Note du 20 mai 2009
Rapport accablant pour l’Eglise catholique
Une commission d’enquête irlandaise a publié un rapport dénonçant des décennies d’abus sexuels, survenus à partir des années 1930 dans les institutions pour enfants dirigées par l’Eglise catholique, accusée d’avoir gardé le silence. « Les abus sexuels étaient endémiques dans les institutions pour garçons », écrivent les auteurs du rapport, précisant que les filles étaient quant à elles « soumises à des abus sexuels (qui) n’étaient pas érigés en système ». Le rapport dénonce également de nombreux autres mauvais traitements, qu’ils aient été physiques, tels « des punitions corporelles sévères », ou mentaux. réagissant au rapport, le cardinal Sean Brady, numéro un de l’Eglise catholique irlandaise, s’est déclaré « profondément désolé et extrêmement honteux ».
Ce rapport, qui compte cinq volumes, est le fruit de neuf années d’enquête sur des institutions qui ont aujourd’hui fermé leurs portes et ont accueilli des enfants des années 1930 à 1990. Il pointe du doigt la déférence qui était celle du ministère de l’Education envers les ordres religieux et son incapacité à faire cesser les violences infligées aux enfants.
Pour mettre au point son rapport, la commission d’enquête a interrogé 1.090 hommes et femmes qui ont été hébergés dans 216 institutions, dont des foyers pour enfants, des hôpitaux et des écoles.
Tom Sweeney, qui a passé cinq années dans des écoles techniques, dont deux dans une où, selon le rapport, les violences sexuelles étaient un « problème chronique », a déclaré aux auteurs que l’école technique d’Artane continuait de hanter la mémoire de ses anciens pensionnaires.
« Ceux qui sont passés par Artane ne sont jamais devenus des personnes heureuses et, malheureusement, il y a eu pas mal de suicides. Beaucoup d’autres ont fini dans des hôpitaux(...). »
« Vous n’oubliez pas Artane, jamais », résume ce témoin.
Tom Hayes, né hors mariage, a été placé à 2 ans. « On m’a dit que ma mère était morte à ma naissance. C’était faux. Je n’ai découvert la vérité qu’en 2003 », raconte-t-il.
Patrick Walsh, lui, avait 3 ans quand la justice de son pays l’a séparé de ses parents « parce que ma mère voulait divorcer, ce qui était illégal en 1955. Pour récupérer ses enfants, il fallait qu’elle retourne avec son mari ».
Tous deux ont connu les viols par des prêtres ou des garçons plus âgés, le désœuvrement, la faim.
Lire ce rapport ici : http://www.childabusecommission.ie/
et l’article du Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/05/21/l-eglise-irlandaise-a-maltraite-des-milliers-d-enfants-dont-elle-avait-la-charge_1196274_3214.html
L’enquête La Commission d’enquête irlandaise, dirigée par le juge Sean Ryan, a mis neuf ans avant de rendre son rapport.
Elle a examiné 2 500 plaintes pour abus sexuels ou pour maltraitance physique, auditionné plus de 1 000 victimes et étudié de manière approfondie le fonctionnement de plus de 200 écoles, maisons de redressement et autres orphelinats.
Certains témoins sont venus des Etats-Unis ou d’Australie raconter leur passé douloureux.
L’indemnisation Depuis 2002, l’Etat irlandais a déjà versé plus d’un milliard d’euros de dédommagements à 12 500 victimes des établissements publics gérés par des ordres religieux entre 1936 et la fin des années 1990. En contrepartie, ces victimes ont renoncé à attaquer en justice l’Etat comme l’Eglise.
Quelque 2 000 autres dossiers sont en cours d’examen. Les autorités estiment à 1,3 milliard d’euros le coût global de cette opération, qui sera financée, pour l’essentiel, par le contribuable irlandais.
Un accord de 2002 passé entre le gouvernement et l’Eglise stipule en effet que cette dernière devra contribuer à hauteur de 128 millions d’euros.
Note du 27 novembre 2009
L’Eglise catholique irlandaise et la pédophilie
L’émotion prévaut après la reconnaissance par les autorités catholiques irlandaises d’abus sexuels et de violences systématiques perpétrées durant trente ans par le clergé sur des enfants.
Le quotidien anglais The Guardian revient sur les détails d’un rapport, mettant en cause des connivences au sein du haut clergé irlandais pour étouffer les plaintes des enfants maltraités.
L’une des victimes se dit soulagée que sa parole soit enfin entendue et reconnue.
Quatre archevêques sont notamment accusés d’avoir couvert les faits en facilitant les mutations de prêtres pédophiles d’une paroisse à une autre, explique le Times.
Une dissimulation rendue possible grâce à des complicités qui remontent jusqu’au Vatican, qui a d’ailleurs refusé jusqu’Ã présent de se soumettre à des investigations sur le sujet, souligne The Irish Times.
Un éditorial du même journal dénonce la loi du silence et le recours du clergé au droit canon pour s’exempter de crimes « non exceptionnels ». Des crimes rendus possibles par la collusion de l’Eglise et de l’Etat, rappelle The Irish Independent
La colère des catholiques irlandais : http://www.la-croix.com/L-eglise-irlandaise-dans-la-tourmente/article/2405001/4078
Ecrit le 24 mars 2010
Ephébophilie
Une première. Le pape a exprimé, le 20 mars, la « honte » et le « remords » de l’Eglise catholique, dans une lettre adressée aux catholiques irlandais confrontés aux actes pédophiles commis par des prêtres. La déclaration de Benoît XVI a beau revêtir un caractère exceptionnel, les victimes de sévices pédophiles commis par des religieux irlandais, qui attendaient des « excuses », se disent déçues. La lettre papale a par ailleurs suscité des réactions en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas, des pays aussi touchés par des scandales d’actes pédophiles commis par des hommes d’Eglise. Mais pour Mgr Charles Scicluna, 60 % de ces actes ne sont pas de la pédophilie mais de l’éphébophilie (attirance pour des adolescents, consentants, âgés de plus de 15 ans).
Du « jésuitisme » en somme !
Voilà ce qu’écrit le journal La Croix à ce sujet :
Une confiance à restaurer
Benoît XVI a adressé samedi une Lettre pastorale à tous les catholiques d’Irlande après les affaires d’abus sexuels qui secouent le pays depuis plusieurs mois. Sur le site du Vatican, le document est déjà disponible en sept langues. Une synthèse de deux pages a aussi été mise en ligne, preuve additionnelle d’un souci de communication aussi large que possible de la part du Vatican.
A travers cette lettre au ton très personnel, c’est de fait à l’Église universelle que s’adresse le pape. La révélation de diverses affaires d’abus sexuels au cours de ces dernières semaines montre qu’elles ne sont pas l’apanage d’une Église particulière. c’est pourquoi le pape invite tout le peuple de Dieu « à réfléchir sur les blessures infligées au Corps du Christ ». A travers les violences imposées à des enfants, c’est en effet tout le corps de l’Église qui a été violenté. c’est la confiance que des jeunes, des parents, des fidèles mettaient dans l’Église qui a été trahie. d’où l’enjeu fondamental pour l’Église d’Irlande et d’ailleurs : restaurer une confiance bafouée par des prêtres et des religieux qui ont posé des actes abjects, et par des évêques qui n’ont pas su prendre leurs responsabilités.
Mais comment restaurer cette confiance ? Benoît XVI ne donne que quelques orientations générales. Avant tout, il convient que la vérité soit faite sur les événements passés, que les prêtres coupables reconnaissent ouvertement leurs fautes et se soumettent aux exigences de la justice humaine. Plus fondamentalement, le pape invite tous les fidèles à s’engager dans un chemin de pénitence pour obtenir la guérison des blessures infligées à l’Église par certains de ceux à qui elle avait été confiée.
Pour Benoît XVI, la manière dont l’Église a géré les affaires de pédophilie est symptomatique d’un manque de foi. Il souligne ainsi que la prévention de la pédophilie n’est pas qu’une affaire de procédures disciplinaires ou de critères de discernement. Reste cependant que les tendances pédophiles sont de l’ordre de la pathologie. Pour guérir, les personnes concernées ont besoin des ressources de la foi, mais aussi de celles des savoirs sur le psychisme humain. La tonalité très spirituelle des propos de Benoît XVI ne doit pas nous le faire oublier.
Eglise et pédophilie : deux articles du journal Le Monde
D’autres articles, voir ici :
http://news.google.fr/news/story?pz=1&cf=all&ned=fr&ncl=dTGVCO7V5wVV68Mme7gpnqqmPablM&topic=h
Un évêque démissionne en Belgique : http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/23/pedophilie-un-eveque-belge-demissionne_1341401_3224.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20100423-[zoneb]
Les légionnaires du Christ, un récit de La Vie Catholique : l’horreur
Mai 2012 : encore un scandale chez les légionnaires du Christ
Traquer les pédophiles sur internet
Ecrit le 20 novembre 2019
Des soucis dans l’Église
Le chapitre général des Frères de Saint-Jean s’est tenu du 22 octobre au 1er novembre 2019. Particulièrement douloureux car les religieux devaient aborder la question des « agissements abusifs (abus de conscience, de pouvoir et sexuels) », dont s’est rendu coupable leur fondateur, Marie-Dominique Philippe.
« Une médecin psychiatre et spécialiste de la psychologie de groupes nous a alertés sur certains fonctionnements communautaires, qui peuvent étouffer la liberté des personnes. Elle nous a aussi éveillés à la manière dont une communauté fait face à un traumatisme pour l’intégrer dans sa propre croissance. Notre corps communautaire a été marqué par des abus commis au sein de notre famille religieuse. Le chemin de guérison nécessite d’identifier les blessures, de recourir à l’aide de personnes extérieures, de poursuivre la relecture de notre histoire et de continuer à mettre en place des garde-fous pour éviter que le mal ne se reproduise. Des frères peuvent se sentir atteints par les abus qui jettent un discrédit sur l’ensemble de la Communauté. A ce sujet, le Chapitre rappelle que les premières victimes d’abus sont celles qui ont subi des agissements scandaleux ».
" Nous ne voulons plus faire du Père M.-D. Philippe le référent de notre formation. Nous ne pouvons plus le considérer comme un maître de vie spirituelle. L’étude de ses écrits sera faite avec liberté, sens critique et ouverture d’esprit.
A l’intérieur de nos prieurés, les photographies du Père. M.-D. Philippe seront retirées des endroits publics, ainsi que des lieux communs en clôture. De même, pour le moment, ses livres ne seront plus mis en vente dans nos couvents, et ses enseignements audios ne seront plus diffusés à l’extérieur, en attendant qu’un discernement soit fait ".
Cette attitude des religieux marque un tournant dans l’Église qui, enfin, reconnaît l’existence d’abus.