Cultivons la Paix
La décennie 2000-2010 a été déclarée, par l’UNESCO ; « décennie de la culture de la non-violence » et c’est dans ce cadre que, samedi 16 juin 2001, deux associations « Rencontres » et « CRFA » (Centre Régional de formation et d’animation) ont organisé une soirée autour du thème « Quelle paix pour la terre ? », qui a attiré une bonne cinquantaine de personnes, surtout des jeunes, de ceux qu’on ne voit pas dans les structures officielles, de ceux qui ont cependant quelque chose à dire.
La soirée a commencé par un spectacle d’humour de la petite troupe Ad-Hoc, autour d’une lecture, ironiquement commentée, des Droits de l’Homme. où l’on voit le décalage entre les mots, les bonnes intentions et la réalité.
Puis la discussion s’est poursuivie autour du manifeste 2000 de l’UNESCO (lire plus loin) et de l’expérience « Terre et Paix » de Fougères.
Dans cette ville, qui a des liens avec différents Pays du Tiers-Monde, a été organisé un « Mai de l’enfance » en 1995 autour d’interrogations fondamentales : « quel est le sens de l’éducation ? qu’est-ce que réussir sa vie ? qu’est-ce que réussir dans la vie ? ». Ces questions ont été posées lors d’une rencontre entre les jeunes de Fougères et des jeunes du Nicaragua, du Burkina Faso et de Yougoslavie (Sarajevo), parce que cette année-là était le 50e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale.
Depuis cette date, dans un travail collectif, des groupes de travail ont élaboré une charte « Terre et Paix », tandis que, tous les deux ans, se déroulent des rencontres internationales pour permettre aux jeunes (et moins jeunes) de découvrir des gens très loin et de découvrir aussi ... leurs voisins !
Parallèlement, la ville de Fougères s’efforce de développer l’éducation à la non-violence. Non-violence qui ne veut pas dire absence de conflit, mais méthode pour régler les conflits en respectant la dignité de chacun. Dans ce but sont organisées des formations pour les enseignants comme pour les parents d’élèves, comme pour les travailleurs sociaux.
Une révolte certaine
un besoin d’être écoutés
L’expérience de Fougères a provoqué un débat dans la salle : notre pays, la France est-il en paix ? « Nous ne sommes pas en guerre physique, mais nous connaissons une guerre psychologique et économique intense et on ne sait pas comme se battre, on ne sait pas quel est l’ennemi » - « l’uniformisation est une guerre économique » - « on a peur de l’autre parce qu’on ne le connaît pas. Comment faire pour mieux se connaître ? ». On a pu sentir, chez les jeunes présents, une révolte certaine, un besoin d’être écoutés, un désir de faire quelque chose ensemble. « nous avons tous le même sang, il est rouge. Tous ensemble on arrivera ». C’est le mérite d’associations comme Rencontres , et le CRFA, de permettre l’émergence de cette jeunesse qui se sait ignorée des adultes et qui ne peut qu’aboutir à la violence et aux excès si elle n’est pas prise en compte.
Il y avait aussi, dans la salle, beaucoup de personnes adultes qui fréquentent le CRFA et le Relais Rencontres : ce qui est très positif, car il y a eu une réelle prise de paroles citoyenne, une liberté d’expression, un débat très riche avec des questions de fond. « Nous aurions apprécié de voir plus d’habitants du Pays de la Mée, notamment des enseignants : l’éducation à la paix n’est-elle pas une des premières finalités de l’éducation en même temps que de former des personnes autonomes et libres ? ». ont dit les organisateurs. Peut être que le travail de Fougères n’a pas été suffisamment présenté, notamment dans le travail quotidien des écoles, des quartiers, du centre social, et du centre socio-culturel (si si, ça existe les centres socio-culturels). Il y a une véritable éducation à la coopération sur le terrain, une recherche dans le « Savoir vivre ensemble », dans le respect de la dignité de chacun. La culture de la paix et de la non violence s’apprend, il y a des démarches à effectuer, des règles : l’écoute, le dialogue, le respect, la coopération, etc.. Accepter le conflit quand il existe, construire plutôt que de vouloir dominer l’autre, c’est tout un apprentissage qui ne se décrète pas à coup de subventions ou d’effets d’annonce. C’est ce qui a été dit notamment par rapport aux violences qu’on rencontre dans nos pays démocratiques : le chômage, l’exclusion, la pauvreté, le racisme, toutes les discriminations... etc.. « Qu’est ce qui empêche nos institutions de choisir la logique de paix plutôt que celle de la compétition »gagnant-perdant« ? A qui profite le crime ? »
Le Manifeste 2000
Le manifeste 2000 de l’Unesco propose de rejoindre le Mouvement International pour la culture de la paix et de la non-violence.
« parce que l’an 2000 doit être un nouveau départ, l’occasion de transformer, ensemble, la culture de la guerre et de la violence en une culture de la paix et de la non-violence » — « parce que pareille transformation exige la participation de chacun et doit offrir aux jeunes et aux générations futures des valeurs qui les aident à façonner un monde plus juste, plus solidaire, plus libre, digne et harmonieux et plus prospère pour tous » — parce que la culture de la paix rend possible le développement durable, la protection de l’environnement et l’épanouissement de chacun "
Engagez-vous !
L’Unesco propose à chacune et chacun de prendre l’engagement, dans sa vie quotidienne de :
1.- Respecter toutes les vies. Respecter la vie et la dignité de chaque être humain sans discrimination ni préjugé.
2.- Rejeter la violence. Pratiquer la non-violence active, en rejetant la violence sous toutes ses formes : physique, sexuelle, psychologique, économique et sociale, en particulier envers les plus démunis et les plus vulnérables tels les enfants et les adolescents.
3.- Libérer ma générosité : Partager mon temps et mes ressources matérielles en cultivant la générosité, afin de mettre fin à l’exclusion, à l’injustice et à l’oppression politique et économique.
4.- Ecouter pour se comprendre. défendre la liberté d’expression et la diversité culturelle en privilégiant toujours l’écoute et le dialogue sans céder au fanatisme, à la médisance et au rejet d’autrui.
5.- préserver la planète. Promouvoir une consommation responsable et un mode de développement qui tiennent compte de l’importance de toutes les formes de vie et préservent l’équilibre des ressources naturelles de la planète.
6.- Réinventer la solidarité. Contribuer au développement de ma communauté, avec la pleine participation des femmes et dans le respect des principes démocratiques, afin de créer, ensemble, de nouvelles formes de solidarité
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Charte Terre et Paix
Consciente de l’enjeu décisif que représente l’éducation des jeunes pour l’avenir même de l’humanité, la ville de Fougères a construit son association « Terre et Paix » autour de l’idée « Protéger la terre, construire la paix »
« Créer des lois qui garantissent la sécurité, la justice et la liberté d’expression ne suffit pas à bâtir la paix et la démocratie. Il y manquera la fraternité tant que les citoyens ne s’engageront pas à faire évoluer les mentalités pour que la solidarité et l’égalité universelle soient la pierre d’angle d’une véritable culture de paix. N’oublions jamais que l’intolérance, la violence et les idéologies fondées sur l’exclusion peuvent mettre en jeu la survie de la planète »
La charte « Terre et Paix » rédigée avec la plupart des associations et structures de la ville, dit ceci :
ARTICLE 1
Aller à la rencontre de l’autre dans le respect de sa différence, en refusant les préjugés qui peuvent exister à son encontre.
ARTICLE 2
Apprendre à mieux connaître son histoire et sa culture pour mieux comprendre celle des autres peuples. S’enraciner dans sa propre communauté : mieux appartenir aux siens pour mieux appartenir au monde.
ARTICLE 3
Créer dans nos écoles, dans nos quartiers, dans notre ville, des espaces de rencontre, de dialogue et de partage pour faire progresser dans notre société une éducation à la paix et à la non-violence.
ARTICLE 4
développer une culture de paix et de non-violence qui s’enracine dans les valeurs qui peuvent être communes à tous les êtres humains, en référence à la déclaration universelle des droits de l’Homme, justice, liberté, égalité et solidarité.
ARTICLE 5
prévenir les tentations de recourir à la violence par l’apprentissage et l’expérimentation des méthodes de résolution non-violente des conflits qui permettent de lutter pour la justice dans le respect de l’adversaire.
ARTICLE 6
développer des pratiques éducatives et pédagogiques novatrices permettant à chaque enfant :
– .d’exercer et de développer sa propre créativité, en particulier par l’expression artistique,
– .d’harmoniser esprit de coopération et pratiques de compétition,
– .d’affirmer sa personnalité en respectant la dignité de l’autre,
– .de vivre les conflits de façon constructive.
ARTICLE 7
Reconnaître les enfants et les jeunes comme acteurs et créateurs à part entière : leur permettre de faire l’expérience de l’autonomie, de la prise de parole dans leur école, leur quartier, leur ville, pour mieux trouver demain leur place de citoyen dans la société.
ARTICLE 8
Favoriser les rencontres entre jeunes de différents pays par la pratique de jumelages et de parrainages entre classes ou écoles, dans la perspective d’une découverte d’autres cultures et d’autres peuples.
ARTICLE 9
Organiser des échanges entre associations autour du sport, de la musique, du chant, du théâtre et de la danse. Inscrire ces relations dans la durée par des liens de réciprocité.
ARTICLE 10
Favoriser une prise de conscience de la mondialisation des problèmes et de leurs solutions possibles. Concevoir, préparer et entreprendre ensemble des actions de coopération liées à la protection de la Planète Terre et à la construction d’une culture de paix et de non-violence, ici et là -bas.
ARTICLE 11
Prendre l’initiative d’actions de solidarité avec les populations civiles et tout particulièrement avec les enfants, victimes de l’injustice, de l’oppression ou de la guerre.
ARTICLE 12
Etre citoyen dans sa ville. Devenir citoyen de la Planète Terre. Pour être acteur de l’Ã -venir de l’humanité.
Contacts
Rencontres 02 40 81 16 50
CRFA 02 40 28 10 00
Fougères 02 99 94 88 62