Ecrit le 20 février 2013
Intersexuation
Un débat anime aujourd’hui la vie politique française autour de l’homosexualité et du « Mariage pour Tous ». Politiquement, chacun s’engage dans ses croyances, pour ou contre. Certains affirment qu’il s’agit d’Égalité ; d’autres s’insurgent, prétextant qu’on touche aux bases de notre civilisation. Nos traditions judéo-chrétiennes amènent à penser que nous ne pouvons être qu’homme ou femme, mais alors que faisons-nous des 1% de la population, frappée d’une anomalie intersexuelle génétique, physiologique ou anatomique (soit 655 860 personnes en France).
Ma réflexion porte sur une déconvenue qui peut arriver dans toutes les familles : j’imagine bien votre tête en voyant, à l’adolescence, votre « princesse » qui élargit des épaules et prend du poil au menton ou votre « footballeur préféré » qui devient une jolie poupée. Bien sûr, tous ne se transforment pas ainsi à l’adolescence, ceci ne concerne que 1/100 000 des cas, mais doit on les cacher ? Les oublier ?
L’intersexualité
Aussi appelée « hermaphrodisme » ou « ambiguïté sexuelle », l’intersexuation est une variation du développement sexuel. C’est-Ã -dire que les organes génitaux de la personne ne correspondent pas aux standards mâle et femelle. L’hermaphrodisme a toujours existé et n’est pas si rare que ça. En revanche, depuis le début du XXe s, elle est passée sous silence dans notre société.
Et ça se « soigne » ? Oui/non. Nous devons accepter déjà que ce ne soit pas une maladie. Les normes sociales sont si prégnantes que la plupart des intersexués souffrent, en premier lieu, de difficultés psychiques, liées à cette différence. Ils ont souvent une médication à vie (prise d’une hormone qui permettra de se faire reconnaître dans un modèle socialement acceptable, etc) et ils seront probablement sujets à la chirurgie. Nombre d’enfants sont opérés dès deux mois, non pour une maladie déclarée, mais bien pour les affirmer dans un genre (qui ne correspondra pas forcément lors du développement hormonale à l’adolescence). Des garçons sont réassignés en filles chirurgicalement (création d’un néo-vagin) avec appoint d’hormones à la puberté ; des fillettes, d’apparence idéalement féminine, sont opérées à l’adolescence, on leur explique qu’on leur enlève les ovaires, alors que ce sont des testicules (risque de cancer). Par ces actes, beaucoup d’intersexués seront frappés d’infertilité.
Homme ou femme, comment peut-on ainsi se marier ? Avec qui ? L’orientation sexuelle n’a donc rien à voir avec l’identité sexuée. En France, les personnes intersexuées désirant aller à « l’encontre » du sexe qui leur a été imposé, sont considérées comme transsexuel.le.s
Le fait d’être considéré comme dysphorique de genre (= transsexuel.le) est vécu comme une volonté d’effacer l’identité de ces personnes et comme une justification des opérations de « normalisation » faites dans l’enfance.
Il s’agit certes d’une petite minorité, mais ils n’en possèdent pas moins les mêmes qualités de citoyens qui doivent leur permettre de s’exprimer, de s’émanciper librement, mais également d’adopter.
Sans doute est-il temps de dénoncer des médications et quelques chirurgies qui n’ont lieu d’exister que par soumission à une norme sociale ? La loi interdit les mutilations génitales et toute autre forme de mutilation non nécessaire à la survie d’un enfant, mais elle ne semble pas pourtant s’appliquer aux enfants intersexués. Je trouve alors étonnant qu’aucun médecin ne s’implique pour donner pertinence à cette loi du « mariage-pour-tous » qui peut faire reconnaître ce droit de non-appartenance à la norme.
Pensez que l’ « hermaphrodisme » n’est pas un mythe, bien qu’il s’y rapporte. L’intersexuation, en d’autres civilisations, est considérée comme une perfection. Alors, Messieurs les Politiciens, laissez là vos débats, attachez-vous, avant tout et en dehors de vos convictions personnelles, à faire reconnaître des Droits. Notre Culture heureusement évolue et elle ne doit plus masquer aujourd’hui ces quelques différences. « Aucune injustice n’est plus grave que celle qui interdit à un être de se réaliser dans ce que sa nature a de plus profond et d’essentiel. » Daniel Van Oosterwick
Je vous invite à donc regarder cette vidéo sur l’intersexualité
Avec ce nouveau regard, serez-vous aussi certains de votre positionnement ?
Il est toutefois bien heureux de constater que l’homosexualité n’est plus aujourd’hui réprimée, car il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où elle entraînait vers l’internement !
signé : Charli
Adresses intéressantes sur le sujet :
Document : Dessin : Aurora Consurgens Manuscript
traité d’alchimie médiéval (XVes)
autrefois attribué à Thomas d’Aquin
témoignages
Choix ...
Faits d’actualité : LF est une sportive, médaille d’or. Et tout à coup on découvre son sexe masculin : le niveau de ses performances dans les courses athlétiques féminines était donc directement lié à son taux de testostérone, une sorte de dopage mais naturel ! De retour en son pays, l’Algérie, LF ne cesse de fuir, n’acceptant aucune exploration, aucun traitement de crainte que son secret ne puisse être gardé. Auréolée de titres prestigieux, personnage public hissé au rang de gloire nationale, le sexe féminin a été le moyen de sa reconnaissance sociale et l’instrument de sa célébrité.
Mais le temps passe. La championne admirée tombe dans l’anonymat, alors que son corps se transforme inexorablement. Les longs cheveux, les épilations soigneuses masquent de plus en plus mal la carrure, la musculature à l’évidence masculine, si bien que, dans la rue, elle ne croise plus des regards admiratifs pour ses succès passés, mais elle subit dérision, surprise et mépris. Il ne reste pour cette femme-homme qu’une souffrance inimaginable. Alors LF, à cinquante ans, désire changer de sexe, vivre en tant qu’homme, Je vous laisse imaginer les implications de son choix. Entre autres, la laborieuse procédure juridique au cours de laquelle son dossier passe de mains en mains avec l’évidence de voir l’information se diffuser ; de même que la confidentialité autour d’interventions chirurgicales non dénuées de risques. Sans compter la cascade de conséquences sur ses conditions de vie : une ville et un logement nouveaux, activité professionnelle totalement différente : un traitement à suivre en permanence....
et non-choix
témoignage : " Mes vrais problèmes n’ont commencé qu’à la puberté. Mon corps commençait à se développer d’une façon assez étrange pour une personne assignée administrativement et socialement en tant que fille. Absence de tout signes sexuels féminins (règles, seins). Apparition d’une pilosité assez importante notamment sur mon visage (menton et lèvre supérieure). Ma voix prenait l’aspect plus grave qu’aigu. Toutefois, j’ai pu garder, un corps à silhouette plutôt féminine et mon visage, au-delà d’une certaine pilosité angoissante, gardait des traits plus féminins que masculins. Je m’aimais en corps d’hermaphrodite. Et je ne voulais pas perdre une partie de moi même (masculinité ou féminité), je n’étais vraiment attirée ni par le monde des hommes ni par celui des femmes.
Alors, vers mes 18-19 ans, j’ai pris ma décision finale de rester moi-même, et d’harmoniser mon corps avec mon genre.
J’ai décidé de rester une fille sans pour autant faire intervenir aucun type de traitement sur mon corps. Donc tout en me socialisant en fille, je gardais intact mon corps d’hermaphrodite.
Ma personnalité et un milieu familial très conservateur m’ont empêchée de profiter de ce corps, et c’est à un mode de vie digne des moines bouddhistes que j’ai dû m’adapter. Solitude presque totale, pas d’ami(e)s, pas de sorties, pasma seule distraction c’était mes études fructueuses "