Ecrit le 2 mai 2013
Saffré s’effondre ? le rapport Calligée
Des terrains qui s’affaissent ou effondrent, des eaux qui disparaissent et reparaissent. Un mauvais génie à Saffré ? Ou bien est-ce de la faute des pompages d’eau effectués pour l’alimentation en eau potable (AEP) qui concerne en partie la commune de Châteaubriant.? Le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau Potable de Nort-sur-Erdre (44) et la municipalité ont voulu le savoir et la société CALLIGEE est intervenue à partir d’avril 2011, pour délimiter des zones à risques sur la commune de Saffré, car certains habitants de la commune, représentés par l’association « Saffré Zone Rouge » estiment que ces effondrements ont augmenté ces 20 dernières années, et seraient en lien avec l’exploitation de l’aquifère du Bassin de Saffré. piézométrie, essais de pompage, essais de traçages, jaugeages, suivis thermiques : le résultat de l’étude Calligée est disponible sur le site internet saffre.fr.
En voici des extraits :
Selon le Dictionnaire géographique des communes de 1829, des effondrements étaient déjà connus à Saffré. Un gouffre, existait vers 1850 dans une boucle naturelle de l’Isac, à 100 m au Nord de son cours principal et quelques centaines de mètres au Sud de la ferme de la Chutenaie. Vers 1860 une dérivation de l’Isac a été effectuée pour faire transiter l’essentiel du débit de la rivière par ce gouffre. Celui-ci s’est comblé en partie, avec les alluvions charriés par l’Isac. c’est alors qu’apparut un nouveau gouffre sur le flanc sud de l’ancien ! Alcide Leroux, ancien habitant de Saffré, signale, en 1909, la présence de deux autres gouffres et parle de l’extraction de la chaux à Saffré entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XIXe siècle. Il y avait alors sur la commune une vingtaine de fours à chaux, dont quelques-uns à la Chutenaie. Il signale l’existence de 2 ou 3 grandes excavations entre la Chutenaie et le gouffre, converties depuis en véritables étangs.
Les pertes des cours d’eau traversant le bassin de Saffré constituent la principale source d’alimentation de l’aquifère. Lorsque leur débit des cours d’eau à l’entrée du bassin est suffisant, ces pertes compensent largement les prélèvements AEP (alimentation en eau potable) mais en période de basses eaux pendant laquelle les rivières sont asséchées, les pompages interfèrent directement sur le niveau de l’aquifère qui baisse régulièrement. Ainsi sur la période comprise entre le 19 juin et le 11 septembre 2012, 439 939 m3 ont été pompés dans l’aquifère provoquant une baisse du niveau de la nappe de 3,91 m.
Les effondrements apparaissent généralement en automne au moment de la période de recharge de l’aquifère.
- â–º- Au droit des zones de perte des ruisseaux, il se produit une dissolution très localisée des calcaires du fait des débits qui transitent. Cette dissolution permet l’élargissement des fractures affectant la masse calcaire, ce qui facilite l’écoulement des eaux souterraines en direction de leur exutoire naturel (zone de perte-émergen- ce de l’Isac) ou artificiel (captages AEP) ;
- â–º- Au moment de la recharge de l’aquifère, il y a remontée très rapide du niveau de la nappe (En 2012, celle-ci est remontée de plus de 6 m en quelques jours). L’eau qui s’engouffre dans le réservoir calcaire en partie vidé au cours de l’été, prend la place de l’air qui occupait les différentes voies d’écoulement dénoyées.
- â–º l’air cherche à s’échapper vers la surface. La couverture meuble se trouve déstructurée. Une fois l’air expulsé, l’effondrement se produit. c’est donc le phénomène de recharge très rapide de l’aquifère qui est à l’origine des effondrements. Il s’agit d’un phénomène naturel qui se trouve amplifié du fait de l’exploitation de la ressource en eau pour les besoins AEP.
Deux pistes sont alors envisageables :
- â—™ - d’une part, mieux gérer l’exploitation des captages en réduisant par exemple les prélèvements en été sur les captages de Saffré (exercice délicat puisque c’est la période où les besoins en eau sont les plus importants) ;
- â—™ - d’autre part, favoriser l’expulsion de l’air en mettant en place dans les effondrements un tube de décompression descendant si possible jusqu’au sommet des calcaires, avant de remblayer.
Les études géotechniques Calligée mettent aussi en évidence au moins deux autres causes pouvant être à l’origine de désordres affectant les habitations :
- - des phénomènes de retrait-gonflement d’argiles (Ã certains endroits il y a des marnes argileuses sur une épaisseur supérieure à 18 m) ;
- - la présence à proximité de la surface de terrains argileux ou marneux peu consolidés (reste à savoir pourquoi !).