Ecrit le 7 novembre 2012
Lobby funéraire
Lemonde.fr du 01/11 : Michel Kawnik, président-fondateur de l’Association française d’information funéraire (AFIF), œuvre bénévolement depuis vingt ans après avoir été effaré, lors du décès d’un proche, par les méthodes commerciales du secteur. Vingt années de combat contre le « lobby funéraire », d’enquêtes menées en jouant les clients mystère, et même en se faisant embaucher, qui lui ont parfois valu de recevoir par la poste des cercueils en carton... Chaque jour, son site enregistre 4000 connexions, son téléphone sonne 20 fois. Il tente de convaincre que, oui, un devis préalable est indispensable, et que, non, toutes les prestations proposées ne sont pas nécessaires. « 80 % des sociétés de pompes funèbres agissent sans aucune éthique commerciale spécifique au domaine du funéraire. Leur seule politique est celle du tiroir-caisse. Tout est fait pour que les obsèques coûtent le plus cher possible », explique-t-il.
En cas de décès dans un centre de soins, il y a gratuité d’hébergement du corps pendant trois jours. Un défunt peut également rester jusqu’Ã six jours à domicile où il est parfaitement possible de réfrigérer le corps. « Mais les sociétés de pompes funèbres poussent au transfert vers une chambre funéraire parce qu’il faut bien faire tourner véhicules et salariés ! ». Ses relevés l’attestent : entre le nord et le sud de la France, ou la région parisienne, les prix passent du simple au triple. Au sein d’un même secteur géographique, ils fluctuent encore du simple au double.
Les crémations - qui représentent un tiers des funérailles aujourd’hui, après un doublement en une décennie - devraient logiquement revenir 30 % moins cher que les inhumations. Elles sont aussi coûteuses, et même davantage dans un tiers des cas. « On vend aux familles des cercueils en bois massif alors qu’il en existe de plus légers et moins coûteux pour les crémations, on rajoute constamment des prestations, par exemple 350 euros pour disperser les cendres au cimetière... »
Et l’on joue l’urgence comme stratégie commerciale. « Nous, nous disons qu’il n’y a plus aucune urgence. Prenez les pages jaunes rubrique pompes funèbres. téléphonez à trois ou quatre entreprises en posant quelques questions simples. Quel est le premier prix pour un cercueil destiné à la crémation ? Quel est le coût du corbillard, des porteurs, leur nombre ? Si l’entreprise ne veut pas répondre, fuyez ! » Car c’est aux familles de défendre leurs intérêts. « Ce ne sont pas les sociétés de pompes funèbres qui s’en chargeront. »
Accès à la nationalité française « entravé »
La-Croix.com du 31/10 : Le rapport Mennucci sur l’accès à la nationalité française fait état d’une hausse massive du nombre de décisions négatives observée en 2011 et au premier semestre 2012. Leur nombre est passé de 36 281 en 2010 à 52 855 en 2011, soit une hausse de 45,6%. Au premier semestre 2012, on comptait déjà 22 151 décisions défavorables. Ces décisions négatives résultent notamment d’une hausse des décisions d’ajournement (+60,7% de 2010 à 2011) et de rejet (+81,2%). A l’inverse, le nombre d’irrecevabilités, prises lorsque les conditions légales ne sont pas réunies, a diminué, passant de 7 781 à 6 452.
« L’accès à la nationalité française a été, ces dernières années, entravé. Un durcissement de l’appréciation des critères de naturalisation a été opéré par le précédent gouvernement en catimini par le biais d’instructions ministérielles confidentielles adressées aux préfets ». Ces instructions ont été données sous la forme de « fiches d’aides à la décision » ou de « fiches pédagogiques » sans en-tête ni signataire, durcissant l’appréciation des critères relatifs notamment à l’insertion professionnelle et aux infractions à la législation sur le séjour régulier remontant à plus de cinq ans.
« Les effets du durcissement de la doctrine ministérielle ont vraisemblablement été amplifiés par la déconcentration des procédures de naturalisation après un décret de juin 2010 ». Depuis ce décret, les dossiers sont instruits par les préfectures, alors qu’ils étaient avant centralisés dans un bureau spécialisé près de Nantes.
Contraception, IVG
Le Monde.fr du 31/10 : Lors du débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, la taxe sur la bière aura fait beaucoup plus de bruit que le remboursement à 100 % de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pour toutes les femmes et la gratuité de la contraception pour les mineures de 15 à 18 ans. Ces deux avancées majeures pour les droits des femmes n’ont pas fait débat et ont été adoptées, sans polémique, le 26 octobre. Seuls six députés UMP (des hommes uniquement) se sont opposés à la prise en charge intégrale de l’IVG et ont voté contre, faisant valoir que cette mesure allait « conduire à une banalisation de l’avortement ». []
Non seulement ces deux mesures concrétisent des engagements pris par François Hollande, mais les conditions sereines dans lesquelles elles ont été votées illustrent le chemin parcouru depuis le combat de Lucien Neuwirth pour l’accès à la contraception et celui de Simone Veil en faveur du droit à l’avortement. Pourtant, il n’y a encore pas si longtemps, l’autorisation de la délivrance de la « pilule du lendemain » par les infirmières des lycées, voulue par ségolène Royal, alors ministre déléguée à l’enseignement scolaire, avait suscité un tollé dans les rangs de l’Église et chez certains responsables de droite. Plus récemment encore, le projet de « pass contraception » permettant aux jeunes filles d’accéder gratuitement à un contraceptif s’était heurté à un refus catégorique du gouvernement de François Fillon. « Est-ce qu’on peut donner la pilule à une adolescente sans demander l’avis des parents ? C’est un débat », avait considéré Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle.
En levant toute contrainte financière pour garantir le droit des femmes à l’IVG, le gouvernement socialiste parachève les lois Veil et Roudy. Et en autorisant les jeunes filles à disposer gratuitement d’une contraception, il permet à toutes celles qui n’ont pas accès à un centre de planning familial de maîtriser leur vie amoureuse et sexuelle sans barrière budgétaire. [...]
Les mesures adoptées par l’Assemblée nationale, dans un pays comptant 200 000 avortements par an (dont 12 000 pour des mineures), ne prendront tout leur sens que si elles s’accompagnent d’un meilleur accès aux centres IVG et d’une réelle politique d’éducation à la sexualité et de prévention auprès des jeunes.
Consultations privées à l’hôpital
Les Echos.fr du 29/10 : l’Assemblée nationale a voté, avec le feu vert du gouvernement, une série de mesures renforcant le contrôle des consultations privées des médecins au sein des établissements publics. Cette pratique concerne environ 4.500 praticiens hospitaliers, soit 12% d’entre eux. Il ne s’agit ni de l’interdire ni même de la restreindre, mais de mettre fin aux « abus ». [...]
Les patients devront désormais s’acquitter de la consultation auprès de l’hôpital, qui reversera ensuite au médecin ce qu’il lui doit. Le paiement direct au praticien ne sera plus autorisé. Deuxième mesure, le praticien ne pourra être payé que s’il fournit son planning précis à la direction de l’hôpital, qui pourra ainsi vérifier que l’exercice libéral ne dépasse pas 20% de son activité, comme c’est la règle. S’il dépasse ce seuil, « une pénalité est due à l’établissement », prévoit le texte. En cas d’abus, les directeurs pourront même demander à l’agence régionale de santé le retrait de l’autorisation d’exercer en libéral. Cet amendement à la loi de financement de la sécurité sociale doit encore être voté au sénat, le mois prochain.
En attendant, il suscite de vives réactions chez les syndicats de médecins hospitaliers : « Sur le fond, nous n’avons rien à redire, mais le gouvernement aurait pu nous consulter, d’autant qu’il a annoncé une concertation sur la question de l’exercice libéral à l’hôpital ».