exemple, mais aussi les ruraux qui doivent aller à Nantes].
Favoriser l’attractivité des transports collectifs
Pour le CESER, l’attractivité des transports collectifs doit d’abord passer par la fiabilité.
puis par le confort : le confort des trains et des lieux d’attente, sécurité des voyageurs, présence humaine en amont et tout au long du déplacement.
et une tarification simple et attractive
et la mise en accessibilité du transport collectif pour les personnes à mobilité réduite.
Un travail de communication et de sensibilisation demeure indispensable.
Le CESER note que les déplacements domicile-travail ne représentent qu’un quart de l’ensemble des déplacements en Pays de Loire (23%). La mobilité concerne donc une part très importante des besoins des habitants.
La mobilité est tout d’abord indispensable pour l’accès aux droits puisque pour la plupart des démarches administratives, il faut se déplacer. Cela est encore renforcé par la fermeture de nombreuses antennes de proximité des services publics.
Les problématiques de mobilité se posent également pour l’accès aux soins, particulièrement dans le cadre de l’élargissement des déserts médicaux.
l’alimentation et l’accès aux loisirs et à la culture demandent également un accès à la mobilité, particulièrement dans les zones les moins denses démographiquement.
Le CESR relève trois freins à la mobilité : le manque de fiabilité, les temps de parcours et les difficultés pour acheter des billets.
désenclaver les territoires
La faiblesse voire l’absence d’offre de transports collectifs est une problématique majeure pour le développement des territoires ruraux et périurbains.
Cette problématique a été identifiée par la Région des Pays de la Loire dans le cadre de son « pacte pour la ruralité » adopté en 2016. Elle prévoit dans ce dernier de « garantir qu’Ã la fin du mandat, toutes les communes des Pays de Loire bénéficient d’une offre de transport en commun » qui peut être « une ligne régulière, du transport à la demande ou autre ». Les questions de mobilité en milieu rural sont également abordées par le Gouvernement dans l’agenda rural qu’il vient d’adopter en septembre 2019. Encore faut-il étudier les horaires et les fréquences, particulièrement en heures creuses. l’absence de transports pendant les heures creuses sur certaines lignes peut être rédhibitoire pour les utilisateurs potentiels.
Tarifs et articulation
Le CESER plaide pour tarifs attractifs et accessibles pour tous, tout en tenant compte des capacités de financement de la collectivité. « L’exemple de la Loire-Atlantique montre qu’une action sur les tarifs, couplée à une action sur l’offre, peut avoir d’excellents résultats. Ainsi, la tarification à 2 euros le ticket, lancée il y a 6 ans, avait permis en quelques mois de doubler la fréquentation des bus départementaux. Par exemple la ligne Saint-Nazaire-Bouvron-Châteaubriant avait connu une augmentation de 779%. Grâce à cette hausse globale de fréquentation, le taux de couverture par les recettes n’a pas été dégradé puisqu’il s’élevait à 18% avant le transfert à la Région, soit un taux supérieur à celui d’autres départements ».
Il y a actuellement 22 autorités organisatrices des mobilités dans la région des Pays de Loire, chacune au sein de son périmètre territorial. Avec la loi LOM cette problématique pourrait être étendue à l’ensemble des intercommunalités puisqu’elles auront la possibilité de devenir autorité organisatrice des mobilités (AOM).
Le manque d’articulation est particulièrement patent dans le domaine de la billettique et de la tarification. Pour les transports scolaires, la problématique du morcellement est encore plus prégnante. Le CESER plaide pour une meilleure articulation des offres et pour l’information commune permettant ainsi aux voyageurs de disposer sur un même site des informations sur tous les réseaux de transport présents en région.
Le rapport du CESER peut être consulté ici :
voir le site mobilite
Ecrit le 5 février 2020
Le baromètre des mobilités
Le premier baromètre des mobilités du quotidien publié par la Fondation Nicolas-Hulot, révèle les disparités territoriales mais aussi sociales liées à la question des déplacements. Ce rapport pointe le « carcan dans lequel les Français sont enfermés ». Plus d’un sur deux n’a ainsi pas le choix de son mode de transport. Pour leurs déplacements du quotidien, 55 % des Français estiment ne pas avoir la possibilité de choisir. Et plus de huit Français sur dix (84 %) se servent tous les jours de la voiture.
En outre, « le coût des déplacements constitue le premier obstacle à la mobilité pour un Français sur deux, tous territoires confondus, et pèse en premier sur les plus modestes », observe la Fondation. Ainsi, le budget mensuel moyen alloué aux déplacements est considéré comme « élevé » pour deux tiers d’entre eux, en particulier pour les habitants des communes rurales. Dans les zones rurales, une personne sur quatre déclare ne pas sortir de chez elle, plus de deux à trois fois par semaine. Afin de faire évoluer la situation, la Fondation estime que « les communes ont un rôle à jouer ».