Ecrit le 9 avril 2014.
Ouvert sur un quartier, avec des activités organisées, et un accueil informel, le local de l’association Rencontres est fréquenté chaque semaine par quelque 80 personnes, enfants, adolescents, femmes, il est donc un lieu privilégié d’observation de la vie de ce quartier et en particulier des jeunes. Dans son rapport d’activité 2013, l’association (et notamment l’animateur référent à la jeunesse), a analysé les choses pour pouvoir proposer un accompagnement adapté aux nouvelles problématiques.
Plusieurs constats sont apparus :
- - un discours confus autour de l’islam : « il a été très difficile de comprendre ce dont les jeunes parlaient exactement : entre une pratique de l’islam dans le lieu de prière, entre des regroupements en dehors dont les finalités ne nous étaient pas explicitées clairement, des voyages à Paris ou Nantes avec quelques adultes pratiquants pour aller à la rencontre d’autres pratiquants, le discours de la part des jeunes ne ressemblait pas à une pratique religieuse mais semblait refléter des discussions d’ordre plus général sur la société, sur » comment être musulman aujourd’hui, au 21e siècle, en Occident ? « . Ces discussions nous paraissaient être plus de l’ordre du politique. Depuis quelques mois, elles ont disparu. Nous n’avons pas trouvé d’adultes dans la communauté Turque pouvant nous éclairer de manière objective sur ce sujet ».
Questions d’identité
- - questions d’identité : pour les jeunes d’origine turque, on retrouve, depuis des années, les mêmes problématiques. « Les questions identitaires sont d’au moins deux ordres mais étroitement liées. Tout d’abord, leur rapport entre la France et la Turquie. Il leur est souvent difficile de se positionner. Si le discours peut-être radical » j’suis turc ", il est tout de même empreint de doute. Les jeunes se sentent aussi français.
- Mais un autre problème apparaît qui ne leur permet pas d’être sereins dans leur positionnement identitaire et dans le fait d’assumer leur double culture : les jeunes ressentent très clairement et unanimement un manque de reconnaissance de la part des adultes de leur environnement. Ils ne trouvent pas de place dans la société et à Châteaubriant. Ils se restreignent au quartier, se confortant dans un périmètre connu et rassurant. Ils ne connaissent que très peu les infrastructures castelbriantaises, les fréquentent mais ont souvent besoin d’être accompagnés pour différentes démarches. Beaucoup ressentent un regard pesant sur eux, le traduisant par un racisme. Ce manque de reconnaissance, les jeunes le ressentent dans leurs pratiques, qu’elles soient scolaires ou extrascolaires. Pourtant, certains s’épanouissent dans des activités et y trouvent un équilibre. Leur ressenti sur certains faits prend alors souvent le dessus sur une réalité plus complexe ".
- - Le local est fréquenté principalement par de jeunes garçons. Les jeunes filles ne viennent qu’occasionnellement et de manière informelle. Elles viennent pour certaines activités (aide aux devoirs, stages) mais ne côtoient pas les animations culturelles mises en place au local. « Nous constatons peu de contacts entre les jeunes garçons et les jeunes filles. Si les uns ’’occupent’’ les lieux, les autres ne viennent pas. Notre local étant petit, nous avons donc peu d’occasion de les réunir en pouvant de temps en temps avoir des salles d’activités différentes ».
- - « Les jeunes sont faciles à mobiliser. Ils sont volontaires et souhaitent participer pour peu qu’on leur demande. Ce sont des jeunes que l’on a connu enfants. La relation de confiance est établie et c’est une génération qui s’implique plus facilement dans les actions de l’association. Ils sont très respectueux des animateurs, des locaux et du matériel ».
déscolarisation
- - « Nous voyons de plus en plus de jeunes garçons, à partir de 16 ans, déscolarisés. Ils ne finissent pas leurs études professionnelles ou d’apprentissage. Nous constatons des jeunes débordant d’énergie, ayant beaucoup de mal à se concentrer. De plus, ils nous parlent d’incivilités fréquentes à l’école, envers les équipes encadrantes. A contrario, au local, nous ne constatons que très peu d’incivilités et de comportements » déviants « (pas de pratiques addictives). Nous constatons également, au fil des discussions, que les jeunes manquent de repères solides pour fonder une réflexion ».
Suite à ces constats, l’association a adapté son fonctionnement :
- - une présence quotidienne
- « Nous sommes régulièrement sollicités par les jeunes pour divers accompagnements : choix de stage, choix d’orientation, écriture d’un CV ou de lettre de motivation, prise de rendez-vous avec des structures type Mission Locale, avec des entreprises, pour favoriser leur mobilité, mais aussi pour aborder leurs problèmes familiaux, scolaires »
- - une jeunesse à la Ville aux Roses
- L’association a souhaité aborder le thème ’’être jeune dans un quartier et les relations garçons-filles’’. Pour cela, elle a travaillé avec l’association Tissé métisse de Nantes. Après plusieurs temps de réflexion collective, une journée de rencontre (mixte), a été organisée avec de jeunes Nantais, d’échanges et de prises photographiques. Les jeunes ont livré leurs impressions sur la vie dans le quartier, les relations intergénérationnelles, les liens filles-garçons. Une exposition photographique a été réalisée « la vie en rose regards de jeunes habitants sur leur quartier », présentant des portraits de jeunes filles et de jeunes garçons de Châteaubriant.
Cette exposition valorisant la parole des jeunes et se donnant pour objectif de refléter une réalité de la jeunesse populaire, a été installée au festival Tissé métisse le 14 décembre 2013 à la Cité des Congrès de Nantes. Elle sera au 1er semestre 2014 au local de l’association.
- - des parcours scolaires chaotiques :
- « Depuis 2012, nous voyons des jeunes en difficulté scolaire ou en cours de déscolarisation venir à l’association pour discuter, demander des conseils ou un accompagnement dans des démarches administratives ». A plusieurs reprises, l’animateur travaillant principalement avec les jeunes a été contacté par des professeurs ou principaux de collèges ou lycées pour servir de médiateur entre l’élève et sa famille.
- Depuis 2013, certains de ces jeunes ont quitté l’école et se retrouvent à venir au local de l’association de manière quotidienne. Cet espace leur permet d’y trouver des ressources pour discuter, pour les accompagner dans diverses démarches. « Mais le nombre de jeunes augmentant et leur situation ne s’améliorant pas (pas de nouvelles orientations, pas de travail, ) nous nous trouvons dans une difficulté pour répondre à leur demande d’insertion professionnelle ou de mieux être dans leur quotidien ».
En décembre 2013, un travail a été enclenché avec eux pour comprendre leur rapport aux savoirs et analyser les difficultés que peuvent rencontrer des jeunes issus de l’immigration et de milieu populaire. Ceci afin de les aider à faire un point sur « là où ils en sont », les compétences déjà acquises et surtout leur permettre de prendre la parole. « De plus, cela nous permet de comprendre les situations complexes liées au décrochage scolaire afin d’adapter notre travail d’accompagnement à la scolarité » dit l’association. (suite --->)
Ce dernier point a été abordé lors du comité de pilotage avec l’ADLI (agent de développement local et d’intégration) et va être l’occasion d’un diagnostic partagé sur le processus de déscolarisation.
Groupe de jeunes
Quatre types d’accompagnement de groupes ont été réalisés en 2013 :
- - aide à l’organisation d’une sortie : six jeunes ont été accompagnés pour organiser une sortie dans une destination de leur choix : constitution du groupe, choix du lieu, prise de contact, réservation, location du véhicule. La sortie s’est faite avec le groupe constitué. Nous avons remarqué un enthousiasme à découvrir d’autres univers.
- - aide à la création musicale : l’animateur a accompagné deux jeunes dans la création d’un spectacle (création, répétitions). Ces jeunes pratiquent la musique et l’écriture depuis plusieurs années et souhaitaient que leur travail prenne la forme d’un concert. L’animateur s’est chargé des relations avec les structures associatives organisant des festivals. Ainsi en 2013, ce groupe a pu faire deux concerts : au festival JOVA d’Angers et au festival Tissé métisse à la Cité des Congrès de Nantes. En 2014, d’autres concerts sont prévus.
- - formation d’un groupe pouvant être autonome au studio : l’animateur a formé six jeunes pouvant être désormais autonomes dans l’enregistrement musical. Ces jeunes s’organisent pour leur propre création mais sont aussi référents pour l’enregistrement en direction d’autres jeunes. L’animateur intervient encore ponctuellement pour répondre à leurs questions. En 2014, cette action de formation sera renforcée afin de permettre une complète autonomie.
- - accueil de stagiaires : ne pouvant pas répondre à toutes les demandes, nous avons accueilli deux stagiaires en fin d’année. Pour les autres, nous les avons réorientés et accompagnés vers d’autres structures.
Au jardin des Lilas
Depuis mars 2013, une quinzaine d’enfants du quartier de la Ville Aux Roses, malgré l’éloignement, se sont inscrits pour jardiner et participer aux activités artistiques au Jardin des Lilas (impasse de Lilas, en bordure de Chère). Un groupe de cinq bénévoles et une animatrice ont organisé tous les mercredis ces séances centrées sur la découverte des légumes, des plantes aromatiques, le jardinage en carré et la permaculture. Les ateliers d’arts plastiques étaient eux centrés sur une pratique du Land Art. Les enfants sont très motivés et fidèles à cette activité « Lilas »
L’investissement des bénévoles est important. La présence à la foire de Béré (40 000 visiteurs chaque année) est une réussite, beaucoup de monde s’intéresse au jardinage en permaculture.
Pour l’année 2013/2014, l’équipe des jardins des Lilas souhaite rencontrer des équipes pédagogiques des écoles pour travailler sur un projet commun autour du jardin.
Contact : 02 40 81 16 50