Ecrit le 15 août 2012
Un homme discret et généreux
Emile Savary était le président de la Mission Locale Nord-Atlantique. Il est décédé brutalement le 28 juillet 2012, à l’âge de 66 ans, à la suite de quelques mois de maladie, prouvant ainsi, une fois de plus, qu’une vie saine ne protège pas de la maladie ! Après l’émouvante cérémonie d’adieu, JL Dornier, directeur de la Mission Locale, témoigne :
« Les personnes qui sont venues à cette belle cérémonie auront, sans doute, découvert la richesse intérieure de cet homme discret et généreux. En sept années de collaboration, Emile fut pour nous un soutien sans faille quels que soient les aléas de l’environnement. Homme de conviction, son mandat de président de la mission Locale était pour lui l’opportunité de s’engager pleinement pour la cause des jeunes auxquels notre société laisse souvent une place peu enviable. s’il en était besoin, sa volonté de nous verser les fonds recueillis lors de ses obsèques est un témoignage fort de sa foi dans cette cause. c’est pour nous une grande responsabilité d’en faire bon usage, mais nous le ferons volontiers en son honneur et parce que nous l’aimions ».
Emile Savary était maire de Treillières, ville qu’il traversait habituellement à vélo pour se rendre à la mairie. Fils d’agriculteurs, très sensible aux injustices et aux inégalités en tous genres, il savait l’importance de l’Education Populaire : il eut l’occasion de le prouver en étant animateur départemental puis permanent national de l’association Culture et liberté.
Membre du Parti Socialiste, par conviction et non par carriérisme, Émile Savary s’engagea dans l’action municipale d’opposition à Treillières où il fut d’abord élu minoritaire avant de devenir maire en 2001 et d’être réélu en 2008. (ce qui ne l’a pas empêché de parrainer le candidat ouvrier Philippe Poutou aux dernières présidentielles)
« Elu local, c’est une fonction qui repose sur des convictions » disait-il en complétant « on s’engage parce qu’on a envie d’être acteur ». Face à des dossiers complexes, humainement, financièrement, techniquement, Emile Savary écoutait beaucoup avant de décider. Sa modestie et sa discrétion étaient reconnues de tous, même s’il n’était pas homme à se mettre en évidence, préférant agir plutôt que paraître.
Sa présidence de la Mission Locale était l’aboutissement d’une longue réflexion à la suite du bouleversement qu’a provoqué la crise de l’emploi. En s’appuyant sur la distinction entre le « modèle éducatif » (le développement personnel a pour finalité l’autonomie) et le « modèle productif » (la formation est un « co-investissement » visant à produire des compétences et qui s’évalue en termes de rentabilité économique), Emile Savary constatait que « la logique économique s’est imposée au point d’occuper tout l’espace de la formation des adultes. () L’emploi est devenu une préoccupation dominante, la formation elle-même est devenue un bien marchand, un produit que des prestataires vendent et que des entreprises, administrations, particuliers achètent. » Émile Savary pensait que les priorités actuelles ne sont pas éternelles et que nous pourrions bientôt vouloir, par exemple, progresser chacun dans la gestion de sa santé ou avoir des élus davantage capables de maîtriser la complexité des collectivités.
Son ouvrage « Formateur d’adultes » mêle étroitement théorie et pratique en éclairant chaque notion présentée (la professionnalisation, les acquis de l’expérience, le parcours individualisé de formation, l’apprentissage par problème) avec des exemples concrets, un test d’auto-évaluation, des repères pour approfondir la réflexion, des propositions de mises en situation pour faire travailler un groupe
Cette capacité d’écoute et de réflexion a beaucoup apporté à la Mission Locale.