Ecrit le 29 août 2018
L’été nous a apporté au moins une bonne nouvelle : la condamnation de Monsanto.
Le 10 août dernier, les jurés californiens ont répondu Oui aux questions « le glyphosate est il un facteur substantiel du cancer du plaignant ? » et « les produits contenant du glyphosate ne sont pas aussi sûrs que ce que les consommateurs attendent ? ». Ces décisions, qui se traduisent pour Monsanto par une amende de 289 millions de dollars à payer à Dewayne Johnson pourraient mettre un point final au débat qui questionne la dangerosité du glyphosate.
Des dangers connus...
Inventé par Monsanto en 1966, l’herbicide reste, aujourd’hui encore, le produit le plus utilisé au monde avec plus de 800 000 tonnes épandues par an. Pourtant, dès les années 2000, les dangers du pesticide sont évoqués. Une étude du CNRS montre, en 2002, « qu’au contact de certains désherbants, la division normale des cellules est déréglée, ce qui s’apparente au mécanisme du cancer ». En 2015, l’OMS (Office Mondial de la Santé) classe le produit comme « cancérigène probable ».
mais ignorés
De son côté, l’industrie de l’agrochimie n’a de cesse de répondre aux différentes critiques par des études contradictoires, niant le lien entre le glyphosate et le cancer, pour que le consommateur ignore les dangers réels. Mais les effets des « Monsanto papers » (les papiers de Monsanto) impactent la légitimité accordée aux analyses scientifiques proposées par les industriels.
Le 4 octobre 2017, Le Monde a publié le deuxième volet de son enquête sur les « Monsanto Papers » après avoir épluché des dizaines de milliers de pages de documents internes que le géant de l’agrochimie a été contraint de rendre publics à la suite de procédures judiciaires engagées aux États-Unis. En effet, Monsanto est poursuivi par plus de 3.000 plaignants, victimes ou proches de victimes décédées d’un lymphome non hodgkinien, un cancer du sang rare, qu’ils attribuent à une exposition au glyphosate.
Ces documents révèlent plusieurs choses :
1 : Monsanto a fait rédiger des études à ses propres employés Ces études ont été signées par des scientifiques rémunérés par l’entreprise.
2 -On compte ainsi cinq articles publiés dans des revues scientifiques, concluant - sans surprise - que le glyphosate n’est pas cancérogène.
3 - des salariés du groupe ont presque entièrement écrit plusieurs articles du biologiste américain Henry Miller, publiés par le magazine économique Forbes.
C’est sur ces études que Monsanto se base pour défendre son produit. Quel-ques minutes après la décision californienne, l’entreprise de Saint Louis a fait savoir sa volonté de faire appel du jugement. « La décision ne change rien au fait que plus de 800 études et examens scientifiques ainsi que les conclusions de l’Environmental Protection Agency des États-Unis, des instituts nationaux de la santé et des autorités de réglementation du monde entier soutiennent le fait que le glyphosate ne cause pas le cancer de M. Johnson. Nous faisons donc appel de cette décision et continuerons à défendre vigoureusement ce produit », explique Scott Partridge, le vice-président de Monsanto, dans un communiqué.
Est-ce que d’autres géants de l’industrie chimique et agrochimique ont eu recours à ce genre de pratiques frauduleuses ? Sûrement que oui quand on voit, dans un autre domaine, comment de gros constructeurs automobiles ont systématiquement triché pour minorer les rejets de dioxyde d’azote des véhicules.
Bayer ?
De son côté, Bayer, le nouveau propriétaire de Monsanto, défend lui aussi le fameux pesticide. Mais on ignore les conséquences judiciaires des procès intentés à Monsanto et les retombées de la remise en cause du glyphosate, produit qui selon les estimations représente plus du tiers de l’activité du groupe américain.
Le référé de EELV
Dès le 20 août en direction de deux tribunaux administratifs, le mouvement EELV (Europe Ecologie Les Verts) a déposé deux référés. A Lyon, où Monsanto a son siège social en France, et à Cergy-Pontoise, compétent sur le département de Seine-Saint-Denis où Nufarm, autre société agrochimique qui vend des herbicides à base de glyphosate, a ses quartiers. « On ne veut pas faire de jaloux », glisse Julien Bayou, porte-parole d’ Europe-Ecologie les Verts (EELV) à l’origine de ces deux missives.
« Suspension immédiate pour les particuliers »
En saisissant ces deux tribunaux administratifs, le parti écologiste veut obtenir le réexamen en urgence de la dangerosité du glyphosate par l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), saisie pour évaluer les risques sanitaires de produits avant leur mise sur le marché. « Ce recours au fond pourrait être jugé d’ici un an voire un an et demi », reprend Julien Bayou. Mais EELV double sa procédure d’un recours en référé demandant au juge qu’il ordonne des mesures provisoires dans l’attente du jugement sur le fond.
Ca sent le propre
Ah ! La bonne odeur de propre ! Ca sent bon, c’est bon pour la santé sauf que la revue 60 millions de Consommateurs vient d’épingler une centaine de produits ménagers contenant une ou plusieurs substances « indésirables », et liste 26 substances parfumantes jugées allergisantes dont la mention est obligatoire et 56 substances à mention facultative. Parmi les marques pointées du doigt figurent Ajax, Canard, Carolin, Cif, Cillit Bang, La Croix, Mir, Mr Propre, Persil, Destop ou Minidou.
Outre l’overdose de parfum, l’enquête évoque en particulier le problème des sprays anti-bactériens et des désodorisants, accusant les fabricants de jouer sur la phobie des microbes. Or, « pour les détergents bactéricides à usage domestique, leur utilité n’est pas démontrée », a rappelé l’Agence de sécurité sanitaire (Anses).
« Il y a une industrie du détergent qui essaie de nous équiper d’un arsenal de produits pour la maison comme si nous étions en guerre ! », note Adeline Tregouë t, rédactrice en chef du magazine de l’Institut national de la consommation (INC). « Assouplissants, désodorisants de frigos ou de lave-vaisselle, anticalcaires, brumes d’oreillers, nettoyants de lave-linge... on multiplie les molécules, les composés organiques volatiles, tout ça se mélange à la pollution, au soleil, et donne des molécules encore plus toxiques », explique-t-elle.
« Les produits ménagers sont les responsables des problèmes respiratoires. Près de 30% des Français seraient déjà allergiques. Un nombre qui a doublé en vingt ans », affirme l’association. Le personnel chargé de l’entretien est particulièrement exposé. Qui imaginerait que pour utiliser certains gels wc, déboucheurs de canalisations ou nettoyants de salle de bains, il vaudrait mieux porter des lunettes de protection ?
Oui mais, comment faire autrement ? Bicarbonate de « soude » , savon noir et savon de Marseille, argile, terre de Sommières, vinaigre blanc ou vinaigre d’alcool, cristaux de soude et percarbonate : on peut entretenir sa maison au naturel. La revue propose 100 fiches produits et 300 recettes afin de remplacer les produits commercialisés par des pratiques plus saines. Tiens, par exemple : brosse à dents avec dentifrice et bicarbonate, pour blanchir les joints de carrelage.
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Ecrit le 9 avril 2003
Pesticides et affaires de poisons
Une réunion va avoir lieu le vendredi 11 avril à 20h30 salle Omnisports à Châteaubriant, pour parler d’expériences alternatives : l’entretien d’espaces publics urbains, sans produits phyto-sanitaires. Soirée ouverte à tous. Cette soirée a inspiré un de nos lecteurs qui nous écrit :
De Socrate à nos jours, il y a toujours eu des empoisonnements. Poisons plus ou moins violents baptisés « Bouillons de onze heures ». Les techniques ont évolué et, maintenant, il ne faut que quelques secondes pour passer de vie à trépas.
Mais en dehors de ces procédés jugés condamnables, il en existe beaucoup d’autres qui prolifèrent en toute légalité : il s’agit de tout un arsenal de produits chimiques (pesticides, herbicides, insecticides) qui nous tuent à petit feu. Ils sont principalement employés dans l’agriculture, considérés comme seuls remèdes face aux maladies végétales et donc le recours indispensable pour nous sauver du spectre de la famine.
Terribles aveux
N’exagérons pas ! Si certains produits, peu nocifs, peuvent être utiles lorsqu’ils sont employés modérément, il en est d’autres qui devraient être totalement interdits. Les exemples ne manquent pas avec les traitements des céréales, des arbres fruitiers, vignes, etc, parfois faits par avion (pourquoi pas !). Et c’est ainsi que nous respirons et ingurgitons ces substances « bienfaisantes » qui provoqueront nos cancers et autres maladies respiratoires.
Il y a peu de temps, j’ai vu à la télé un petit reportage qui relatait les inquiétudes d’un médecin qui avait constaté un nombre anormal de malformations chez les nouveaux-nés. Cela se passait en France, à proximité d’un vignoble où les vignes, comme on le sait, sont traitées au moins une dizaine de fois dans l’année. Une réunion de viticulteurs avait été organisée afin de dénoncer les risques encourus avec ces traitements intensifs. L’un d’eux répondait : « ce n’est rien en comparaison des immenses champs de la Beauce, c’est une question de vie ou de mort pour nous face à la concurrence et sans ces herbicides nos vignes deviendraient sous peu une véritable brousse »
Terribles choix et aveux qui peuvent quand même nous laisser sceptiques mais surtout atterrés. Ceci n’est qu’un simple exemple.
Les produits d’usines chimiques abandonnés dans la nature, la dioxine qui s’échappe des cheminées industrielles ou plus simplement ces belles traînées blanches de combustion de kérosène que les avions laissent derrière eux et qui retombent en pluies acides, sont le résultat de ce qu’on appelle « la modernisation ».
hélas l’avenir ne s’annonce pas rose lorsque l’on voit les USA refuser de signer le protocole sur la limitation et la diminution de la pollution à l’échelle mondiale. Ces donneurs de leçons sur les armes chimiques et bactériologiques de Saddam Hussein, semblent avoir perdu la mémoire, quand, voilà quelques décennies, ils détruisaient chimiquement toute végétation au Viêt-Nam.
Paul Chazé