Ecrit le 26 mars 2008
Espagnols et Tsiganes
Mardi 18 mars 2008, après-midi, une cinquantaine d’élèves de troisième du collège Arthur Rimbaud de Donges, accompagnés de 5 professeurs, dont Jean-Claude Bonhomme, leur professeur d’histoire, sont venus visiter les vestiges du camp de rétention pour Tsiganes de la dernière guerre, sur le site de la Forge de Moisdon-la-Rivière. Cette visite est incluse dans leur projet de fin de cycle, qui comprend aussi la visite de l’unique camp de concentration nazi en France pendant la seconde guerre mondiale : le Struthof en Alsace
A La Forge, ils ont été accueillis par André Saucisse et Amand Chatellier pour la partie historique de ce camp d’internement pour Tsiganes. Ils sont repartis avec un document d’une soixantaine de pages. Gisèle Piton, des Amis de la Forge, leur a ouvert la Maison de Pays Cette visite a été filmée par Damien Piton de Castelprod, et une vidéo sera bientôt disponible. Le matin, ces élèves, studieux et attentifs, avaient visité Choisel, autre camp, et La Sablière, pour Guy Môquet, sous la houlette de Henri Baron.
13 avril 2008
Dimanche 13 avril aura lieu une cérémonie-souvenir, à la Forge de Moisdon. Le matin la messe de 10 heures sera célébrée par l’évêque en personne, et par Christophe Sauvé aumônier des Gens du Voyage. "
mémoire sera faite des Tziganes et des Espagnols qui ont été internés à Moisdon lors de la dernière guerre mondiale.
Ecrit le 16 avril 2008
Les petits Voyageurs, 66 ans plus tard ...
L’histoire de ce camp est presque totalement oubliée malgré les efforts faits par Jean-René Lalloué (article dans La Mée en 1979) puis par Roger Lorfèvre, André Saucisse (voir le site http://www.moisdon-la-riviere.org/) et le site http://www.chateaubriant.org qui reprend le texte paru dans le livre « Telles furent nos jeunes années ». François Macé en parlera dans « Les Camps de Châteaubriant » et, très récemment, une jeune fille, Emilie Jouand, a consacré un mémoire de 27 pages au camp de La Forge de Moisdon.
Cela conduira-t-il la municipalité de Moisdon à faire un geste (une stèle, une plaque ?) en mémoire de ce camp qui passe pour avoir été un des plus durs de France ?
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Une cérémonie a rassemblé, le 13 avril 2008, des représentants des Gens du Voyage et du Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et de Nantes, en souvenir des Républicains espagnols et des Tziganes internés au Camp de Moisdon. L’évêque de Nantes, Mgr Soubrier, s’est même déplacé pour une messe en l’église de Moisdon et a été présent tout le temps de l’évocation.
Au cimetière de Moisdon, une gerbe a été déposée par deux « Vieux » (ainsi appelle-t-on les Anciens dans la Communauté des Voyageurs), auprès du mur du cimetière, près d’une vieille croix abandonnée, en souvenir des enfants morts au camp de Moisdon. Puis les enfants ont déposé des tulipes et lu un texte disant :
" Aujourd’hui nous célébrons la mémoire des enfants partis pendant cette triste période de l’histoire à Moisdon et ailleurs.
Des enfants du voyage mais aussi des adultes que nous n’oublions pas !
Les gadgé non plus nous ne les oublions pas, qu’ils soient espagnols, français, communistes, juifs, ou autres,
Une victime reste une victime et il n’y en a pas de bonne ou de mauvaise.
Aujourd’hui ils auraient été nos oncles, nos tantes, nos grands parents ou nos voisins.
Nous les petits voyageurs nous avons la chance d’être là , présents, pleins de fougue et de joie de vivre mais nous n’oublions pas ces crimes.
Comme le font nos parents nous continuerons à nous battre pour faire reconnaître ces lieux et cette terrible histoire qui nous a tous touchés et qui est trop souvent niée ou cachée.
Aujourd’hui nous déposons ensemble ces quelques fleurs :
– Pour rendre hommage
– Pour que cette histoire ne se répète plus, pour que les différences entre les cultures soient enfin acceptées, pour que le rejet de l’autre, de celui qui ne nous ressemble pas, n’existe plus,
– Pour faire voir que nous étions là hier à travers nos ancêtres, que nous sommes là présents aujour-d’hui et que nos enfants seront là demain.
– Nous sommes là aussi pour grandir, pour avancer dans la vie, pour ne pas perdre nos identités et pour cela nous avons besoin de cette reconnaissance "
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Dans la halle à charbon le mur est |
Si l’écho de leurs voix
Dans son allocution, Joë l Busson, (dont le père survécut du Camp de Dora-Elrich grâce à la solidarité de camarades déportés allemands qui le soignèrent en prélevant sur le peu qu’ils avaient), met en garde : « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons ». « l’actualité nous apporte, hélas, des exemples de privations de liberté, d’exactions, d’oppressions, de massacres, de crimes racistes, fruits de l’intolérance, du racisme, de la xénophobie, de la négation de la démocratie, de la domination de la loi de l’argent sur les principes d’égalité, de fraternité et de liberté ».
« La construction de la paix entre les peuples ne peut se faire en occultant la responsabilité du nazisme, de ses complices. Parce que les jeunes Allemands ne sont pas responsables des crimes de leurs aînés, parce que les Résistants luttaient contre l’allemagne nazie et non contre le peuple allemand, la »récon-ciliation« n’a pour nous aucun sens. Parler de »réconcilier les mémoires« est dangereux pour l’avenir : c’est refuser de tirer les enseignements de l’histoire et donc exposer les futures générations à de nouveaux périls »
Joë l Busson a donc mis en garde contre l’instrumentalisation de l’Histoire.
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16 avril 2008
Le souvenir des Républicains Espagnols
Le Camp de la Forge, à Moisdon, avait une capacité de 320 places. Les Républicains Espagnols y ont été internés du 13 mai 1939, jusqu’en août 1939. Puis ce furent les Tsiganes du 11 novembre 1940 au 6 mars 1941, puis du 7 juillet 1941 au 15 mai 1942 où le camp comptera jusqu’Ã 425 personnes.
Venue des Asturies, avec sa maman Ramona et ses deux soeurs Paz et Amapola, Odelinda Diez-Gutierrez se souvient des lits de planches installés dans les anciennes halles, sombres et glaciales, où les murs de pierres brutes et le sol en terre battue, étaient humides et insalubres. « Etions-nous internés ? Oui, car je me souviens : il y avait des barbelés tout autour de notre campement et des gendarmes à la porte ». Ces Républicains espagnols, essentiellement des femmes et des enfants, étaient des « Rouges » dont la seule évocation effrayait les Moisdonnais. Au point d’avoir, de nos jours, complètement oublié jusqu’Ã l’existence du Camp de la Forge ?
Réfugiée en France, Ramona Diez ne savait pas où était son mari. Elle envoya cependant un courrier. « Notre lettre a trouvé mon père dans le midi de la France, dans un camp de réfugiés. Plus tard, quand la guerre fut déclarée, il s’est engagé dans l’armée française et est allé sur la ligne Maginot. Un jour il a obtenu une permission pour venir nous voir. c’est ainsi que nous l’avons embrassé une dernière fois. Ensuite il a été fait prisonnier et envoyé au camp de Mathausen, où il est mort en décembre 1941. Il avait 37 ans ». « Vous savez, quand je repense à tout ça, cela me remue encore . » dit Odelinda avec émotion.
23 avril 2008
Les recherches d’Emilie Jouand
Emilie Jouand a contribué au travail de mémoire sur le Camp de la Forge, à Moisdon, en étudiant les archives de la sous-préfecture de Châteaubriant, déposées aux Archives départementales de la Loire-Atlantique.
Partant de la loi française de 1912, s’appuyant sur les mesures d’exclusion des Tsiganes mises en place par les Nazis en Allemagne dès 1933, elle s’intéresse progressivement à la guerre de 1939-1945, révélant, par exemple que, avant d’être internés à Moisdon, les Nomades étaient cantonnés notamment à Derval, Soudan et Juigné-les-Moutiers.
En ce qui concerne Moisdon, Emilie explique qu’il s’agit d’un camp allemand, puisqu’il a été créé par une décision allemande. Mais, cependant, les autorités allemandes mettent tout en œuvre pour que tous croient que ce camp a été créé en vertu d’une décision française ! Cette divergence fait que nul ne prend en charge les frais du camp et que les Tsiganes manquent de tout : nourriture, vêtements et couvertures, bois de chauffage, matériel médical Ces conditions de vie en font sans doute le camp le plus dur de la France dans la période 1940-1942, ce qui provoque souvent la révolte des Tsiganes.
Note du 28 octobre 2009 : Pour ce mémoire, Emilie ouand a reçu obtenu un « Prix Marcel Paul 2009 ».
A propos quand y aura-t-il une plaque commémorative à Moisdon la Rivière ?? ??
Retrouvez cette histoire des camps de la Forge, ici : http://www.moisdon-la-riviere.org/
Autres documents
– Le camp de Montreuil-Bellay :
http://aphgcaen.free.fr/cercle/tsiganes.htm
- http://www.cultures-tsiganes.org/cultures_tsiganes/histoire/histoire_p3.htm
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Les camps de Moisdon-la-Rivière et de Châteaubriant sont cités ici :
http://1libertaire.free.fr/CampMoisdon10.html.
L’histoire des Espagnols :
http://www.chateaubriant.org/spip.php?article76
Quelques éléments sur les Tsiganes :
http://www.chateaubriant.org/spip.php?article514
Deuxième prix Marcel Paul 2009 : Emilie Jouand
http://www.fndirp.asso.fr/internement%20nomade.htm
Les quatre pages de La Mée, à télécharger :
http://www.chateaubriant.org/histoire/camp-de-moisdon.pdf
Un dossier très complet sur « le camp de la Forge » :
http://www.moisdon-la-riviere.org/