Ecrit le 23 avril 2014
Arrestation ... méprise ... libération
Le 31 mars 2014, à 6h du matin, Louis B, 22 ans, originaire de Retiers, aurait aimé que ce soit un poisson d’avril en avance quand il a vu trois gendarmes arriver chez lui. Mais tout comme les huit autres personnes arrêtées ce jour-là , il a dû se rendre à l’évidence, ce n’était pas une blague mais plutôt un bon coup de filet pour faire peur à ceux qui luttent.
Louis a connu la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes par une agricultrice défendant les terres notamment au sein de la Confédération paysanne. Charpentier de formation, il a participé à la construction de cabanes, c’était sa principale façon de lutter. Il fut un maillon de la Chaîne Humaine mais manifester à Nantes contre l’aéroport c’était une première pour lui, le 22 février 2014. Bref, Louis n’était pas un professionnel des manifs et encore moins des Black bloc.
Mais alors pourquoi cette arrestation ? Louis ne comprend toujours pas. Il est arrivé tard à la manif, il était donc en queue de manif. En gros ce qui avait d’être cassé l’était déjà quand il avançait. Comme tout le monde, il est allé voir ce qui se passait quand il a vu des lacrymos et des mouvements de foule. Il est parti vers 17h30 content de sa journée.
Pourtant quand les shérifs du 21e siècle débarquent chez lui c’est en l’accusant de « violence avec arme sur représentant de l’ordre » et « dégradations ». Ils ont un mandat de perquisition, prennent son ordinateur, son téléphone et cherchent des vêtements, ceux qu’il avait à la manif. Ils ne trouvent rien. Alors armés et équipés de gilets par balle, ils emmènent Louis à plus de 190 km/h. Il faut dire qu’il y avait urgence : montrer aux méchants militants qui qu’c’est qui commande là d’dans !
Novice de la garde à vue, Louis prend un avocat commis d’office qui fait office, qui se tait et ne sert juste à rien. Louis est bien démuni, seul et impressionné par la mise en scène des gendarmes. Ils disent le surveiller depuis deux semaines, avoir des photos de lui en train de jeter des choses sur leurs collègues et des traces ADN sur une bock de bière. Ils ne lui montrent qu’une seule photo où l’on voit quelqu’un à peu près de sa taille.
Malgré le ton menaçant des représentants de l’ordre, son réveil un peu brusque, il continue à réfléchir : « Comment vais-je leur montrer que ce mec à capuche n’est pas moi ? Comment vais-je leur démontrer que j’ai bu une canette de bière mais que je ne l’ai pas lancée ? ». Il en viendrait presque à se culpabiliser d’avoir bu une bière entre amis...
Il finit par se rappeler qu’il avait pris des photos avec son téléphone portable lors de la manif. « Avec un peu de chance, c’était au même moment que la photo du mec qui serait moi. » Pas loupé, à quelques minutes près, il prenait une photo avec ses amis alors qu’il était censé être violent envers les CRS. « OUF ! Sauvé ! » Les protecteurs de l’ordre lui signifient qu’il est de nouveau « libre », grâce à son portable ! Par contre, finis les 190 km/h pour rentrer chez lui, il doit se débrouiller, et sa journée de travail non payée ?... Il devrait s’estimer heureux de ne pas finir en taule. Non ?
Malheureusement, parmi les neuf arrếtés, un autre seulement a eu la même chance que Louis. Cinq passaient en comparution immédiate le 1er avril, trois prenaient de la prison ferme, et un « vieux » militant prenait quatre mois de sursis. Deux mineurs seront déférés devant le juge pour enfants. La question est : « Qu’en aurait-il été s’ils avaient pris des photos lors de la manif ? ». Voilà à quoi tient une condamnation à de la prison ferme. La vie tient à peu de choses....
signé : PL