Ecrit le 31 août 2016
Accord ? Pas accord ?
Certains d’entre vous se seront peut-être dit qu’il y avait une faute de frappe dans le dernier article où il était écrit « Ils s’en sont donné à cœur joie » ? Il n’en est rien ! C’est la présence de en qui explique que le participe passé ne soit pas accordé, bien qu’il soit construit avec le verbe être : en n’est pas le complément d’objet direct du participe passé, mais le complément déterminatif du nom partie ou quantité sous-entendu ; ainsi on écrira : « Regardez ces fleurs, en avez-vous cueilli ? » : et non « cueillies » (= avez-vous cueilli une partie de ces fleurs ?).
La fonction du pronom se dans les verbes pronominaux n’est pas toujours la même : il est soit complément d’objet direct (COD), soit complément d’objet indirect (COI) ; il est COD dans « Elles se sont promenées » (accord puisque se est avant le verbe) et COI dans « Les rois se sont succédé » (chaque roi a succédé au précédent, donc pas d’accord).
Le participe passé des verbes pronominaux formés de verbes neutres est toujours invariable car ces verbes ne peuvent pas avoir de COD : « Elles se sont parlé au téléphone », « Elles se sont plu », « Elles se sont souri », « Elles se sont complu dans le luxe » ou « Elles se sont complu à se complimenter ». Mais le participe passé des verbes qui n’existent que sous la forme pronominale s’accorde avec le second pronom : elle s’est repentie, elles se sont écriées, elles se sont envolées, elles se sont échappées.
A RETENIR :
On écrit : « Elles se sont coupées » (se= COD avant le verbe) mais « Elles se sont coupé le doigt », ou ...« la parole » (COD après le verbe), de la même façon qu’on écrit : « Les fleurs qu’ils se sont offertes » , « Elles se sont offert des fleurs » et, avec le verbe avoir, « Les fraises qu’ils ont dégustées » et « Ils ont dégusté des fraises ».
Suivra une DEUXIEME PARTIE qui sera consacrée à l’ accord du participe quand il est suivi d’un infinitif et...Ã quelques exceptions !
REPONSES aux « ludivinettes » parues dans le dernier article consacré aux mots-valises : dinoporc, éléphantastique, hirombelle, abdomino.
Elisabeth Blondel
Ecrit le 7 septembre 2016
Voici la deuxième partie
Quand le participe passé est suivi d’un verbe à l’INFINITIF, il s’accorde quand il a pour complément d’objet direct le pronom qui précède :
« Je l’ai vue courir » (il s’agit d’une femme que j’ai vue courir). « Elle s’est sentie défaillir » (c’est elle qui sent qu’elle défaille) . « Les musiciens que j’ai entendus jouer des airs de jazz » (ce sont eux qui jouent).
« Je les ai laissés partir » (ce sont eux qui partent).
MAIS il reste invariable s’il a pour complément l’infinitif qui suit :
« Je l’ai vu déchirer PAR un lion » (il s’agit d’une gazelle que le lion déchire).
« Elle s’est senti piquer PAR un moustique » (c’est le moustique qui l’a piquée).
« Les airs de jazz que j’ai entendu jouer PAR les musiciens »( ce sont les musiciens qui jouent).
« Ils se sont laissé surprendre PAR la pluie » ( c’est la pluie qui les a surpris).
RETENIR : la présence de PAR annule l’accord du participe dans ces exemples.
Revenons sur les verbes pronominaux :
« Elle s’est promis d’apprendre à nager »
( et non ...promise !..)= elle a promis à elle d’apprendre à nager.
« Elle s’est permis (et non permise !...) de lui faire une remarque ».
« Elle s’est arrogé des droits exorbitants » (exception à la règle qui veut que les participes passés des verbes qui n’existent que sous la forme pronominale s’accordent avec le deuxième pronom). (cf : elle ne s’est doutée de rien).
Enfin, fait est TOUJOURS invariable devant un infinitif :
« Elle s’est fait faire une jupe ; la robe qu’elle s’est fait faire » ; « les bijoux qu’elle s’est fait voler ».
Alors, vous voyez bien qu’il ne faut pas s’en faire une montagne !
E.Blondel