Grappillages et Mée-disances du 3 mars 2004
Selon le Canard Enchaîné du 18 février 2004 (et le Parisien du 10/2) le nombre de familles sur-endettées explose : « il a augmenté de 14 % entre 2002 et 2003 et de 140 % en 10 ans. Elles seraient actuellement 700 000 dans cette situation. Du coup Jean-Louis BORLOO, Ministre de la Ville se réveille. Dès 2002 il avait annoncé à son de trompe : grâce à la Faillite Civile, les familles dans la mouise pourront se décharger du fardeau écrasant de leurs dettes. Un an plus tard le décret d’application de la loi n’est toujours pas paru. En clair, il suffirait que MER, PERBEN et RAFFARIN le paraphent pour qu’il soit applicable ». Mais MER, PERBEN et RAFFARIN planent dans d’autres sphères et n’ont que faire de la plèbe : d’ailleurs ces crétins de pauvres ne sont même pas capables de gérer leur budget ! (ndlr : Cette nouvelle mesure est finalement applicable depuis la parution au journal officiel, mercredi 25 février 2004, du décret « relatif à la procédure de traitement des situations de surendettement des particuliers ».)
Selon le Canard, MER justement préparerait sa valise : « MER en a ras-le-bol de CHIRAC qui annonce une baisse de la taxe professionnelle sans même prendre la peine de lui demander son avis, de VILLEPIN incapable de mener une politique européenne cohérente, de RAFFARIN qui refuse d’assumer publiquement une politique de rigueur, et on en oublie ... L’affaire de la réduction des charges en faveur des restaurateurs a achevé de déprimer le Ministre de l’économie ; c’est Matignon qui a imposé cette baisse d’un milliard d’euros par an des charges payées par les restaurateurs sans informer ni MER, ni son Ministre délégué Alain LAMBERT. Un collaborateur de MER résume : C’est n’importe quoi ! On prend des engagements budgétaires et on annonce une baisse des charges qui plombe encore plus le déficit. On accorde un milliard d’euros par an aux restaurateurs, alors qu’on refuse un moindre centime aux chercheurs et le porte parole du Gouvernement Jean-François COPPE explique aux journalistes que cette mesure va être financée par..... la croissance ! » . LOUIS XV disait volontiers, paraît-il : Après Moi le déluge. CHIRAC est peut-être un descendant de LOUIS XV ....par les soubrettes ?
Selon le Canard encore (et Libé du 16/2) : « Le prix de l’eau a augmenté en France 2 fois plus vite que le coût de la vie (+ 8 % entre 1998 et 2001. Merci encore, VEOLIA, BOUYGUES,SUEZ-LYON-NAISE, etc ... » A force de mettre de l’eau dans son vin, voilà ce qui arrive !
Cancers et pollution
Toujours selon le Canard : « Pour la première fois, un cancérologue éminent le Professeur BELPOMME, qui a passé sa vie à combattre le cancer, et a fondé en 1994 l’une des associations spécialisées les plus respectées dans la lutte contre fléau, l’ARTAC, et à qui CHIRAC a confié la mise en œuvre de son fameux » plan cancer « . Pour la première fois donc, quelqu’un qui est au cœur du système, l’affirme : Les quatre cinquièmes des cancers sont dus à la pollution (Ces maladies crées par l’homme .- Albin Michel). Si le nombre de cancers en France a doublé depuis la seconde guerre mondiale (150 000 morts par an ), si ces 20 dernières années le nombre de cancers du sein a doublé, celui des cancers de la prostate quadruplé, et celui des cancers de l’enfant progressé, ce n’est pas à cause du tabac (responsable de 30 000 morts par an) ni à cause de l’allongement de la durée de la vie . NON : c’est parce que depuis ces 20 dernières années, la situation a terriblement changé . Les aliments que nous ingérons, l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons sont beaucoup plus pollués. Pour le Professeur BELTOMBE : notre société est cancérigène et elle se rassure en fixant des seuils et des doses minimum, mais, il n’existe pas de dose seuil dans les processus de cancérisation. Pour générer un cancer ou une malformation congénitale, une seule cellule est nécessaire et l’apport d’une seule mutation suffisant : A l’origine de la plupart des cancers, ce n’est donc pas la quantité totale de dose reçue qui importe, mais sa répétition : ce sont des doses infimes, ingérées jour après jour, par l’homme qui finissent par tuer ! »
Au fond, ce n’est peut-être pas la désintégration atomique qui aura raison de l’homme et de la planète, mais la course à la productivité et au profit par n’importe quels moyens dans le cadre d’une concurrence exacerbée appelée mondialisation ou globalisation (dont l’Europe libérale n’est que le premier marchepied). Ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés, écrivait jadis le bonhomme LA FONTAINE !
Relevé dans Républicain et Citoyen de février 2004 : « D’année en année, le budget de la Recherche diminue et les créations de postes se font de plus en plus rares : dans une société de marchands et de communicateurs, la recherche perd de son attrait. Les États-Unis et le Japon ont depuis longtemps compris que seul l’argent public peut répondre aux besoins de la recherche fondamentale, source plus ou moins lointaine d’applications industrielles rentables et innovantes. (.....) Les dépenses françaises de recherche et de développement en % du PIB (produit intérieur brut) sont passées de 2,42 % en 1990 à 2,20 % en 2002, alors que, pour la même période la Suède est à 4,27 % et l’Allemagne à 2,50 % .- En ce qui concerne les dépenses des entreprises pour la recherche et le développement, l’écart est encore plus sensible : 1,41 % du PIB en France en 2001, 1,76 % en Allemagne, 1,86 % au Royaume-Uni et 3,31 % en Suède ». Ce n’est peut-être pas l’un des aspects les plus criants de la politique lamentable de ce Gouvernement, mais c’est à coup sûrl’un des plus nocifs pour l’avenir, pour l’emploi, et tout simplement pour la pérennité de notre pays. On aurait dû sur ce point entendre la voix du MEDEF ; on ne l’a pas entendue ce qui prouve que le patronat, notamment privé, français ne s’intéresse qu’à ses grands et petits profits personnels immédiats !
Relevé dans Marianne du 16 au 22 février : « La situation politique en Allemagne est particulièrement significative et symbolique ; Elle pourrait se résumer ainsi : 1) : La droite exige des réformes d’inspiration néo-libérale ; 2) Le Chancelier SCHRODER et le S.P.D. réalisent les réformes » courageuses « voulues par la droite ; 3) L’électorat de gauche s’insurge et lâche SCHRODER et le SPD ; 4) En fonction de quoi la droite, déchaînée, exploite le mécontentement suscité par les réformes qu’elle avait exigées et demande la démission immédiate de SCHRODER ainsi que de nouvelles élections. Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent FABIUS et STRAUSS-KAHN , qui, il y a quelques mois encore ne tarissaient pas d’éloges à l’égard de SCHRODER ». Ainsi en va-t-il de la social-démocratie (ou du social-libéralisme). On pourrait aussi toujours s’interroger sur les conséquences d’une campagne présidentielle (et d’un virage politique) vers le libéralisme. Le problème n’est pas un problème de stratégie, mais un problème de choix politiques, de principes, et de convictions, et il ne concerne pas seulement l’Allemagne ou la France .
Noté dans Marianne cette remarque de Dominique de VILLEPIN au Journal du dimanche : « J’ai payé jusqu’en France, face au MEDEF, d’avoir osé contesté l’hyper puissance américaine ». Normal ! N’est-ce pas de GAULLE qui feignait de s’étonner de n’avoir pas rencontré à Londres, entre 1940 et 1944 un seul responsable patronal ? Une tradition ! Un certain nombre d’hommes « politiques ( ?) » ne fonctionnent pas avec des convictions ou des principes mais avec des cotations et des statistiques. Quant au MEDEF ? La question ne se pose même pas !
Relevé également dans Marianne une étude de Roland HUREAUX, haut fonctionnaire libéral mais anticonformiste selon laquelle la décentralisation (tout au moins celle qui a été pratiquée jusqu’à ce jour) est une vraie gabegie : « Les collectivités locales sont responsables d’une grande partie de l’augmentation des dépenses publiques .- Des trois pôles principaux de la dépense publique, l’État, la sécurité Sociale et les Collectivités locales ,seules les dépenses de l’État ont quasiment cessé d’augmenter depuis 20 ans (... ). Les dépenses de l’État ont augmenté de 1,8 %, celles de la sécurité Sociale de 25 %, et celles des Collectivités Locales de 30 % .- Plus une Collectivité dépense, plus elle reçoit de subventions de l’État (ou du département, ou de la Région, ou de l’Europe, selon le cas en vous disant que cela ne vous coûte rien !). résultat : un élu local, ou communautaire, ou cantonal, ou départemental, ou régional a toujours intérêt à dépenser : Les impots locaux ont explosé et sont passés de 15 milliards d’euros en 1982 à 60 milliards d’euros en 2002 ! - On recensait 529 576 agents locaux en 1977 . Trois ans plus tard, ils étaient 1 737 400 (68 % dans les Communes, 13 % dans les départements, 8 % dans les groupements de Communes, 1 % dans les Régions ) .- La fonction publique locale continue de grossir de 30 000 emplois par an : les effectifs de la fonction publique sont restés stables, ceux des collectivités locales ont été multipliés par 3. Les bénéficiaires de cette dispendieuse réalisation sont, selon Roland HUREAUX, les Maires des grandes villes, les » nouveaux féodaux « . Et depuis longtemps la France contemporaine dénonce régulièrement le spectre d’un jacobinisme, qui, comme tous les spectres, a en propre de ne pas exister, de n’être qu’une apparence ». On a d’ailleurs créé des régions artificielles, de bric et de broc, qui n’ont ni assise historique commune, ni cohérence économique évidente : tel est le cas des pays dits de Loire créés par et pour un seul homme et qui se sont empressés bien entendu, de se construire un Palais de Région !
Pioché dans Marianne, toujours : « C’était l’époque où les rois faisaient de la poésie, ou en tous cas ils en lisaient, ou en écoutaient. La preuve, ils avaient des poètes chez eux, alors qu’aujourd’hui ils ont des conseillers en communication. La Pléiade n’était pas une collection, mais une bande de potes ... ». Mais que pourrait-on bien faire de poètes aujourd’hui ? Je vous demande un peu ? Il y en a vraiment qui ont des idées tordues !
Les hommes plus flexibles que les robots
Lu dans le Courrier International du 19 au 25 février (en provenance du Corriere della Sera de Milan) : « C’est la revanche de l’homme sur la machine. A Sugegana, près de Trévise, les robots de l’Usine ELECTROLUX partent à la retraite, et les ouvriers retournent à la chaîne de montage. Car on se rend compte que dans la production de haute qualité, les humains sont plus fiables, plus flexibles et plus économiques. ELECTROLUX,colosse de la production de réfrigérateurs, véritable modèle pour l’application de l’intelligence artificielle, vient d’annoncer aux syndicats qu’il allait investir 7 millions d’euros d’ici à 2005 pour révolutionner le processus de fabrication dans le tiers de ses établissements. Première étape : les chariots téléguidés qui, à la fin des années 80 avaient stupéfié les visiteurs de l’atelier seront mis au rebut . (...) Que l’automatisation de haut niveau nous limite, nous l’avions compris depuis longtemps, ne serait-ce qu’en chaîne au moindre accroc observe le secrétaire du Syndicat FIM CISL de la vénétie, Gigi COPIELLO. La direction va nous demander une plus grande flexibilité dans les horaires, comme d’habitude ! Candido OMICIULO est plus circonspect : nous voulons y regarder de plus près : revenir aux cadences des chaînes de montage d’autrefois serait un pas en arrière ». Quoi qu’il en soit la démonstration et l’aveu que l’ouvrier est supérieur à la machine est une réhabilitation et une première historique, le reste est une tout autre question, celle de l’exercice du rapport de forces !
Du Courrier International (et de Lltalehti de Helsinki) : « 170 000 euros. C’est le montant de l’amende pour excès de vitesse infligé à un millionnaire finlandais. Jussi SALONOJA roulait à 80 kilomètres/heure au lieu de 40, dans le centre d’Helsinki. Les contredanses, en Finlande, sont fonction du revenu. Elles pourraient être plafonnées ». Excellente législation, excellente justice et excellente pratique. Transmis à SARKOZY et PERBEN sans illusion aucune hélas : La France n’est-elle pas un pays d’égalité : d’ailleurs ça se constate tous les jours !
Et du Courrier International enfin (et de Asharq al-Awsat de Londres ) : « Le séisme d’une magnitude de 5,1 qui s’est produit le 11 février en Israë l est le fruit du courroux de Dieu. Par ce tremblement de terre, l’Éternel protestait contre la décision du ministère des finances de relever le prix du pain de 40 % a expliqué le Rabbin David BASRI, une grande figure pour les juifs orientaux du pays ! ! ». Dans ces conditions, avec le paquet de coups fourrés des grands manitous aussi bien français qu’européens et mondiaux qui nous gouvernent, qu’est-ce qui ne risque pas de nous tomber un jour prochain sur le coin de la figure !
Chasteté .... ceinture !
De Marianne : « début de panique à l’aéroport d’Athènes. Une passagère britannique vient de déclencher l’alarme du portique de détection des métaux et elle commence à avoir un drôle d’air. Les autorités s’emparent d’elle et la conduise dans une salle de fouille. L’équipe de déminage est sur les dents. S’agit-il d’une bombe-ceinture ? On déshabille la terroriste supposée. Stupeur, puis éclats de rire : la dame porte une ceinture de chasteté. Extrêmement gênée, elle balbutie que c’est son mari qui lui a posé cet appareil pour s’assurer qu’elle ne serait point volage lors de son voyage en Grèce. La passagère a pu embarquer avec sa ceinture. Bon, elle n’est pas une terroriste, mais vu ses méthodes, son mari est certainement un taliban ! » Faut-il en rire, ou en pleurer, en tous les cas sûrement s’en indigner .
Prosternons-nous, mes frères, et mes soeurs aussi bien entendu.
Echos cueillis par Jean Gilois