Ecrit le 16 septembre 2015
Messidor, une animation territoriale
Nous avons de la chance à Châteaubriant avec la présence du théâtre Messidor sur notre territoire. Il est un important élément d’animation territoriale. Animation, au sens de « animer », faire bouger. Faire bouger les spectateurs bien sûr, mais surtout faire bouger tous ceux qui ont quelque chose à dire. C’est ainsi que cette troupe draine chaque année plus d’une centaine de personnes qui s’investissent pour ’’jouer’’ : le spectacle de Noë l, l’évocation historique de la Sablière, la poésie de René Guy Cadou, la saveur des textes de Guy Le Bris ou Jean de la Fontaine ou même la présentation des savoir-faire d’une entreprise. Tous trouvent auprès d’Alexis Chevalier et Christine Maerel, une écoute, une mise en forme, des conseils de mise en scène ... et des encouragements !
Tout ceci est très important mais ne saurait faire oublier qu’une troupe professionnelle a, d’abord, une volonté de création.
Le premier spectacle professionnel de 2015 est « Une nuit de petites musiques »qui sera joué le jeudi 8 octobre au théâtre de Verre à Châteaubriant. C’est la rencontre improbable, une nuit, au milieu de nulle part, de deux noctambules, comètes humaines aux mille et une vies. Un homme, une femme se télescopent, s’apostrophent, se révèlent jusqu’Ã ce que la lueur de l’aube les efface aux apparences du réel.
Le second spectacle sera joué les 28-29 novembre à La Grange-théâtre à Thourie : « Le temps des marguerites », spectacle de chansons, sur un répertoire de Maxime Le Forestier, chanté par Christine Maerel.
Autre rendez-vous : « Retour à la source » issu d’un échange artistique et culturel avec la Palestine. Créé le 1er mai 2015 à Nabi Saleh, il met en scène des Français et des Palestiniens sur deux textes joués, chacun, en français et en arabe : ’’Le maître des eaux’’ et ’’Le diable à Nabi Saleh’’. Il sera repris en octobre-novembre dans notre région.
Enfin, le théâtre Messidor apporte son concours à la troupe du Faîlli Gueurzillon pour un spectacle autour de textes de Maupassant : Une vente, Les sabots, Le retour, Le petit fût ...
Et puis il y a tous les ateliers destinés aux jeunes !
Jouer pour être bien dans sa peau
O rage ! O désespoir !
O jeunesse ennemie ...
A quoi sert le théâtre ? A déclamer des vers, à déclarer sa flamme ou sa haine en alexandrins ? La jeunesse est loin de cela. Car jeunesse ne sait pas ...
Le théâtre Messidor, de Châteaubriant, est appelé à intervenir dans les écoles.
:fl5 1 - avec l’OCCE (Office Central de coopération à l’école), il a participé au projet THEA : la rencontre entre les écritures théâtrales jeunesse d’auteurs vivants et les enfants et adolescents : lire, voir, mettre en voix, mettre en jeuHuit classes se sont rencontrées à Issé les 2 et 4 juin 2015 dans la belle salle du Bosquet aimablement prêtée par la mairie.
(photo OCCE)
:fl5 2- au lycée Guy Môquet, un atelier-théâtre se déroule depuis 1996 avec 15-20 élèves
:fl5 3- à l’IFSI (Ecole de soins infirmiers) un atelier théâtre est animé par le théâtre Messidor : trois séances de 3 heures autour de la respiration, de la prise de conscience de l’espace, du regard, de l’écoute. Objectif : être bien en soi pour être bien avec les autres.
:fl5 4- Le Conseil Régional mène une opération « Donner de la voix pour trouver sa voie », proposée aux lycées techniques : douze séances de 2 h, l’an dernier c’était à St Barthélémy d’Anjou et à Angers. Trente-deux élèves métalliers, menuisiers, peintres, maçons, ont été mis en scène, avec un lien entre leur métier et la poésie. Objectifs : mise en confiance, reconnaissance de ses atouts. Ces jeunes ont été les premiers étonnés d’eux-mêmes
:fl5 5- enfin le théâtre Messidor a participé l’an dernier à une action de lutte contre l’absentéisme avec des élèves du lycée Guy Môquet. L’objectif était, par le biais du théâtre, de permettre aux élèves en situation de décrochage et présentant des problèmes de comportement, d’acquérir les codes nécessaires à une insertion sociale et professionnelle. Alexis Chevalier avait l’intention de travailler sur trois thèmes : la notion de peur (peur de soi, peur des autres), la notion de pouvoir et la notion de plaisir (de travailler ensemble, de se retrouver).
Mais ce ne fut pas du tout ça ! Ce fut un espace d’expression individuelle, où chacun (chacune) dans sa narration s’est découvert et a mis en lumière à ses propres yeux les raisons qui déterminent des comportements ou des attitudes sources de conflits ou de souffrances. Chacun a décrit son parcours, sa famille, son personnage préféré, ses valeurs et dit ce qu’il souhaiterait être à l’âge de 25 ans.
« C’est la première fois que je parle comme ça. Je ne peux parler de ça avec personne » dit une jeune fille souhaitant, quand elle sera ’’grande’’ « mener les gens pour les aider à gagner leurs droits ». « Je suis honnête (dit un garçon) comme tout le monde. Tout le monde a fait des conneries. Après, on regrette. Je ne pourrais pas me regarder dans un miroir si je n’étais pas honnête ». « Moi, je serais prêt à me battre pour un enfant qui se fait maltraiter » dit un autre. « Si je n’ai pas mon CAP ? Dans ma tête, je me dis que je vais l’avoir. J’ai que ça dans la tête. Les filles ça viendra après » dit un autre.