Ecrit le 6 mars 2013
Ce sont de gens formidables, savez-vous ? Ils sont un jour tombés dans l’alcool comme Astérix dans son chaudron magique. Mais ce chaudron s’est vite révélé infernal. La maladie s’est installée, a grignoté toute leur vie, leur dignité, leur travail, leur vie de couple, jusqu’à ce qu’une main secourable les aide à sortir de là . Et maintenant ils militent à Vie-Santé-Libre, à leur groupe d’entraide pour aider les autres, et participent à leurs activités. Dans ce cadre, une journée de réflexion a eu lieu le 16 février à Louisfert, avec une quarantaine de personnes, autour de questions : pourquoi et comment sommes-nous devenus malades alcooliques ? Comment se soigner ? Comment réagir face à la rechute ?
Pourquoi, comment ?
Pour certains, le piège a pris un masque festif, les copains du week-end, les collègues de travail. « Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres ... » dit la chanson.
Pour d’autres, l’alcool est une tradition familiale : « chez nous, on a toujours bu ». Alors on boit, tout petit, et c’est l’engrenage.
Pour la plupart, l’alcool accompagne des accidents de la vie : le chômage, la retraite, l’invalidité, le divorce, un deuil, l’angoisse de sentir qu’on n’est plus comme avant. Alors vient, avec l’alcool, l’illusion de devenir plus fort pour affronter les difficultés.
Se soigner
Pour se soigner, il y a un impératif : reconnaître sa maladie, oser en parler ! Alors il existe des aides médicales : sevrage, post-cure, etc. Mais cela ne saurait suffire car les occasions de rechute sont légion. A commencer par la famille, les copains !
La meilleure solution : rejoindre une association, un groupe d’entraide, y rencontrer des personnes toutes différentes mais unies par une expérience commune, ayant traversé des passages difficiles. C’est le lieu pour parler librement, pour se faire de « bons amis » après avoir perdu les copains de boisson.
Rechute
Comme dans toute maladie, la rechute est possible. Ne pas la prendre comme un échec. En parler au groupe d’entraide, pouvoir être écouté sans être condamné, dans le respect de chacun et la confidentialité. Quelquefois la rechute est un déclic, la découverte des causes profondes du mal-être. Il sera peut-être nécessaire de revenir à la case départ (sevrage, post-cure, etc) mais il est rassurant de découvrir qu’il s’agit d’une rechute sur un chemin montant vers la liberté.
Envies folles
Un élément particulier de la rechute : l’envie folle. Comme dans un tourbillon, le malade ressent une envie folle de boire. Boire encore une fois. Espérer encore une fois que l’alcool est une bonne chose. L’alcool euphorie, l’alcool plénitude. Cette folle envie est rarement une pulsion, plus souvent un acte planifié, comme un suicide organisé. C’est alors que le groupe d’entraide est un appui précieux : trouver quelqu’un à qui parler, quelqu’un qui comprend sans juger, qui tend la main pour échapper à la fascination du tourbillon ...
Entraide
Dans le groupe d’entraide, les personnes peuvent donner leur témoignage (si elles le veulent !) : c’est toujours une source de réflexion pour les nouveaux adhérents et même une occasion de remise en cause pour les anciens, l’occasion d’entendre des remarques constructives, des informations diverses sur la maladie, de savoir qu’on n’est pas tout seul, et qu’il y a de multiples voies pour sortir de là . Pour les conjoints, c’est un élément d’espoir.
Le groupe d’entraide devient alors une seconde famille, un soutien, une motivation vers cette abstinence totale nécessaire et heureuse.
Convaincre
Avec l’abstinence, tout change : l’attitude, la parole, la gestuelle. On ressent fierté, crédibilité, joie de vivre. On est mieux dans sa tête tout en restant prudent pour éviter de tomber dans l’excès de confiance qui peut conduire à baisser la garde !
Je vous le dis : ces militants et adhérents de Vie-Santé-Libre sont des gens formidables.
signé : BP
Contacts :Maurice Eveillard (02 40 81 07 23),Maurice Chaillot (02 40 81 39 35),Maryline Lavague (02 40 55 28 05)