Ecrit le 10 juillet 2012
La jacquerie des proprios
Le Canard enchaîné du 04/07 : La plainte contre le système HLM déposée, le 2 juillet à Bruxelles, par l’Union nationale de la propriété immobilière (Unpi) se révèle plutôt comique. réputé pour ses positions ultra-libérales, ce syndicat de propriétaires juge que les logements sociaux lui font « une concurrence déloyale ». Comme si les proprios privés manquaient cruellement de candidats locataires et étaient obligés de brader les prix
Pour appuyer sa plainte, l’Unpi a dégainé, dans « le Parisien » (02/07), une statistique ébouriffante : « 378 000 ménages aisés » seraient logés en HLM. « Faux », réplique l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui précise que ce chiffre comprend les locataires des « logements intermédiaires » et des « immeubles à loyer normal », qui sont gérés, eux-aussi, par les HLM mais sont soumis à des loyers beaucoup plus élevés. Selon l’USH, seuls 10 000 ménages (sur les 4 millions logés en HLM) n’auraient rien à faire dans les logements sociaux. Cela en fait quand même 10 000 de trop.
Mais si les propriétaires privés montrent les crocs c’est pour une tout autre raison. Il s’agit surtout de dissuader le gouvernement d’encadrer les hausses des loyers, comme Hollande et Ayrault en ont exprimé l’intention. Pour l’Unpi, le changement, c’est jamais !
Pour l’UMP aussi, la rigueur c’est maintenant
Le Canard enchaîné du 04/07 : Sa défaite aux législatives représente pour l’UMP une perte sèche de 11 millions d’euros par an, en dotation de l’Etat. soit 55 millions pour le quinquennat. Et la BNP, qui facilitait, par des autorisations de découvert, la bonne marche de l’entreprise, a fait savoir qu’elle se retirait du circuit.
Dominique Dord, le trésorier de l’UMP, a envoyé, la semaine dernière, à Jean-François Copé une « lettre de cadrage » pour la durée de la législature. Il préconise le doublement des cotisations de l’ensemble des élus UMP pour recueillir 4 millions. côté dépenses, Dord propose d’abord le non renouvellement des CDD et des contrats des intérimaires et des stagiaires, soit 2 millions d’euros d’économies (sur 10 millions de masse salariale). Et la division par deux du budget communication (1,5 million d’euros d’économies), qui bénéficie en large part à la société Pygmalion de Bastien Millot, l’ami de Copé. Enfin, Dord veut réduire de 2 millions (sur 4,5) le budget consacré (hors périodes électorales) aux meetings et manifestations ainsi que l’enveloppe accordée aux associations liées à l’UMP (le Chêne de MAM, l’association pour la réforme de Balladur ou encore le Club 89, etc).
Et c’est pour la conquête de ce parti en faillite que les Copé, Fillon et Juppé sont prêts à s’étriper !
Un quart des universités en faillite virtuelle
LeMonde.fr du 05/07 : La Cour des comptes estime qu’il manque 120 millions dans le budget du Supérieur. Près d’un quart des universités pourraient se trouver en grave déficit en 2012, suivant la tendance déjà enregistrée en 2011. La trésorerie des établissements est particulièrement tendue, souvent inférieure à un mois de fonctionnement. Les investissements ont été sérieusement revus à la baisse, y compris les crédits de mise en sécurité des bâtiments. Les établissements scientifiques sont parmi les plus touchés, malgré leur succès international. Même les universités les plus prestigieuses doivent diminuer leurs dépenses : « Nous sommes obligés de retarder certains investissements, notamment des innovations pédagogiques, ce qui est très dommageable », explique le président de l’université parisienne Pierre-et-Marie-Curie. « 2012 est difficile, mais 2013 sera terrible », prédit le président de l’université de Savoie. La Conférence des présidents d’université a alerté la ministre de l’enseignement supérieur, alors que le gouvernement travaille sur le budget 2013 : « Il serait impensable qu’un gouvernement de gauche mette les universités à la diète budgétaire ».
Ndlr : trop fort : en un mois, la gauche a réussi à mettre l’université en faillite !
Le « Liborgate » ébranle la City
Libération.fr du 03/07 : Avec la démission de son directeur des opérations, ce 3 juillet, la banque britannique Barclays a perdu son troisième haut cadre en quelques jours. Le quatrième établissement du Royaume-Uni est en première ligne dans le scandale du Libor, qui secoue tout le secteur financier britannique et indigne opinion et classe politique.
Pour se financer, les banques se prêtent en permanence de l’argent entre elles : c’est que l’on appelle le marché interbancaire. Le Libor est le taux d’intérêt interbancaire de référence sur le marché londonien. Il est publié tous les matins à 11 heures par la British Banking Association (BBA), après que celle-ci a recueilli et fait la moyenne des taux pratiqués la veille auprès de seize banques de référence. Comme le Libor reflète la facilité d’accès des banques à la liquidité, il détermine largement les taux proposés aux particuliers et aux entreprises.
Plusieurs fleurons de la finance mondiale sont soupçonnés d’avoir manipulé les cours du Libor, ainsi que ceux de l’Euribor, le taux de référence pour la zone euro. Selon les justices britanniques et américaines, ces établissements auraient déclaré des taux inférieurs à ceux auxquels ils empruntaient réellement afin de masquer leurs difficultés. Pire, à la Barclays et sans doute ailleurs, les traders auraient influé sur le taux déclaré pour faciliter leurs opérations, contrairement au principe de séparation des activités au sein des établissements.
Au premier chef, est concernée la banque Barclays, dont le président, le directeur général et le directeur des opérations ont dû démissionner face au scandale. La banque s’était préalablement acquittée de 360 millions d’euros d’amendes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pour éviter les poursuites. La Royal Bank of Scotland (RBS) est également dans le viseur. L’enquête prend une dimension mondiale, avec des investigations dans l’Union européenne, au Japon et en Suisse. La Société générale, UBS, la Deutsche Bank, HSBC, notamment, sont cités.
L’Office britannique de lutte contre la délinquance financière envisage des poursuites pénales. En Angleterre, le scandale donne lieu à un nouveau débat sur les dérives du secteur financier, secoué par plusieurs autres affaires. La classe politique s’indigne, et le Premier ministre, David Cameron, a annoncé la création d’une commission d’enquête parlementaire, tandis que le fonctionnement du Libor doit faire l’objet d’une évaluation indépendante. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre a remis en cause l’ensemble de la « culture » du secteur financier britannique, citant notamment les « niveaux de rémunération excessifs » et le « traitement exécrable des clients ». Bé oui, quoi, les méfaits des banques continuent !
Un « désastre créé par l’homme »
La-Croix.com du 05/07 : une commission d’enquête mandatée par le Parlement japonais, composée de 10 membres de la société civile a rendu le 5 juillet son rapport. Il contredit de précédents rapports qui avaient disculpé l’opérateur : « l’accident () est le résultat d’une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l’opérateur Tepco, et d’un manque de gouvernance de ces mêmes instances ». « Ils ont trahi le droit de la nation à être protégée des accidents nucléaires. c’est pourquoi nous sommes parvenus à la conclusion que l’accident a été clairement créé par l’homme ». []
Ces conclusions très critiques sont publiées quatre jours après la remise en route d’un réacteur nucléaire, à Ohi dans l’ouest du pays, le premier depuis mars 2011, alors que ses 54 réacteurs avaient été fermés.