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Ecrit le 10 mars 2004
Sauver le latin et le grec
A la rentrée 2004, l’enseignement du grec et du latin risque de disparaître de la quasi totalité des lycées (et bientôt des collèges) de France, avant même que soient pris en compte les résultats du « Grand débat pour l’avenir de l’école »
Des recteurs fixent arbitrairement des effectifs minima en seconde, et rayent d’un trait de plume les élèves qui choisissent pour leur plaisir et leur culture les options facultatives (latin, grec, russe, allemand, espagnol et options artistiques)
Au mépris du devoir national d’instruction publique, les options seront regroupées dans quelques lycées, privilégiant les élèves de centre-ville aux dépens de ceux des périphéries et des campagnes.
Pourquoi ?
« La rentabilité, les économies », dit le discours officiel. Les ministres défendent une politique purement gestionnaire et comptable de l’Éducation nationale, organisant la transformation du savoir en marchandise, cédant à la mode du moment, privilégiant la rentabilité immédiate (au service des entreprises) en déniant le droit pour tous à l’éducation et à la culture.
Quelles conséquences ?
On va priver les élèves d’un enseignement qui favorise la rigueur, l’exigence et l’effort, qui permet de mieux apprendre la langue française par l’étude de la syntaxe et la maîtrise du vocabulaire.
On va priver les jeunes d’une approche historique et esthétique de la littérature, des arts plastiques, des sciences humaines (philosophie, histoire et archéologie), puisque l’Antiquité, qui a livré les œuvres fondatrices de ces disciplines, est une référence majeure et un héritage constamment interrogé.
On va priver l’université de chercheurs et d’enseignants capables d’étudier et d’expliquer notre patrimoine culturel. On tarit même dès cette année le vivier, puisque le CAPES de lettres classiques de 2004 est amputé, par rapport à l’année 2003, de 25 % des postes.
(communiqué de l’association des professeurs de français
et langues anciennes)