Ecrit le 05 septembre 2018
Foire
Chaque année au début du mois de septembre se tient à Châteaubriant la FOIRE de BERE, l’une des plus anciennes foires de France : c’est en 1050 que l’évêque de Nantes, mgr Airard, a confirmé son existence ; après 1281, elle apparaît dans les chartes sous le nom de Foire de Sainte-Croix de Béré.
Le mot foire vient du latin feria (fête religieuse) car c’est au rassemblement des fidèles qu’attiraient les fêtes de l’Église, en particulier les pèlerinages, que les foires doivent leur origine : ainsi, la châsse de sainte Geneviève, le tombeau de saint Marcel à Paris et la basilique de saint Denis étaient des lieux fréquentés par les pèlerins.
Le long du chemin qui y menait s’installè-rent d’abord des marchands d’images pieuses et de reliquaires puis ce fut au tour des marchands d’objets de luxe, de parchemins, de tissus, de cuir, ce qui fait que petit à petit les marchands ne s’installaient plus sur la route pour vendre des objets aux pèlerins, mais que c’étaient les pèlerins qui s’y rendaient pour faire des achats de toutes sortes. Ainsi se mit en place un nouveau mode de vie « nomade » pour les marchands devenus « forains » (1). Ils se rendaient en groupes dans les localités prêtes à les accueillir, qui devinrent alors des centres commerciaux importants, telles Provins (Seine et Marne) ou Beaucaire (Gard).
Peu à peu, l’aspect religieux des foires fit place à leur seul aspect commercial et attractif , si bien que l’on vit se déve-lopper des fêtes foraines dont une des plus célèbres est la Foire du Trône qui se déroule tous les ans à Paris au printemps pendant six semaines sur la pelouse de Reuilly dans le bois de Vincennes, Porte Dorée.
l’appellation de foire s’applique égale-ment à toutes sortes de grands marchés en plein air spécialisés dans la vente d’un produit : foire agricole, foire aux bestiaux, aux oies, aux oignons, aux vins, aux pains d’épices, au jambon, aux ânes, foire aux livres, aux santons, aux puces et à la ferraille entre autres. Les communes proches de Châteaubriant auraient aimé elles aussi accueillir des foires une à deux fois par an, mais le Conseil municipal s’y est opposé car « la multiplication des foires favorise la démoralisation et fait négliger l’agriculture ».
Un mot sur la foire du Lendit- d’abord de l’Endit- ou du Landit- qui s’est déroulée du IXe au XVIe siècle dans un champ où se tenaient des assemblées juridiques, reli-gieuses ou commerciales depuis l’époque gauloise : située dans la plaine de Saint-Denis près de Paris, elle attirait en juin un millier de marchands venus de toute l’Europe et de Byzance. On y vendait notamment le parchemin utilisé par l’université de Paris et ses étudiants.
Dans les années 60, avait lieu à Châteaubriant la fête annuelle des Lendits, manifes-tation sportive pendant laquelle les écoliers, tous habillés de blanc, faisaient des mouvements d’ensemble en musi-que, dont le nom rappelait celui d’une foire très ancienne lors de laquelle les écoliers achetaient des livres aux élèves de la classe supérieure. Cette fête sportive s’appelle aujourd’hui les Gespacolades (parce que c’est l’association Gespac qui l’organise).
Le mot foire entre dans la composition de nombreuses expressions : s’entendre comme larrons en foire ; la foire d’empoigne ; on ne s’entend plus, on n’est pourtant pas à la foire ; faire la foire par exemple.
N.B. Le mot férié se rattache étymologiquement au mot foire : un jour férié est un jour chômé en raison de la célébration d’une fête religieuse (puis civile).
(1) Contrairement aux apparences, le mot forain ne vient pas du latin feria (fête religieuse, puis foire) mais du bas-latin foranus, (= qui vient de l’extérieur, étranger) issu du latin classique foris (= dehors). Le mot forain a vite été rattaché à la famille de foire car les forains venaient généralement de l’extérieur.
Elisabeth Catala
Ecrit le 12 septembre 2018
Patrimoine
Dans quelques jours, les 15 et 16 septembre 2018, se tiendront sur l’ensemble du territoire français Les Journées européennes du patrimoine : cet événement culturel a été mis en place en 1984 par Jack Lang, alors ministre de la Culture de François Mitterrand, d’abord sous le nom de Journée portes ouvertes dans les monuments historiques qui se déroulait chaque année le 3e dimanche de septembre ; son succès fut immédiat et, prenant exemple sur la France, de nombreux pays ont installé à leur tour des Journées portes ouvertes dans les lieux de patrimoine.
En 1991, le Conseil de l’Europe institue officiellement des Journées Européennes du Patrimoine avec le soutien de l’Union européenne et en 1992, leur nombre est fixé à deux jours consécutifs. désormais, cinquante pays dans le monde participent à cet événement ; cette année, le thème choisi est l’art du partage.
Le mot patrimoine vient du latin patrimonium (= bien de famille) employé au propre ainsi qu’au figuré (patrimonium populi = trésor public). Il désigne l’ensemble des biens et des droits hérités du père de famille (pater familias) et s’est opposé parfois- en ancien français- à matrimoine (1).
La valeur générale, « ce qui est transmis à une personne ou à une collectivité » par les ancêtres, les générations précédentes, a entraîné des acceptions spéciales en biologie (par exemple le patrimoine génétique) et récemment dans le do-maine de la sociologie culturelle pour désigner les biens matériels et intellec-tuels hérités par une communauté.
Le patrimoine culturel se définit comme l’ensemble des biens matériels et immatériels ayant une importance artistique et historique certaine et qui appartiennent à une entité privée ou à une entité publique ; ce patrimoine est sauvegardé et montré au public soit de façon régulière (châteaux, églises, mu-sées), gratuitement ou non, soit de façon exceptionnelle, comme lors des Journées européennes du patrimoine.
Le patrimoine « matériel » est constitué de paysages construits, de châteaux, de sites archéologiques, d’objets d’art, d’éléments du patrimoine industriel. régulièrement, on apprend qu’un site a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO, comme l’a été cette année La chaîne des puys située en Auvergne. Quant au patrimoine « immatériel », il comprend entre autres les chants, les coutumes, les danses, les contes et légendes, certains grands carnavals, les langues orales et la gastronomie.
Le patrimoine fait partie de l’héritage que nous avons reçu des générations précé-dentes : nous avons le devoir de le transmettre intact, voire enrichi, aux générations futures. Il relève du bien public. c’est la Révolution française qui a lancé l’idée de protection des biens culturels et c’est l’UNESCO qui depuis 1945 en est la gardienne. En France, 44 biens sont inscrits au patrimoine culturel de l’UNESCO, tels le Pont du Gard, la Montagne Sainte-Victoire et le Mont Saint-Michel et la Gastronomie.
La mondialisation de la notion de patrimoine culturel s’est mise en place dans les années 70, elle inclut maintenant l’alphabétisation et l’héritage des biens immergés depuis plus de cent ans dans les mers et les océans.
(1). Le mot matrimoine- que d’aucunes voudraient voir remplacer le mot patri-moine- jugé par elles trop « sexiste »- ne figure pas dans le dictionnaire . Il a été « fabriqué » dans les années 60 pour définir ce qui dans le mariage relève normalement de la femme. l’adjectif matrimonial concerne le mariage (régime matrimonial, agence matrimoniale).
DEVINETTE : quel a été le premier monument français inscrit au patrimoine culturel de l’UNESCO ?
Elisabeth Catala