Ecrit le 18 janvier 2012
Le compte de la mémé
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C’est une histoire moderne, une histoire de notre temps. Elle met en scène des humains et des machines (Ndlr : il faudra bien un jour faire : machine arrière !).
Première histoire : une vieille dame de 96 ans est décédée. Ca arrive ces choses-là . Son fils écrit à l’agence bancaire du domicile de cette dame :
" Je vous adresse ci-joint un nouvel exemplaire de l’acte de décès de votre ex-cliente, ma mère, Denise M., décédée fin novembre 2011, le premier vous ayant été adressé très peu de temps après l’enterrement, qui a eu lieu le 1er décembre.
Je conçois aisément que dans votre organisation qui compte, sans doute plusieurs milliers d’employés, il soit difficile de les informer tous du décès d’une cliente, afin d’épargner à leur famille des menaces comme celles que renferme votre courrier du 14 décembre.
Bien entendu si le véritable Directeur d’agence est un ordinateur on ne peut lui en vouloir de ne s’être pas maîtrisé suffisamment bien, tout seul, pour remédier aux manques des humains qui l’entourent.
J’ose espérer que ce courrier épargnera à ma défunte mère d’être signalée à la Banque de France et de subir des sanctions pénales et que, si votre ordinateur avait déjà commis l’irréparable, vous trouveriez la volonté et le pouvoir de le contrecarrer et de corriger cette initiative malheureuse.
Je rappelle que vous détenez encore au nom de ma chère disparue un placement d’environ .. ... euros que le notaire, Me T. , vous dira comment traiter dans le cadre de la succession : je doute que le découvert que votre ordinateur signale ait été supérieur à cette somme, d’autant plus que le compte est bloqué à la suite du décès.
Dîtes à votre ordinateur qu’il serait, pour le moins, courtois, d’inscrire votre nom à côté de votre signature sur tous les papiers qu’il émet, même si c’est à votre insu, afin d’atténuer sa propre responsabilité et de montrer que vous restez néanmoins responsable de votre agence et de ses errements.
Le trop-perçu par le chômeur
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Deuxième histoire : un chômeur reçoit un courrier du Centre prélèvement Service dont dépend sa commune. Objet : remboursement de trop-perçu ! Sympa ! Ca sonne doux aux oreilles dans une époque pas simple. Le sourire s’éteint vite : 0.00 € Le courrier dit ceci :
Voici la situation de votre contrat :Total de I’impôt ...Montant prélevé ...Montant à vous rembourser 0,00 €
Cette somme sera remboursée par virement sur le compte suivant ( ... etc).
Sans polémiquer sur le discrédit que ce genre de courrier jette sur notre (chère) administration, j’exprime mon ras-le-bol de ces ROBOTS qui crachent du papier, qui mettent sous pli, qui timbrent et qui envoient sans contrôle. Le courrier n’est bien sûrpas signé (que de temps de « perdu » !!).
La grosse, l’énorme question posée, c’est la reprise en main de la technologie par l’humain. Obtenir en 2 min un nom, un lien, une solution plutôt que de buter systématiquement sur des voix anonymes qui invitent à répondre en tapant des codes ou des choix (tapez 1, tapez 2 ou 3...). Si jamais vous trouvez la bonne case. Cela devient insupportable, presque comique quand on vous dit que « tout » est communication.
Les ordres des robots
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En Bourse, les courtiers sont assistés depuis des années par des logiciels qui passent les ordres d’achat et de vente à leur place et souvent même sans supervision humaine. Ces logiciels permettent des transactions éclair. Moyennant un abonnement auprès d’opérateurs boursiers, des courtiers ont accès à des informations quelques millisecondes avant les autres investisseurs. Ces informations sont traitées à la vitesse de la lumière par les ordinateurs ultrapuissants de ces courtiers privilégiés, qui passent aussitôt des ordres anticipant les mouvements d’un titre. Du coup, chaque transaction, ou presque, permet de dégager des bénéfices. Les minuscules bénéfices ainsi engrangés aboutissent, en fin de compte, à des gains importants.
Le hic ? Seuls les grands groupes financiers bénéficient de l’avantage des transactions éclair, et ce, au détriment des autres investisseurs.« La Bourse est censée allouer le capital aux utilisations les plus productives, comme aider les entreprises qui ont de bonnes idées. Mais il est difficile d’imaginer comment les courtiers qui donnent leurs ordres un trentième de seconde plus vite que les autres contribuent à l’amélioration de cette fonction sociale », a écrit Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, dans une chronique publiée dans le New York Times.
Les robots peuvent même amplifier les erreurs humaines ! 6 mai 2010, 14 h 32 : un courtier ordonne la vente de Contrats à Terme pour un montant de 4 milliards de dollars mais une erreur se glisse dans l’ordre, celui-ci ne comporte pas de prix de vente. En un clin d’oeil, toute la planète finance bascule dans une spirale infernale conduite à un train d’enfer par les robots traders. En l’espace de quelques minutes, c’est près de 1000 milliards de dollars qui se sont envolés faisant plonger Wall Street de près 10 %. Bravo les robots !
Voir aussi : Nous sommes gouvernés par des robots