Ecrit le 19 avril 2017
Élèves humiliés
New York Times du 11/04 : L’État du Nouveau Mexique vient de passer une loi interdisant ce qu’on appelle le « lunch shaming », soit le fait de faire honte à un élève dont les parents n’ont pas payé pour les repas à la cantine.
Dans certaines écoles publiques, les écoliers qui n’ont pas versé les paiements reçoivent un tampon « j’ai besoin d’argent pour la cantine » sur le bras. Dans d’autres cas, l’administration demande aux écoliers de nettoyer les tables en échange de repas gratuits. Il arrive même que la direction force les employés de cantine à ne pas servir les jeunes qui doivent de l’argent, voire à jeter leur nourriture.
En septembre dernier en Pennsylvanie, une employée de cantine scolaire avait démissionné pour protester contre de nouvelles règles forçant les employés à ne pas servir de repas chauds aux élèves endettés. S’ils devaient plus de 25 dollars, les jeunes avaient droit à un sandwich, mais pas à un repas chaud.
Le gouvernement fédéral garantit des repas gratuits aux familles pauvres, et les foyers aux revenus modestes ont droit à des réductions, mais elles s’avèrent parfois insuffisantes. En décembre dernier, une journaliste a lancé une collecte de fonds pour payer les dettes de cantine de familles en difficulté. Des centaines de milliers de dollars ont ainsi été récoltés.
Grâce à la nouvelle loi signée par la gouverneure du Nouveau Mexique, Susana Martinez, le « lunch shaming » est désormais illégal dans l’État. Les écoles devront gérer la situation avec les parents ou les aider à obtenir des bourses.
L’élu local qui a proposé la loi avait été victime de ces humiliations pendant sa jeunesse et expliquait au New York Times : « Je devais laver le sol de la cantine. C’était vraiment visible que j’étais un des enfants pauvres de l’école. »
Sur Twitter, le « lunch shaming » est représentatif d’une attitude américaine particulièrement punitive : « c’est l’aboutissement d’une logique qui considère la pauvreté comme un échec moral personnel. »
Expulsion
Le Canard enchaîné du 12/04 : La Cimade a écrit à la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, pour attirer son attention sur le sort de Narcy,18 ans et demi, élève de première pro au lycée Jean Lurçat de Fleury les Aubrais (Loiret).
Arrivé du Congo-Brazzaville en septembre 2014, cet orphelin de père et de mère avait été recueilli par une tante habitant dans ce département, mais décédée depuis. Il est depuis un mois sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français faisant l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, le 25 avril.
Or ce brillant sujet, élu délégué au conseil d’administration de son lycée, avait posé en septembre pour un selfie avec la ministre de l’Éducation, venue en personne remettre le prix « La clé du meilleur projet » à son bahut !
La « clé du meilleur projet » pour faire ses valises ?
Manque de chômeurs
Le Canard enchaîné du 12/04 : le Japon a un grave problème : il manque de chômeurs. Le taux de chômage y atteint son niveau le plus bas depuis 22 ans, provoquant « une pénurie qui bride l’activité et démotive les investisseurs potentiels ».
En cause, le vieillissement de la population japonaise et la trop forte proportion de retraités. Mais pas de panique : à l’heure du libre échange mondialisé, cela devrait pouvoir se régulariser, si le Japon accepte d’importer des chômeurs européens.
vél’ d’Hiv : La rafle de Le Pen sur l’Histoire de France.
sédatif périmé
Marianne.fr du 13/04 : Le gouverneur de l’Arkansas a signé le mois dernier un décret ordonnant l’exécution de sept prisonniers entre le 17 et le 27 avril prochains. Une telle hâte peut surprendre lorsque l’on sait que certains des détenus se trouvent dans le couloir de la mort depuis plusieurs décennies et que l’état sud américain n’a pas fait usage de la peine de mort depuis douze ans.
Cet empressement est en réalité directement lié au stock de midazolam, sédatif controversé, utilisé dans le cocktail mortel administré aux condamnés, qui sera périmé à la fin du mois. Voilà pourquoi l’Arkansas a décidé de donner un coup d’accélérateur au processus d’exécution.
Cette drogue, censée rendre les prisonniers inconscients au moment fatidique, est de plus en plus difficile à se procurer tant les compagnies pharmaceutiques refusent désormais de fournir les Etats.
Les avocats des concernés qui s’inquiètent du risque accru d’erreurs humaines, face au caractère rapproché des exécutions. Un groupe de responsables pénitentiaires a, par ailleurs, prévenu le gouverneur : « réaliser autant d’exécutions en si peu de temps impose un stress et un traumatisme extraordinaire et non nécessaire aux employés. » Des inquiétudes légitimes, puisqu’en 2014 déjà , trois détenus tués par le biais du midazolam, avaient défrayé la chronique.
Les exécutions s’étaient, en effet, particulièrement mal passées puisque les condamnés avaient présenté des signes de souffrance et d’étouffement pendant de lon-gues minutes. L’un d’eux, Clayton Lockett s’était débattu pendant 43 minutes. Une enquête avait alors révélé qu’une perfusion mal placée par les équipes à cause du stress avait pu être à l’origine des souffrances du détenu.
Preuve de l’hostilité croissante à l’égard de la peine de mort aux Etats-Unis, le nombre d’exécutions diminue considérablement. Alors qu’Ã la fin des années 90, une centaine d’exécutions avaient lieu chaque année, on en dénombre « seulement » 20 en 2016.
[NDLR : une juge fédérale a suspendu, samedi 15 avril, la mise en œuvre des exécutions.]
Proxénétisme aggravé
HuffingtonPost du 14/04 : Vivastreet, le n°2 des petites annonces en France derrière Le Bon Coin, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « proxénétisme aggravé ». Cette enquête a été confiée le 15 février à l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), après le dépôt d’une plainte le 1er décembre 2016 par le Mouvement du Nid qui vient en aide aux victimes de la prostitution.
La prostitution se vit presque au grand jour sur ce site populaire. Dans la rubrique « Service Adultes » les photos sont ultra-suggestives ; rien à voir avec ce que l’on peut trouver sur des sites de rencontres comme Meetic ou Adopteunmec.com.
Les annonces sont plus ou moins explicites. Les jeunes filles évoquent des « prestations haut de gamme », promettent des « rendez-vous pris en 20-30 min », ou encore « bien-être et détente totale dans un cadre chic et haut de gamme ». Mais il n’est pas question de tarif. Pourtant, comme l’a constaté 20 Minutes, il suffit souvent d’un contact téléphonique, ou par SMS, pour obtenir le détail : « 100€ 30min. 150€ 1h » pour Angelique, 21 ans.
D’après les estimations du Monde, l’« escorting » est au cœur du modèle économique de Vivastreet. Les petites annonces d’escorte représentaient en janvier un gros pour cent du total des annonces, et 44% des revenus du site. En effet, le dépôt d’annonces est gratuit, sauf la rubrique « Adulte » facturée 80 euros par mois. Et des options payantes sont disponibles pour mettre son annonce en avant, comme sur Le Bon Coin. « Au total, cela me coûte 239 euros par semaine », a confié Céline à 20 Minutes.
De son côté Vivastreet dément toute volonté d’encourager la prostitution, en évoquant un système de modération automatique des annonces, et les signalements des internautes.