Ecrit le 24 janvier 2007
Si je deviens invivable, serai-je jetable ?
Au moment où se termine la maison de retraite de Châteaubriant, divers problèmes suscitent la réflexion de nos lecteurs.
L’un d’eux est celui du droit de mourir dans la dignité : comment exercer ce droit ? Qui prendra la décision d’aider à mourir celui qui le demande ? Un projet propose d’inscrire dans la loi : « Toute personne capable, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable ou placée dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité, peut demander à bénéficier d’une assistance médicalisée pour mourir ».
Un autre problème concerne le maintien en maison de retraite de personnes dites « invivables » : cela se pose actuellement à « La Grande Providence » à Nantes où une personne âgée de 86 ans a été priée de quitter la maison (ce qu’elle n’a pas fait !). Ceci a suscité une réflexion de la part d’un de nos lecteurs (80 ans) :
" Comment appréhender les problèmes posés, dans un établissement collectif, et déterminer le niveau exact qui incite, soit à supporter, envers et contre tout, la fragilité voire les exigences des malades ou des personnes accueillies, soit à user de rigueur et à refuser de les assister au point de les exclure physiquement ?
Les contrats les plus élaborés ne peuvent résoudre ce qui est d’abord et avant tout un problème humain [...]. Et si, un jour, je devenais moi-même « invivable » pour mon entourage, familial ou social, est-ce que je ne risque pas d’être tout simplement « jetable » ? L’octogénaire que je suis s’en inquiète. Sereinement mais fermement.
Et j’élargis ma réflexion en me demandant si les générations responsables, actuellement, de la société, sont suffisamment conscientes d’un avenir pourtant proche : dix, vingt ans ... c’est quoi ?
Le sexagénaire d’aujourd’hui prépare-t-il son vieillissement si vite venu ? Porter des friandises aux seniors le jour de l’an est-il suffisant ?
Comment développer une véritable politique du 3e âge ?
Nul n’ignore que les besoins d’accueil et l’allongement rapide de la vie humaine - déjà bien connus - vont être dramatiques dans très peu d’années. Le problème posé à l’actualité nantaise, par l’affaire évoquée, est plus qu’un clignotant :
c’est un signal d’alarme. "