Ecrit le 27 juin 2012
Règlements de comptes
leMonde.fr du 21/06 : Ambiance « Tontons flingueurs » à l’UMP. La victime du 20 juin a été François Fillon, qui voit Christian Jacob, proche de son rival Jean-François Copé, accéder à la présidence du groupe à l’Assemblée Nationale. M. Jacob qui aime à citer Audiard : « Deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche. » Pendant ce temps, dans les Hauts-de-Seine, les élus UMP se demandent comment régler son compte à Patrick Devedjian. Son crime est de n’avoir pas licencié, en 2009, sa directrice de cabinet, Marie-Célie Guillaume, comme le lui avait demandé Nicolas Sarkozy. Cette jeune femme a publié le 14 juin un roman à clés fortement médiatisé, Le Monarque, son fils, son fief, qui a déclenché la fureur de l’ancien président. Autre ouvrage polémique, celui de l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, qui classe ses déplacements de campagne avec M. Sarkozy parmi ses mauvais souvenirs, et critique sa dérive droitière.
Le Chant des Partisans
interdit
L’Humanité.fr du 2106 : A la mairie d’extrême-droite de Bollène (Vaucluse), on révise les chants. Lundi dernier, le Chant des Partisans a été interdit lors de la cérémonie de commémoration du 18 juin. Et la force a été employée pour faire taire les anciens combattants récalcitrants. Officiellement, la décision de la mairie dirigée par Marie-Claude Bompard (Ligue du Sud), dissidente du Front national comme son mari Jacques Bompard à Orange, est d’éviter les redondances. « A chaque cérémonie, nous choisissons un hymne qui colle. Pour l’appel du 18 juin, le Chant des Partisans n’est pas au programme. Il sera en revanche joué le jour de la libération de la ville » le 26 août, a déclaré André-Yves Beck, adjoint délégué aux finances et à la communication à l’AFP.
L’adjoint renvoie la responsabilité des incidents aux Communistes qui avaient apporté une sono pour diffuser le Chant des Partisans. Non contente d’interdire ce chant de résistance, la mairie a fait intervenir la police municipale pour arrêter la diffusion, tandis que des élus entonnaient la Marseillaise. Jean Roudil, ancien combattant présent à ce moment, réfute la manipulation politique. « Je chantais le Chant des Partisans à 17 ans, je vois pas pourquoi à 85 ans on voudrait m’interdire de le chanter et me déclarer hors-la-loi ! », fulmine ce fervent gaulliste.
De son côté, la fédération PCF du Vaucluse, qui a fait connaître le scandale, « assure de son soutien les citoyens médaillés militaires pris à partie » et fustige « l’extrême droite (qui) montre une fois de plus son vrai visage, celui du révisionnisme, du mépris des Résistants et de leurs familles et de sa haine anti-communiste. »
Ndlr : qui voit Bollène voit sa Le Pen.
Tapis rouge
Les propos du Premier ministre britannique promettant d’accueillir à bras ouverts les exilés fiscaux français, donnent de lui une bien piètre image, estime The Guardian du 20/06 . Ils révèlent un homme qui veut faire de son pays un paradis fiscal, et qui méprise le vote du peuple français.
David Cameron a déclaré le 19 juin au sommet du G20 : « Si les Français mettent en place leur tranche supérieure d’imposition à 75 %, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons davantage d’entreprises françaises, elles paieront des impôts en Grande-Bretagne et cela financera notre service de santé, nos écoles et tout le reste. » George Osborne, son chancelier de l’Echiquier, avait déclaré en mars : « Je considère l’évasion fiscale, et en particulier le fait de chercher à tout prix à échapper à l’impôt, comme moralement répugnant. » Il s’était en outre dit « choqué » par l’importance de l’évasion fiscale au Royaume-Uni. Voilà pourtant que son patron ouvre la porte à tous les Français qui souhaitent s’installer au Royaume-Uni pour échapper à l’impôt.
Ce sont des paradis fiscaux comme Jersey, les îles Caïmans et les îles Vierges britanniques qui parlent habituellement de cette concurrence fiscale qui sous-tend les propos de Cameron. Et bien entendu, ce sont des paradis fiscaux, la Suisse par exemple, qui déroulent le tapis rouge aux exilés fiscaux. Ils le font tous en offrant des taux d’imposition faibles : ce dont le Royaume-Uni est lui aussi capable grâce à sa réglementation généreuse en matière de domiciliation fiscale et de résidence. Il n’est pas surprenant que Philip Stevens, du Financial Times, ait récemment cité un responsable allemand qui déclarait que si le Royaume-Uni sortait de l’union bancaire européenne, il se retrouverait transformé en un « grand Guernesey. »
Cameron serait-il en train de concocter un projet « Royaume-Uni paradis fiscal » ?
Refus de transfert
Libération.fr du 21/06 : Douze salariés ont été récemment licenciés de la société de marketing sensoriel Mood Media à Feucherolles (Yvelines) après avoir refusé d’être transférés en Roumanie. Nathalie Dussert, 48 ans, employée depuis 13 ans dans cette société, a appris comme ses onze collègues le 12 avril que son poste était transféré en Roumanie. « J’ai été licenciée pour motif personnel mais il s’agit d’un licenciement économique », dénonce-t-elle. « J’ai eu quinze jours pour accepter ou refuser. Et il a fallu poser les bonnes questions, car ils nous disent qu’on gardera notre salaire français mais, en arrivant sur place, on nous fait un nouveau contrat roumain à 632 euros par mois, sans couverture sociale », dit-elle.
La société Mood Media, groupe mondial spécialisé dans le marketing sensoriel, emploie 163 salariés en France.
Son directeur juridique assure que dans le cas d’un transfert d’activité, « la loi nous oblige » à transférer automatiquement les contrats et ne permet « pas de licencier pour motif économique ».Si un salarié avait accepté la proposition, il aurait gagné « le même salaire versé par la société roumaine », ajoute-t-il. []
Du côté de la CGT, Alain Hinot estime que l’employeur a « voulu éviter un plan de sauvegarde de l’emploi, qui est beaucoup plus lourd », en présentant la situation comme un « prétendu transfert » et non comme une délocalisation. « Cela a été fait pour brouiller les pistes », fustige-t-il. L’un des salariés, délégué syndical CGT, avait dans un premier temps accepté la proposition de transfert. Ne s’étant pas présenté en Roumanie, il a été licencié pour abandon de poste. Il contestera son licenciement le 29 juin devant le conseil des Prud’hommes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
Pour les plus démunis
Libération.fr du 21/06 : Louis Gallois, l’ancien PDG d’EADS (l’un des leaders mondiaux de l’industrie aéronautique et spatiale, civile et militaire) devrait être porté à la tête de la Fnars (fédération nationale des associations de réinsertion sociale) qui regroupe 870 associations de lutte contre les exclusions, dont le Secours catholique, l’armée du salut, la Cimade ou Emmaüs.
Louis Gallois va succéder à la magistrate Nicole Maestracci, qui n’a pas souhaité rempiler pour un nouveau mandat, au bout de huit ans de bons et loyaux services. La présidence de la Fnars est un poste de représentation politique notamment auprès des instances parlementaires et gouvernementales pour faire avancer la cause des démunis.
Louis Gallois, qui a également été président de la SNCF, et directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement au ministère de la Recherche puis de la défense, a un profil atypique. Il s’est élevé à plusieurs reprises contre les salaires démesurés des PDG du CAC-40. En 2008 et 2009 il a refusé de toucher sa part variable d’un million d’euros chez EADS. Il verse une partie de ses revenus à des œuvres socialement utiles et vit dans une maison assez ordinaire de la banlieue sud de Paris.