Ecrit le 2 mai 2007
« Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas » : le discours est répété à l’envi par N.Sarkozy et repris sur toutes les chaînes de radio et de télévision. Il tient même la place de programme !
Le candidat se réfère sans vergogne à Jaurès, Charles de Gaulle, Jean Paul II. Il ne manque que Jeanne d’Arc et l’Homme de Cromagnon.
Discours
Son discours a du souffle, incontestablement. Il plaide pour :
Le pouvoir d'achat, la moralisation du capitalisme financier, la protection contre les délocalisations, le plan Marshall pour offrir à tous les jeunes de banlieue une formation qui débouche sur un emploi, les écoles de la deuxième chance, la sécurité sociale professionnelle, l'allocation formation pour ceux qui s'engagent à étudier, le droit opposable à l'hébergement, au logement, à la garde d'enfants, Ã la scolarisation des enfants handicapés, la garantie publique pour ceux qui ne peuvent pas emprunter parce qu'ils n'ont pas de relations, pour ceux dont la famille n'a pas les moyens de se porter caution, pour les malades qu'on veut faire payer plus cher parce qu'on considère qu'ils représentent un plus grand risque, la main tendue aux exclus. (discours de Dijon, 23.4.07)
Mais pourquoi ce discours crée-t-il chez l’auditeur une telle gêne ?
Parce que derrière les mots,
il y a les réalités : Le SMIC qui n’augmente pas parce que les patrons (amis de Sarkozy) s’y opposent ; le capitalisme financier florissant des très grandes entreprises qui n’hésitent pas à délocaliser ; les emplois qui n’existent pas ou qui sont opfferts à la tête du client ; les formations qui n’existent pas ou qu’il n’est pas possible d’obtenir ou qui ne débouchent sur rien ;
Parce que derrière les mots,
Il y a les difficultés
le droit au logement qui n’est qu’un mot, comme à Neuilly qui ne respecte pas le quota de logements sociaux.
Le droit à l’emprunt qui est limité par la capacité financière des emprunteurs.
Le droit à l’assurance qui est réduit en cas de mauvaise santé des emprunteurs...
Parce que derrière les mots
Il y a la vérité
Les entreprises, les banques, les sociétés d’assurance sont des organismes privés. L’Etat n’a aucun moyen de leur imposer quoi que ce soit.
Pourquoi faire un beau discours ?
N.Sarkozy manifeste de l’intérêt pour tout le monde : sans papiers, pieds-noirs, harkis, travailleurs pauvres, mères de famille .... Mais sa politique est sans pitié :
Il revendique le droit du travail, mais il veut mettre en place un contrat unique qui s’inspire du CNE - il était d’ailleurs un fervent partisan du CPE - et la « souplesse » qu’il veut accorder au patronat implique toujours plus de précarité pour les travailleurs. Sans compter que, dans le droit du travail, figure un droit de grève qu’il veut restreindre. Héritage du droit du travail ? Menteur !
Pourquoi faire un beau discours ?
N.Sarkozy revendique l’héritage de la sécurité sociale, mais veut mettre en place une franchise qui sape les fondements de l’assurance-maladie solidaire, pour privilégier la protection sociale privée. A laquelle bien-sûrn’auront droit que ceux qui peuvent se l’offrir. Héritage de la sécurité sociale ? Deux fois menteur !
Pourquoi faire un beau discours ?
N.Sarkozy, sans cesse, exhorte à « travailler plus » ! C’est bien ce que souhaitent des millions de salariés qui voudraient bien un temps complet ! C’est bien ce que souhaitent des millions de salariés qui font des heures supplémentaires non rémunérées.
Pourquoi faire un beau discours ?
La logique libérale, qui est celle de N.Sarkozy, considère la main d’œuvre comme une variable d’ajustement, comme une charge et non comme une richesse... c’est ce qui explique les licenciements à répétion.
Je ne vous trahirai pas
« Je ne vous mentirai pas », promet N.Sarkozy dans sa profession de foi
Comme quand il a dit que les jeunes morts dans le transformateur de Clichy-sous-bois n’étaient pas poursuivis par la police ? Comme quand il a annulé sa visite à la Croix-Rousse soit-disant à cause d’un retard de l’avion ? Comme quand il a dit qu’il y avait 100 000 militants porte de Versailles et que son livre témoignage avait vendu 400 000 exemplaires ?
« Je ne vous décevrai pas »
Voilà sa deuxième promesse.
Comme lorsqu’il a promis de publier son patrimoine personnel ? De produire les factures de son appartement de l’île de la Jatte ? Comme quand il a fait le bilan de son action, tant aux Finances qu’Ã l’Intérieur ?
« Je ne vous trahirai pas »
achève-t-il ensuite solennellement.
Comme quand il a promis de ne jamais privatiser GDF ? Comme quand il a trahi Chirac pour Balladur ? Comme quand il a invité les Sans-papiers à se présenter pour régularisation, avant de rejeter arbitrairement leur dossier pour les expulser ?
En vérité, le Sarkozy qui se présente aujourd’hui à nos suffrages fera exactement le contraire de tout ce qu’il a toujours fait. Promis. Il a changé, qu’il vous dit. Pour le croire, l’électeur est-il donc un gogo ?
(source partielle : http://olivierbonnet.canalblog.com/)
Mensonges
Le discours de Sarkozy procède par répétitions et phrases assénées au mépris de la vérité.
Mensonge quand il dit : « cette gauche qui prétend défendre les services publics mais qui ne prend jamais les transports en commun ».....
Mensonge quand il dit : « cette gauche qui signe des pétitions quand on expulse des squatters mais qui n’accepterait pas que l’on s’installe chez elle » ....
C’est quoi « la gauche » pour Sarkozy ? La gauche, c’est les travailleurs, ceux qui justement prennent les transports en commun (quand il y en a). La gauche c’est les communes qui construisent des logements sociaux. Comme à Clichy-sous-bois ... tandis que la droite, à Neuilly par exemple, refuse justement cette mixité sociale.
Le discours de Sarkozy, il faut le lire pour comprendre l’ampleur de la manipulation démagogique.
Peut-être que cette démagogie va faire gagner Sarkozy. Mais la France, alors, n’a pas fini de souffrir. Bizarrement, on n’entend plus parler du chiffrage des innombrables promesses de Sarkozy. On n’entend plus que ses incantations « je veux réduire la dette » « je renforcerai la présence des services publics dans les quartiers et en milieu rural » « je ferai en sorte que vous puissiez tous être propriétaires de votre logement ». Paroles, paroles... promesses destinées à le faire élire.
On nous dit : « n’attaquez pas Sarkozy, cela ne sert à rien ». Cela sert au moins à poser des jalons pour l’avenir. Le Pays ne se rend pas compte à quel point l’homme est un dangereux populiste. Plus dure sera la chute ....
L’UMP de bas en haut
A l'UMP, nous accomplirons ce que nous promettons. Seuls les imbéciles peuvent croire que nous ne lutterons pas contre la corruption. Parce que, c'est certain pour nous: L'honnêteté et la transparence sont fondamentales pour atteindre nos objectifs. Nous démontrerons qu'il est stupide de croire que les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé. Nous assurons, sans l'ombre d'un doute, que la justice sociale sera le but principal de notre mandat. Malgré cela, il y a encore des innocents qui s'imaginent que l'on puisse continuer à gouverner avec les ruses de la vieille politique. Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d'influences nous ne permettrons d'aucune façon que les jeunes générations en pâtissent nous accomplirons nos desseins même si les réserves économiques du pays se vident complètement nous exercerons le pouvoir jusqu'Ã ce que vous aurez compris qu'Ã partir de maintenant nous sommes avec Nicolas Sarkozy, l'homme de "la rupture tranquille".
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débat sur le débat
Le débat provoqué par ségolène Royal avec François Bayrou a foutu un coup de pied dans la fourmillière électorale. Sarkozy a essayé de l’empêcher, estimant que les Français ne devaient plus entendre que les deux candidats finalistes. déjà qu’on n’a pas eu de débat public avant le 1er tour, fallait-il réserver l’expression aux deux seuls qualifiés ? Le débat sur le débat a pourri la semaine de Sarkozy et l’a obligé à se trouver sur le défensive.
Le Syndicat National des Journalistes, Premier syndicat français de journalistes, déclare dans un communiqué :
" Avec le pitoyable feuilleton du débat [presque] empêché entre ségolène Royal et François Bayrou, les médias se trouvent une nouvelle fois au cœur d’une des bavures majeures de la campagne électorale. (...)
L’arithmétique pointilleuse du CSA d’un côté, le poids des sympathies auprès du candidat Sarkozy de l’autre, font que le devoir d’informer subit une entrave insupportable dans une démocratie comme la nôtre.
Les concentrations excessives dans la presse française ; les amitiés particulières entre le monde politique et les directions des médias ; la façon dont sont nommés les membres du CSA, jettent la suspicion sur tout un secteur professionnel et constituent une atteinte directe au droit légitime des citoyens d’être correctement informés. « Le SNJ, premier syndicat chez les journalistes, dénonce avec vigueur ce déni de démocratie. » Cette situation le conforte dans sa lutte pour une véritable indépendance des médias, des équipes rédactionnelles, et l’inscription dans la Constitution du droit à une information honnête, complète, pluraliste et indépendante des pressions politiques. "
le 27 avril 2007