Ecrit le 12 octobre 2016
Coca-Cola aux îles Caïman
Lefigaro.fr du 06/10 : le fisc français s’intéresse de près aux profits réalisés par Coca-Cola France : les locaux de la filiale ont reçu la visite d’une quarantaine d’inspecteurs. Selon les informations de BFM Business, le géant de l’agroalimentaire recourt à plusieurs paradis fiscaux pour dissimuler ses profits aux yeux de l’administration fiscale. « The Coca-Cola Company se contente d’exploiter la recette, les mar-ques, et de fabriquer un concentré de la boisson », explique le média. « Ce concentré est ensuite vendu à des embouteilleurs, qui y ajoutent de l’eau gazeuse afin d’obtenir le breuvage final ».
En cachant ses profits aux îles Caïman, Coca-Cola Company conserve ainsi l’intégralité de sa marge. En ne rapatriant pas ses fonds aux États-Unis, le groupe évite ainsi de payer des impôts. « A défaut, il lui faudrait céder 35% de ses bénéfices au fisc américain », affirme BFM Business. En 2015, ces bénéfices cachés représentaient 32 milliards de dollars. Au total, 11 milliards de dollars échappent donc à l’administration américaine. Une situation qui a fini par agacer les États-Unis ; Coca-Cola Company a fait l’objet d’un redressement fiscal de 3,3 milliards de dollars sur les années 2007 à 2009.
La filiale française assure « coopérer pleinement » avec le fisc.
La « théorie du genre »
LeMonde.fr du 04/10 : Dans l’avion qui le ramenait du Caucase, le pontife argentin a accusé les manuels scolaires français de propager un « sournois endoctrinement de la théorie du genre », reprenant l’anecdote rapportée, a-t-il dit, par un père de famille français dont le fils de 10 ans envisagerait de devenir une fille. La veille, à Tbilissi, il avait déjà évoqué la « théorie du genre » comme l’un des aspects d’une « guerre mondiale pour détruire le mariage ».
« Je regrette cette parole pour le moins légère et infondée, a réagi la ministre de l’éducation, Najat-Vallaud-Belkacem. » Le pape est lui aussi victime de la campagne de désinformation portée par les milieux réactionnaires. Je l’invite à venir à la rencontre des enseignants, à feuilleter les manuels, les programmes, pour voir que cette théorie du genre n’existe pas " []
La campagne orchestrée par les milieux réactionnaires et la « facho-sphère » avait pesé sur le climat scolaire, poussant des familles, musulmanes notamment, à suivre l’appel à retirer leurs enfants de l’école une fois par mois, lancé par la militante Farida Belghoul. []
« On n’enseigne aucune théorie du genre », insiste Francette Popineau, du SNUipp-FSU (majoritaire parmi les professeurs des écoles), qui se dit « très étonnée de la légèreté avec laquelle le pape s’est exprimé et de sa méconnaissance totale de ce qui existe dans l’enseignement français ».
Depuis 1989 est inscrite aux programmes une éducation à l’égalité filles-garçons, dans le cadre de la lutte contre les stéréotypes et les discriminations. En classe l’enseignant est vigilant aux rôles assignés socialement à chaque enfant, « conscient que cela aura, demain, une incidence sur ses choix d’adulte, l’orientation, le métier. On veille à ce que filles et garçons mangent ensemble. A faire passer le message que les garçons ont le droit de faire de la danse comme les filles du foot Mais on n’est pas très performant, ironise l’ancienne enseignante : les stéréotypes ont la vie dure y compris dans nos manuels ! »[]
Les premières réactions, à droite, sont mesurées. « Le pape est allé un peu vite en besogne », a réagi Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire LR.
Shimon Peres, le dernier père fondateur d’Israë l, est mort.
Sarko se « jean-marise »
leJDD.fr du 04/10 : « Ce n’est pas moi qui me sarkozyse, c’est lui qui se jean-marise », déclare Jean-Marie Le Pen dans une interview au Parisien. Selon le cofondateur du Front national, dans sa campagne pour remporter la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy « quitte de plus en plus le centre pour aller vers la droite nationale populaire et sociale qui est en train de conquérir l’opinion sous la pression des événements ».
« M. Sarkozy est un opportuniste » qui « voit bien les évolutions de l’opinion et les sondages qui favorisent Marine Le Pen et les idées du Front national. Alors, il voudrait prendre sa part du gâteau », poursuit Jean-Marie Le Pen.
En conflit ouvert avec sa fille, actuelle présidente du FN , il estime, au contraire, que Marine Le Pen « semble négliger dans ses discours récents cet état de l’opinion qui est très à droite, qui se radicalise... si j’ose dire ». Il poursuit : « C’est inquiétant pour elle (...) Elle a tort de souhaiter apparaître plus centriste qu’elle ne l’est ».
Jean-Marie Le Pen a demandé au tribunal de grande instance de Nanterre d’annuler son exclusion du FN , prononcée en août 2015 après un long bras de fer avec sa fille Marine. Le 6 octobre 2016, il a été débouté par la Cour européenne des droits de l’homme, devant laquelle il contestait sa condamnation pour avoir affirmé en 2005 que l’occupation allemande n’avait pas été « particulièrement inhumaine ».
Le FN « pauvrophobe »
L’Humanité.fr du 03/10 : A Hayange (Moselle), des dizaines de bénévoles, d’élus régionaux et de bénéficiaires se sont massés devant l’entrée des locaux du Secours populaire français (SPF) pour accueillir l’huissier de justice diligenté par la municipalité FN . « Vous ne voulez pas me rendre les clés »‰ ? « a demandé l’officier public, flanqué d’un policier municipal et de la directrice générale des services de la ville. » Eh bien, non« ‰ ! » lui ont lâché en retour Anne Duflot-Allievi, présidente locale de l’association, et Marie-Françoise Thull, responsable départementale. L’échange s’est arrêté là . Un premier acte de résistance face à la décision inédite du maire, Fabien Engelmann, de chasser le SPF hors de ses murs.
A la suite de ce refus, l’édile frontiste a averti qu’une procédure d’expulsion allait être lancée. Il argue d’une occupation de local « sans titre ni droit ». De fait, à Hayange, comme dans de nombreuses villes, les équipes municipales successives ont mis à disposition du SPF, qui s’occupe de près de 800 personnes, les locaux à titre gracieux, conscientes du rôle social que joue l’association auprès des populations les plus fragiles. « Ici, on œuvre depuis 1978 et nous sommes dans notre bâtiment actuel depuis 2005. Nous n’avons jamais eu ni convention ni bail », confirme Anne Duflot-Allievi. Mais, évidemment, ce ne sont pas ces arguties juridiques qui ont motivé Fabien Engelmann. Sa véritable cible, ce sont"‰les valeurs de solidarité universelle défendues par le SPF. []
Dès son élection, en 2014, le maire FN a placé l’association dans son collimateur. L’une de ses premières décisions a été de réduire sa subvention annuelle. De 2« ‰700 euros sous l’ancienne municipalité, elle est passée à 500 euros : sous forme de bons d’achat dans un magasin »‰ ! : pour finalement être ramenée à zéro cette année. Au passage, un chariot élévateur leur a été supprimé. Avant que n’advienne l’expulsion des locaux. []
Engelmann, lui, a d’autres préoccupations. Il rêverait de placer ses copains dans les locaux« ‰ : la micro-association Fraternité française, présidée par l’eurodéputée (FN ) Mireille d’Ornano et dont la présidente d’honneur est Jany Le Pen, l’épouse de Jean-Marie »‰ ! Mais c’est loin d’être fait.
Accusé de « propagande pro-migrants » par le maire FN , le Secours populaire a refusé de quitter ses locaux. Un bras de fer judiciaire s’annonce. Les témoignages de soutien à l’association se multiplient. l’affaire se réglera devant le tribunal administratif.
En attendant, l’urgence, soulignent les bénévoles de l’association, c’est surtout de continuer de travailler auprès des bénéficiaires. « Ce sont eux qui risquent de n’avoir plus rien si l’on disparaît », s’inquiète Anne Duflot-Allievi.