Ecrit le 5 février 2003
Des incertitudes considérables émaillent toute réflexion sur l’avenir de notre système de retraites. Difficile, en ce cas, de prétendre détenir la solution à un problème que l’on ne peut cependant pas éluder. Voici cependant quelques décryptages et points de repère.
Quel régime de retraite ?
régime général, complémentaire, troisième étage : comment s’y retrouver ?
Il y a d’abord le premier étage, le régime général des salariés du privé ou les régimes spéciaux des fonctionnaires, commerçants, travailleurs agricoles, etc. Nous cotisons tous à partir de notre salaire brut (6,55 % actuellement) par le biais de notre employeur et cet argent paye les pensions des retraités. Ce qui est souvent appelé « charge sociale » est en fait un salaire différé puisque, en échange, d’autres, plus tard, paieront nos retraites par leur travail.
Pour le second étage la retraite complémentaire, les modes de cotisation et de récupération sont similaires, il s’agit toujours d’un système obligatoire et par répartition, mais les taux peuvent changer d’une convention collective à l’autre.
Le problème survient au « troisième étage » : chacun peut individuellement confier de l’argent à un gestionnaire de fonds qui le place de manière plus ou moins risquée, selon le niveau de rentabilité promis. Les revenus de ces placements ou la vente de ces titres paieront dans trente ou quarante ans une rente à l’épargnant. Si tout va bien...
Le piège de l’épargne salariale
Soyons clairs : tout système par capitalisation est une solution individuelle qui ne bénéficiera qu’Ã ceux qui ont eu les moyens de cotiser. Et, parmi eux, à ceux qui auront eu la chance de ne pas prendre leur retraite au moment où seraient au plus bas les cours en Bourse des titres dans lesquels sont investies leurs économies.
L’épargne salariale, développée par Laurent Fabius, présente un inconvénient supplémentaire : les entreprises, au lieu d’augmenter leurs salariés, peuvent abonder pour eux un fonds d’épargne en entreprise avec sortie en rente. Elles payent alors des charges bien moins importantes, tant mieux pour elles, mais tant pis pour les augmentations de salaires qui induisent, elles, une réelle augmentation des cotisations sociales (qui vont pour partie aux caisses de retraite). Une façon passée presque inaperçue de développer l’individualisme tout en déséquilibrant la retraite par répartition. Ce qui fera le jeu de la capitalisation.
Ajustement
Le gouvernement peut décider d’agir sur le montant et le temps de cotisation, sur les années de référence qui serviront à calculer le montant de la pension, et sur le mode de calcul de son augmentation annuelle (indexation).
Ainsi, depuis la réforme Balladur de 1993, 160 trimestres de cotisation (40 ans) sont nécessaires pour toucher une retraite à taux plein avant 65 ans, et ce ne sont plus les 10 mais, à terme, les 25 meilleures années qui serviront de référence, et les pensions de retraites sont annexées sur les prix (et non plus sur les salaires, qui progressent plus vite).
Le Medef souhaite que la durée de cotisation soit relevée pour tous au-delà de 40 ans, et que soit supprimée la date butoir de 65 ans pour toucher une retraite à taux plein. Autant de solutions qui n’augmentent pas les cotisations patronales ou ne taxent pas davantage le capital...
Et si jamais on économisait ainsi trop d’argent, cela pourrait servir à baisser les cotisations (patronales !) donc à augmenter les profits...
démographie
La démographie est un art des plus incertains, comme le démontre l’inespéré « mini babyboom » actuel. Si le nombre d’actifs cotisant par retraité risque en effet de diminuer, dans quelle proportion le fera-t-il ? Et, autre variable, quel sera le nombre d’immigrés auxquels la France devra faire appel pour compenser des manques de main-d’œuvre sectoriels qui se font déjà sentir ?
Solutions ?
Si un réel déséquilibre entre actifs et retraités s’installe durablement, une politique efficace contre le chômage permettrait d’avoir davantage de cotisants à population active égale. Rappelons également que la part des salaires dans la richesse créée par les entreprises a chuté de 10 points depuis 1983, au grand bénéfice du capital (intérêts, dividendes, etc.). Imaginer un certain rééquilibrage (par exemple en asseyant les cotisations retraite sur les plus-values des entreprises) pourrait représenter un début de solution pour sauver, voire améliorer les retraites, sans pénaliser les salaires.
40 annuités ou plus ?
En ce qui concerne le départ en retraite, il est bien évident qu’il faudra régler d’une façon ou d’une autre l’inégalité créée par Balladur, en 1993, entre salariés du privé (40 ans de cotisation) et ceux du public (37,5 ans), tout en rappelant que, derrière les propos du Medef visant à allonger la durée de cotisation, il y a les pratiques des entreprises qui fixent l’âge de la « retraite » en remplaçant ceux qui ont accumulé de l’ancienneté par des jeunes moins bien payés : Retarder l’âge de la retraite, c’est donc soumettre les plus de 60 ans à davantage de précarité (et ce que ne paieront pas les caisses de retraite, la collectivité le paiera sous formes d’allocations ou de coûts sociaux)..... Et s’ils trouvent du travail sans qu’il y ait plein-emploi, c’est jouer l’emploi des seniors contre celui des jeunes.
Une réforme intelligente des retraites devrait éviter de creuser les inégalités. Par exemple, les femmes sont plus souvent à temps partiel, donc leurs 25 meilleures années ne vaudront pas globalement celles des hommes. Attention également à ne pas assimiler aux autres les salariés dont le métier pénible raccourcit l’espérance de vie, ou à ne pas laisser le niveau des pensions glisser, ce qui creuserait l’écart entre salariés actifs et retraités. Quant à ceux qui font un peu d’études, sont chômeurs sans droits de temps en temps, et se font virer à la cinquantaine, ils ont un aller simple pour le minimum vieillesse, réservé à ceux qui n’ont pas leur compte d’annuités. Perçu par 420 000 personnes, il dépasse de peu, avec ses 578 euros brut mensuels, le seuil de pauvreté. Le relever serait une saine mesure pour les retraités les plus pauvres.
L’espérance de vie :
Voilà un argument pour justifier l’allongement des cotisations. Petit problème : il ne bénéficie pas à tous de la même manière. Et surtout, plus on travaille longtemps et péniblement, plus on meurt tôt. Cotiser plus et percevoir moins longtemps sa retraite, voilà une solution moderne...
(d’après un article de D.Sanjurjo dans Politis du 16 janvier 2003).
Ecrit le 5 février 2003 :
Glandouiller ...
Imaginons un jeune homme qui n’a pas fait d’études, qui quitte l’école à seize ans et glandouille une année. A 17 ans, il trouve du travail jusqu’Ã sa retraite légale à 60 ans. Cela fait 43 ans de cotisations sociales. Mais pour avoir la retraite, il faut 40 ans de cotisations. Donc, pendant 3 ans, il cotise pour rien, ou disons davantage qu’il n’est légalement obligatoire. De plus, statistiquement, au regard de l’ensemble des professions, son espérance de vie est parmi les plus courtes et donc, il touchera une pension de retraite pendant un plus petit nombre d’années. Sans oublier que la retraite étant calculée au prorata du salaire, sa pension sera parmi les plus faibles.
Imaginons un autre jeune homme qui fait des études jusqu’à 26 ans, glandouille une année et qui trouve un travail à 27 ans. Celui-là , à 60 ans, aura cotisé 33 ans. De plus, statistiquement, au regard de l’ensemble des professions, son espérance de vie est parmi les plus longues : il touchera donc une pension de retraite pendant un plus grand nombre d’années... Sans oublier que la retraite étant calculée au prorata du salaire, sa pension sera parmi les plus fortes.
Autrement dit, tandis que l’étudiant faisait des études, l’ouvrier cotisait 3 années en excédent de ce qu’il aurait dû légalement cotiser pour lui-même : l’ouvrier ne travaillait pas pour lui-même mais pour l’étudiant.
Site à consulter :
http://perso.wanadoo.fr/libertaire/retraite2.htm
(écrit le 5 février 2003) :
Germaine au minimum contributif
Quand on parle de retraites, le sujet est d’actualité, on parle beaucoup de stock-options, d’épargne retraite et autres systèmes qui concernent La France d’En-Haut (ou du milieu) mais on oublie le « minimum contributif » c’est-Ã -dire la pension minimale que peut recevoir toute personne ayant cotisé pour une retraite et qui l’a liquidée à son taux maximal. Le 24 octobre 202 à l’Assemblée Nationale, M. Pascal Terrasse, a suggéré de revaloriser ce minimum contributif.
M. Pascal Terrasse a expliqué en effet que le minimum contributif instauré en 1983 s’élève actuellement à 525,63 euros mensuels pour des bénéficiaires ayant cotisé pendant le nombre d’annuités nécessaire, alors que le minimum vieillesse versé aux personnes n’ayant pas ou peu cotisé s’élève à 569,37 euros mensuels. Ainsi ceux qui ont cotisé toute leur vie perçoivent moins que ceux qui ont peu cotisé ! Tout en reconnaissant qu’il y a là une situation injuste, M. Denis Jacquat, rapporteur pour l’assurance vieillesse, a fait rejeter et amendement.
Le journal l’Humanité raconte le cas d’une femme, Germaine Duthu, qui a travaillé 42 ans, essentiellement dans la confection dans la région toulousaine et qui a eu la surprise de découvrir la faiblesse de la retraite à laquelle elle a droit.
« J’ai travaillé à la chaîne, au rendement, pour fabriquer des tenues pour l’armée, et j’ai cotisé toute ma vie pour percevoir ce qu’ils appellent le minimum contributif du régime général », ne décolère pas l’ancienne ouvrière. Ce minimum dit contributif s’élève précisément en net pour Germaine à 479,86 euros soit 3 147,65 francs mensuel. Germaine Duthu juge d’autant plus scandaleux le sort réservé aux ouvrières de l’habillement en fin d’activité qu’elles ont le sentiment d’avoir contribué, à leur manière, à l’enrichissement du pays. « On nous parle sans cesse de voyages, de loisirs rendus accessibles avec le temps libéré par la retraite, mais comment faire avec des pensions aussi minimes »", interroge-t-elle ? Elle se demande aussi, en pensant à toutes ses collègues qui se retrouvent souvent seules, comment elle aurait pu s’en sortir sans son mari, ancien de l’aéronautique aujourd’hui en retraite.
Le cas Germaine Duthu, qui n’est pas isolé, démontre que la faiblesse des retraites versées aux ouvrières de l’habillement est le résultat de salaires tout aussi minables . La pauvreté est héréditaire !
Ecrit en mai 2003 :
députés : la retraite à 55 ans pour eux
Invité de « 100 minutes pour convaincre », jeudi 24 avril 2003 sur France 2, le ministre des affaires sociales a livré pour la première fois les détails de son plan. Pour « sauver le régime général », il appelle les Français à « travailler plus longtemps »
L’équation est simple : travailler plus : 41 ans dès 2012, presque 42 ans en 2020 - pour une retraite inférieure : en moyenne 66 % du salaire de référence, contre 78 % aujourd’hui.
Le gouvernement, a-t-il précisé, s’engagera à garantir 75 % du smic pour les salariés qui sont restés au salaire minimum
Et pour ceux qui auront connu de longues années de chômage ? Et pour ceux qui seront au RMI ?
Faisons maintenant quelques calculs ... à propos des députés, si prompts à voter une réforme des retraites des Français.
Selon la revue « Tous contribuables » de janvier 2003, un député perçoit 6720,20 € d’indemnité parlementaire brute (soit 5001,68 € nets)(soit 32 800 F nets).
Il peut prendre sa retraite à 55 ans et perçoit alors 2192 € bruts par mois, cumulables avec les autres retraites pour lesquelles l’élu a éventuellement cotisé dans le cadre d’une activité professionnelle.
Voyons maintenant le cas des SMICards. Les plus privilégiés d’entre eux perçoivent royalement 1154,27 € bruts par mois. Avec une retraite à 75 % cela leur ferait 866 € par mois.
2000 euros de plus par mois
Le savez-vous ? nos députés, ils ont leur salaire de base, 6720,20 € par mois et des indemnités complémentaires :
– Une indemnité de frais de mandat, 5592 €, non imposable, par mois
– Un crédit pour payer un ou des assistants : 8469 €, par mois
– Ils voyagent gratuitement sur l’ensemble du réseau SNCF (demi-tarif pour leur conjoint).
– Ils disposent de 40 allers-retours gratuits en avion entre Paris et leur circonscription, et 6 allers-retours en France métropolitaine (hors circonscription).
– Ils peuvent demander un forfait global pour leurs communications téléphoniques, (jusqu’Ã 4 lignes téléphoniques, internet, fax et ordinateur fournis) et poster gratuitement leur correspondance parlementaire.
Ainsi en additionnant 6720,20 €, et 5592 € et 8469 € on obtient 20 781,20 € bruts par mois, au début de l’année 2003. Ce total était de 18 714,91 € au début de l’année 2002 , ce qui veut dire que chaque député a eu une « petite » augmentation de 2066,29 € (soit 13 500 F par mois) : de quoi payer 2 smicards par mois (ou 5 RMIstes), rien qu’avec leur augmentation.
Mais il faut se garder de crier Haro sur les députés ! Ils ne sont pas les plus grands profiteurs. Francis Mer, ministre de l’économie, a protesté parce que, en tant que ministre, il gagne beaucoup moins qu’en tant que chef d’entreprise... Les salaires des députés et des ministres, on peut les critiquer, car on les connaît. Mais les salaires des chefs d’entreprise, on ne les connaît pas. Et pourtant ce sont les chefs d’entreprise qui mènent le bal et veulent imposer une Europe ultra-libérale, au service des entreprises (relire : « Lisbonne à tout faire »)
Ecrit en mai 2003 :
Michel Hunault, toujours prêt à s’exprimer par communiqués sur des sujets généraux, se garde de donner son avis sur les sujets qui fâchent. C’est ainsi qu’on ne sait pas ce qu’il pense au sujet de l’aérodrome à Notre Dame des Landes. On ne sait pas non plus ce qu’il pense au sujet des retraites. Mais s’il ne dit rien de la retraite des autres, il pourrait peut-être dire s’il est prêt, lui, à renoncer à partir à 55 ans avec un minimum de retraite de 2192 euros ! (soit 14300 francs bruts), et à renoncer à briguer des mandats électifs pour lesquels il perçoit des indemnités conséquentes.
Ecrit le 4 avril 2012
Minimum vieillesse
A partir du 1er avril 2012, les retraités les plus modestes toucheront 777,16 euros par mois au titre du minimum vieillesse. Soit une hausse de 4,7%. Cette allocation est un minimum de pension de vieillesse accordé, sous condition de ressources, aux personnes qui n’ont pas suffisamment cotisé aux régimes de retraite.
Sarkozy : 200 € pour les vieux,
sauf que ... Voir : Un Bouton et un Bouton ....