Ecrit le 15 décembre 2010
La fin programmée de la démocratie
Nous vivons depuis dix ans un changement radical de régime politique dans les pays occidentaux, avec l’avènement d’un nouveau pouvoir, celui des réseaux économiques et financiers. Voici les raisons pour lesquelles nous ne sommes déjà plus tout à fait en démocratie.
1) Le pouvoir a déjà changé de mains
Les véritables maîtres du monde ne sont plus les gouvernements, mais les dirigeants de groupes multinationaux financiers ou industriels, et d’institutions internationales opaques (FMI, Banque mondiale, OCDE, OMC, banques centrales). Or ces dirigeants ne sont pas élus, malgré l’impact de leurs décisions sur la vie des populations.
Le pouvoir de ces organisations s’exerce sur une dimension planétaire, alors que le pouvoir des Etats est limité à une dimension nationale.
Par ailleurs, le poids des sociétés multinationales dans les flux financiers a depuis longtemps dépassé celui des Etats.
De dimension transnationale, plus riches que les Etats, mais aussi principales sources de financement des partis politiques de toutes tendances et dans la plupart des pays, ces organisations sont de fait au dessus des lois et du pouvoir politique, au dessus de la démocratie.
2) Une démocratie de façade
Tous les traités élaborés ces cinq dernières années (GATT, OMC, NTM, NAFTA) visent un but unique : le transfert du pouvoir des Etats vers des organisations non-élues, au moyen d’un processus appelé « mondialisation ».
Une suspension proclamée de la démocratie n’aurait pas manqué de provoquer une révolution. C’est pourquoi il a été décidé de maintenir une démocratie de façade, et de déplacer le pouvoir réel vers de nouveaux centres.
Les citoyens continuent à voter, mais leur vote a été vidé de tout contenu. Ils votent pour des responsables qui n’ont plus de pouvoir réel.
3) L’information a disparu
Depuis le début des années 90, l’information a progressivement disparu des médias destinés au grand-public. Comme les élections, les journaux télévisés continuent d’exister, mais ils ont été vidés de leur contenu.
Un journal télévisé contient au maximum 2 à 3 minutes d’information véritable. Le reste est constitué de sujets « magazine », de reportages anecdotiques, de faits divers, de micro-trottoirs et de reality-shows sur la vie quotidienne.
Les analyses par des journalistes spécialisés, ainsi que les émissions d’information ont été presque totalement éliminés. L’information se réduit désormais à la presse écrite, lue par une minorité de personnes.
La disparition de l’information est le signe tangible que notre régime politique a déjà changé de nature.
4) le contrôle du monde
Les responsables du pouvoir économique sont quasiment tous issus du même monde, des mêmes milieux sociaux. Ils se connaissent, se rencontrent, partagent les mêmes vues et les mêmes intérêts. Ils partagent donc tout naturellement la même vision de ce que devrait être le monde idéal futur.
Il est dès lors naturel qu’ils s’accordent sur une stratégie et synchronisent leurs actions respectives vers des objectifs communs, en induisant des situations économiques favorables à la réalisation de leurs objectifs, à savoir :
- Affaiblissement des Etats et du pouvoir politique. déréglementation. Privatisation des services publics.
- désengagement total des Etats de l’économie, y compris des secteurs de l’éducation, de la recherche, et à terme de la police et de l’armée, destinés à devenir des secteurs exploitables par des entreprises privées.
- Endettement des Etats au moyen de la corruption, des travaux publics inutiles, des subventions données aux entreprises sans contrepartie, ou des dépenses militaires.
- Lorsqu’une montagne de dettes a été accumulée, les gouvernements sont contraints aux privatisations et au démantèlement des services publics. Plus un gouvernement est sous le contrôle des « Maîtres du Monde », et plus il fait augmenter la dette de son pays.
– précarisation des emplois et maintien d’un niveau de chômage élevé, entretenu grâce aux délocalisations et à la mondialisation du marché du travail. Ceci accroît la pression économique sur les salariés, qui sont alors prêts à accepter n’importe quelles conditions de travail.
– Réduction des aides sociales, pour pousser le chômeur à accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire.
– Empêcher la montée des revendications salariales dans le Tiers-Monde, en y maintenant des régimes totalitaires ou corrompus. Si les travailleurs du Tiers Monde étaient mieux rémunérés, cela briserait le principe même des délocalisations et du levier qu’elles exercent sur le marché du travail et la société en Occident. Ceci est donc un verrou stratégique essentiel qui doit être préservé à tout prix. La fameuse « crise asiatique » de 1998 a été déclenchée dans le but de préserver ce verrou.
5) Les attributs du pouvoir
Les organisations multinationales se dotent progressivement de tous les attributs de la puissance des Etats : réseaux de communication, services de renseignements, fichiers sur les individus, institutions judiciaires (établies par l’OMC)
L’étape suivante -et ultime- pour ces organisations sera d’obtenir la part de pouvoir militaire et policier qui correspond à leur nouvelle puissance, en créant leurs propres forces armées, car les armées et polices nationales ne sont pas adaptées à la défense de leurs intérêts dans le monde.
A terme, les armées sont appelées à devenir des entreprises privées, des prestataires de services travaillant sous contrat avec les Etats, aussi bien qu’avec n’importe quel client privé capable de payer leurs services. Mais à l’étape ultime du plan, ces armées privées serviront les intérêts des grandes multinationales, et attaqueront les Etats qui ne se plieront pas aux règles du nouvel ordre économique.
6) La disparition de la nature
La disparition de la nature est inévitable, voulue par le nouveau pouvoir économique. Pour trois raisons :
1 - La disparition de la nature et l’augmentation de la pollution vont rendre les individus encore plus dépendants du système économique pour leur survie, et vont permettre de générer de nouveaux profits (avec notamment une consommation accrue de médicaments et de prestations médicales...).
2 - Par ailleurs, la nature constitue une référence d’un autre ordre, celui de l’univers. La contemplation de la beauté et de la perfection de cet ordre est subversive : elle amène l’individu à rejeter la laideur des environnements urbanisés, et à douter de l’ordre social qui doit demeurer la seule référence. L’urbanisation de l’environnement permet de placer les populations dans un espace totalement contrôlé, surveillé, et où l’individu est totalement immergé dans une projection de l’ordre social.
3 - Enfin, la contemplation de la nature incite au rêve et intensifie la vie intérieure des individus, développant leur sensibilité propre, et donc leur libre-arbitre.
Ils cessent dès lors d’être fascinés par les marchandises, ils se détournent des programmes télévisés destinés à les abrutir et à contrôler leur esprit. délivrés de leurs chaînes, ils commencent à imaginer une autre société possible, fondée sur d’autres valeurs que le profit et l’argent.
Tout ce qui peut amener les individus à penser et à vivre par eux-mêmes est potentiellement subversif. Le plus grand danger pour l’ordre social est la spiritualité car elle amène l’individu à bouleverser son système de valeurs et donc son comportement, au détriment des valeurs et comportements précédemment implantés par le conditionnement social.
Pour la stabilité du « nouvel ordre social », tout ce qui peut stimuler l’éveil spirituel ou intellectuel doit être éliminé.
7) La dernière chance
Pour ne pas être définitivement exclus du jeu, les contre-pouvoirs au pouvoir économique (syndicats, associations de consommateurs, mouvements écologistes) doivent répondre en se plaçant sur le même niveau d’organisation, au niveau mondial et non plus national, en unifiant et en synchronisant leurs actions, à l’échelle de groupes d’Etats pesant un poids suffisant dans les flux économiques mondiaux.
Il reste peu de temps pour réagir, car tous les moyens de contrôle nécessaires à une future dictature mondiale sont désormais en place.
Mais keski font ?
Il existe depuis 1952 un groupe de 130 personnes environ, le club Bilderberg, qui se réunit tous les ans en secret : américains et européens, personnalités de la diplomatie, des affaires, de la politique et des médias. Keski disent ? Keski font ? On ne le sait pas. Leur dernière rencontre connue se situe les 4-5-6 juin 2010 à Sitges, station balnéaire proche de Barcelone. Keski zondi ? c’est le mystère le plus complet ! Contrairement au forum économique mondial de Davos, les participants s’engagent à ne pas raconter ce qu’ils ont vu et entendu dans le saint des saints. Un important service de sécurité dont le coût est évalué à 600 000 € pour 2010, empêche toute intrusion. Même s’il ne peut pas prendre des décisions formelles, ce groupe des « Maitres du monde » établit un consensus qui influence fortement les décisions des élites politiques et des responsables des banques et des entreprises. Et la démocratie là -dedans ? La possibilité pour les peuples de décider de leur destin ? Bof ! La démocratie n’est qu’un (vilain) mot.
Huit stratégies de manipulation
Les maîtres du monde - extrait d’un article d’Alternatives économiques de mai 2010