Ecrit le 27 février 2019
L’ORS (Observatoire régional de la Santé) a réalisé un rapport détaillé de plus de 100 pages sur l’offre de santé dans le territoire de la Com’Com’ Châteaubriant-Derval. Ce diagnostic est en 8 parties :
1. Caractéristiques démographiques et
socio-écoonomiques
2. État de santé
3. Offre et recours aux soins de ville
4. Offre et recours aux établissements
de santé
5. Accompagnement des personnes âgées
6. Accompagnement des personnes en
situation de handicap
7. Opérateurs en prévention et promotion
de la santé
8. Éléments qualitatifs apportés par des entretiens auprès d’acteurs et de la population
→ très prochainement en ligne sur www.santepaysdelaloire.com/ors/
L’ORS note des progrès importants du système de soins au cours des dernières décennies (dépistage, diagnostic plus précoce, progrès thérapeutiques) d’où une moindre fréquence des affections graves aiguë s, notamment maladies infectieuses (ATB, vaccins) et un recul de la mortalité. Dans la Com’Com’ Châteaubriant-Derval la mortalité a diminué de 35 % entre 1990 et 2013 (même rythme qu’en France : - 33 %) d’où augmentation de l’espérance de vie.
Mais la fréquence des maladies chroniques est importante : 17 % des habitants de la CCCD sont en affection de longue durée (ALD) en 2016 (France : 16 % en 2016) et 48 % des habitants de la CCCD âgés de 65 ans et plus sont en ALD (France : 48 %).
Cela fait quasiment une personne âgée sur deux ! Il est donc important de réfléchir à la qualité de vie, aux soins et accompagnement, mais aussi à l’habitat et à la vie sociale.
Les maladies/problèmes de santé graves les plus fréquents.
Les maladies graves sont nombreuses et variées.
MF : moins favorable qu’au niveau national
PF : plus favorable qu’au niveau national
Dans la CCCD les affections les plus fréquentes sont :
– maladies cardiovasculaires (MF)
– diabète (PF)
– cancers
– prostate (MF)
– voies aéro-digestives (MF)
– sein, poumon (PF)
– colôn, rectum (équivalent)
– troubles mentaux et du comportement :
– suicides (MF)
– psychotropes (équivalent)
– affections psychiatriques (équiv.)
– Alzheimer (PF)
– pathologies liées à la consommation excessive d’alcool (MF)
– accidents/traumatismes/violences (MF)
– accidents du travail (équivalent)
– accidents de la vie (personnes âgées et jeunes) (MF)
– accidents de la route (équivalent)
Dans les événements traumatisants de la vie (notamment de l’enfance), on note :
isolement affectif, situation de précarité, alcool, vie professionnelle (travail ou non travail).
Les accidents de la vie courante concernent d’abord les personnes âgées : troubles sensoriels/cognitifs, habitat non adapté, sédentarité, consommation de psychotropes, dénutrition, obésité, dépression. Mais aussi les jeunes : prise de risque, activité sportive, alcool
Les accidents de la route sont liés à vitesse, alcool, stupéfiants, fatigue, téléphone.
Les écarts entre hommes et femmes sont faibles avant l’âge de 55 ans, mais nettement plus importants au-delà .
44 % des hommes de 55 ans et plus sont en ALD contre 35 % des femmes, maladies cardiovasculaires, cancers, diabète, pathologies liées à l’alcool
Les accidents graves, et suicides concernent surtout les hommes.
« ¢ 27 % des décès masculins surviennent avant 65 ans (61 décès/229 au total) »¢ 11 % décès féminins (22 décès/206 au total)
Chez les hommes de la CCCD, la mortalité prématurée (avant 65 ans) est supérieure de 24 % à la moyenne nationale sur la période 2011-2015, écart qui ne diminue pas.
Alors que chez les femmes du territoire, cette mortalité est inférieure de 5 % à la moyenne nationale, situation qui s’est améliorée.
1 décès prématuré sur 3 est lié à des problèmes de santé qu’il est possible de prévenir par des actions de prévention (accident, chute, suicide, addictions..).
Recours aux médecins
En médecine générale : 86 % des habitants de la CCCD ont eu au moins un recours dans l’année (84 % en France). Plus de 80 % des recours ont lieu auprès des praticiens installés sur la CCCD.
Mais on note un moindre recours aux consultations des spécialistes. Pour dentiste, ophtalmo et kiné la proportion est équivalente à la moyenne nationale. Mais pour pédiatre, gynécologue, dermatologue, cardiologue, psychiatre, il y a nettement moins de consultations. Ces écarts seraient plus marqués s’il n’y avait pas des consultations externes (pédiatrie, gynécologie, cardiologie) au Centre Hospitalier.
Les recours aux soins hospitaliers des habitants ont lieu très majoritairement dans les établissements castelbriantais
« ¢ 90 % des passages aux urgences des habitants de la CCCD ont lieu au Centre Hospitalier. »¢ 60 % des hospitalisations en court séjour des habitants ont lieu au Centre Hospitalier ou à la Clinique.
"¢ 77 % des femmes de la CCCD accouchent à la maternité du Centre Hospitalier.
Un plus grand recours des habitants aux soins hospitaliers :
« ¢ urgences : + 12 % par rapport à la moyenne régionale »¢ court séjour : + 9 % par rapport à la moyenne nationale en lien notamment avec lésions traumatiques (luxations/entorses, traumatismes crâniens, plaies de la main), tumeurs bénignes (endoscopies digestives), maladies ostéo-articulaires (arthroses, spondylopathies), extractions de dents de sagesse.
On note malheureusement des recours tardifs voire des non-recours aux soins/prestations chirurgien-dentiste, ophtalmologiste, psychologue, par « crainte de la stigmatisation », méconnaissance des droits, notamment prestations sociales, délais d’attente. [Ndlr : Ce qui est compliqué encore pour les personnes aux faibles revenus si, de plus, elles doivent aller à Nantes ou Rennes].
Habitudes de vie
L’ORS a interrogé des citoyens [vous étiez invités !] et des professionnels du territoire qui ont signalé :
« ¢ des habitudes de vie défavorables en matière de nutrition et d’addictions, »¢ habitudes alimentaires
« ¢ hygiène dentaire »¢ rythme de vie, sommeil
« ¢ un manque d’intérêt pour »prendre soin« de sa santé, »¢ soucis d’isolement, de déplacements (voiture indispensable)
« ¢ difficultés pour gérer ses émotions »¢ risques psychosociaux
"¢ isolement social.
Ces problématiques sont majorées par l’existence
« ¢ de situations socio-économiques difficiles »¢ de situations familiales complexes : le taux de mesures d’aide sociale à l’enfance est le plus élevé des Com’Com’ de Loire-Atlantique.
En même temps le territoire a des atouts indéniables : le cadre de vie agréable, la santé mentale, la solidarité, une offre de soins de proximité, des équipements sportifs, une vie associative dense.
L’Offre de santé sur le territoire
Soins de ville :
L’offre de soins de ville est diversifiée :
environ 200 professionnels de santé libéraux, notamment
27 médecins généralistes
32 autres spécialistes
38 infirmiers (+ 2 Centres de soins)
18 chirurgiens-dentistes
22 masseurs-kiné
17 pharmacies
mais la densité de professionnels de santé libéraux est nettement inférieure à la moyenne nationale :
médecins généralistes : - 41 %
médecins spécialistes : - 23 %
chirurgiens-dentistes : - 28 %
masseurs-kinésithérapeutes : - 51 %
orthophonistes : - 6 %
pédicures-podologues : - 24 %
Pourtant les professionnels de santé travaillent beaucoup !
médecins généralistes : + 28 %
par rapport à la moyenne nationale
chirurgiens-dentistes : + 13 %
masseurs-kinésithérapeutes : + 4 %
infirmiers : + 3 %
Une part importante des professionnels de santé libéraux sont âgés de 60 ans ou plus :
33 % des médecins généralistes (9),
41 % des spécialistes (13),
44 % des chirurgiens-dentistes (8),
23 % des masseurs-kiné. (5),
21 % des pharmaciens d’officine (4)
Des professionnels sont partis en retraite et n’ont pas été remplacés (5 médecins généralistes entre 2013 et 2018).
25 des 26 communes de la CCCD sont classées par l’aRS (Agence Régionale Santé) en « zone d’intervention prioritaire » (déc 2017) ce qui induit des aides incitatives à l’installation des médecins.
Des projets/initiatives territoriaux sont élaborés pour répondre à cet enjeu
– Centre de santé à Sion-Les-Mines avec deux médecins salariés, géré par l’Opass
– Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) à Derval
– MSP à Châteaubriant,
– Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS),
– Coopération médecin généraliste/Infirmier dans le dispositif Asalée : deux infirmières sur le territoire,
– Cellule de coordination de soins complexes ville-hôpital
Dispositif Asalée
Le dispositif Asalée (Action de santé libérale en équipe), créé en 2004 et porté par une association de médecins généralistes, avait pour objectif initial d’améliorer la prise en charge des maladies chroniques en médecine de ville par la coopération entre médecins généralistes et infirmières.
Aujourd’hui formées à l’éducation thérapeutique (ETP), les infirmières interviennent auprès d’un ou plusieurs médecins généralistes qui leur adressent des patients en consultation pour partager leur suivi dans le cadre de quatre protocoles : dépistage et prise en charge du diabète, suivi des patients à risque cardiovasculaire, dépistage de la broncho-pneumopathie chronique obstructive et dépistage des troubles cognitifs.
A lire ici : voir le site asalee
Pôle de santé
Le Pôle de santé Choisel de Châteaubriant est le 3e pôle de santé de Loire-Atlantique avec une offre complète :
– Centre Hospitalier
– Clinique Sainte Marie
– Scanner
– Laboratoire d’analyses médicales
– Centre d’autodialyse
– CAPS.
L’Offre de soins en santé mentale comprend le CHS de Blain (décentralisé à Châteaubriant) et les Apsyades.
l’accompagnement des personnes âgées à domicile est assuré par :
« ¢ le CLIC de Châteaubriant (2 CC : Châteaubriant-Derval et Nozay) »¢ 4 SSIAD (services de soins infirmiers à domicile)
« ¢ 12 SAAD (services d’aide et d’accompagnement à domicile) »¢ et une MAIA (Maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer )
et de nombreuses autres structures : ADMR, ADAR, ADT , ASFA , France Alzheimer , entreprises de portage de repas à domicile.
Les établissements pour personnes âgées :
« ¢ 10 EHPAD, 576 places (dont 10 places accueil de jour, 1 accueil temporaire) »¢ 1 Unité de soins de longue durée (USLD) de 30 lits.
Le taux global d’équipement est légèrement inférieur à celui du département et de la région, mais supérieur à celui de la France.
Aides aux aidants :
"¢ Bistrot mémoire qui se réunit tous les 15 jours à Châteaubriant (au café l’amazone, tél 06.04.40.19.13).
En revanche il manque une plateforme d’aide et de répit.
Chiffres
Urgences/SMUR : 20 000 passages aux urgences en 2017, soit en moyenne 54 passages par jour, un nombre en hausse : + 12 % entre 2016 et 2017.
Maternité : 568 accouchements en 2017
60 % des accouchements concernent des femmes de la CCCD.
Hospitalisations de court séjour en médecine ou gynéco-obstétrique : 8900 séjours, 450 séances en 2017 (+ 6 % par rapport à 2016) ; 53 % des séjours concernent des habitants de la CCCD.
Soins de suite et de réadaptation : 46 000 journées en 2017
Clinique Sainte-Marie : 6 500 séjours en 2017, 51 % concernent les habitants de la CCCD.
Soins psychiatriques : 1 550 habitants (3,5 %) suivis par les équipes de soins des établissements psychiatriques dont 230 avec au moins une hospitalisation à temps complet dans l’année (le plus souvent des hommes souffrant de troubles schizophréniques, femmes avec troubles dépressifs)
Personnes âgées : 8 700 habitants ont plus de 65 ans, soit 1 sur 5. Projections 2027 : environ + 35 %
« ¢ 4 600 personnes âgées de 75 ans ou plus »¢ 1 170 bénéficiaires de l’aPA (25 % des 75 ans et plus), dont 520 vivent à domicile
Lire ici : voir le site offre-de-sante
Des idées
Une quarantaine d’acteurs de santé se sont retrouvés le 7 février 2019 autour de la question : que peut-on faire pour améliorer l’état de santé sur le territoire de la Com’Com’ Châteaubriant-Derval ? prévention, offre de soins de proximité bien sûr, mais aussi des idées nouvelles :
L’isolement est une des causes du non recours aux médecins ou acteurs de santé du territoire. De nombreuses personnes sont isolées et connaissent des difficultés socio-économiques. La proposition est de créer ou identifier des lieux de rencontres pour échanger, dialoguer, des lieux conviviaux, mêlant différentes générations et ayant quelques supports de prévention.
Pour les personnes âgées, les acteurs de santé soulignent le besoin de logements intermédiaires entre l’entrée en maison de retraite et le maintien à domicile. s’ajoute l’idée d’inventer de nouvelles formes d’habitat pour les personnes âgées encore en autonomie comme les colocations ou les habitats partagés.
Le besoin d’avoir un point d’information collectif et généraliste revient à chaque rencontre acteurs santé, un lieu qui centralise l’information et qui peut être relais de ce qui existe sur le territoire.