Ecrit le 21 mai 2014.
Record du « sans maître »
Le Canard du 06/05 : encore une promesse de Hollande bien partie : pour commencer à recruter quelques-uns des 60 000 emplois d’enseignants annoncés par le futur président, l’Éducation nationale avait organisé un concours exceptionnel. Bilan : sur 260 postes en arts plastiques, 104 (40 %) n’ont pas été pourvus, trop de candidats ayant été jugés d’un niveau insuffisant. Pire : sur 1600 places de profs de maths, 799 (50 %) n’ont pas trouvé preneur, et encore 10 % de places sont vacantes pour les sciences économiques et sociales et pour les conseillers principaux d’éducation (CPE).
La raison ? Un emballement modéré pour une profession plutôt maltraitée et moins bien payée que dans nombre de pays d’Europe. Et, surtout, une préparation trop courte pour les élèves inscrits en master et un manque de formation pour les autres, déjà titulaires de ce master. « Les postulants, à qui l’administration avait promis une réussite quasi assurée au concours, se sentent trompés », dénonce le Snes, syndicat enseignant du secondaire.
Avec une pénurie de profs dans certaines académies et une augmentation notable d’élèves (près de 30 000) en septembre, la rentrée s’annonce donc sportive. Cela n’empêchera pas le ministre Benoît Hamon de rendre hommage au « plus beau métier du monde », si difficile et tellement considéré
Echec contre la drogue
L’Expansion.com du 06/05 : Cinq prix Nobel d’économie, un ancien ministre des États-Unis, deux ministres sud-américains et une douzaine d’autres dignitaires estiment que la « guerre contre la drogue a échoué » et appellent à une approche autre que « punitive », dans un rapport publié le 6 mai à Londres. « Il est temps de rediriger massivement les fonds vers des politiques qui ont fait preuve de leur efficacité et qui sont validées par une analyse économique rigoureuse », peut-on lire dans la préface de ce rapport d’experts de la London School of Economics signé par une vingtaine de personnalités. []
« La poursuite d’une stratégie militarisée de guerre contre la drogue a eu des effets négatifs massifs et des dommages collatéraux », selon ce document, qui en détaille les conséquences :« incarcérations massives aux États-Unis, politiques extrêmement répressives en Asie, vaste corruption et déstabilisation politique en Afghanistan et en Afrique de l’Ouest, immense violence en Amérique latine, épidémie de sida en Russie, pénurie mondiale aiguë de médicaments contre la douleur et propagation d’abus systématiques des droits de l’Homme à travers le monde ». Depuis le début, en 2006, de la lutte contre les narcotrafics au Mexique, 80.000 personnes ont ainsi été tuées, selon les derniers chiffres officiels. Selon le rapport, cette stratégie répressive « a échoué » et le « prix des drogues a baissé tandis que la pureté des produits s’est accrue ». « Continuer à dépenser des fonds massifs dans des politiques punitives, généralement aux dépens des politiques de santé publique, ne peut se justifier ».
Les Nations unies doivent maintenant « prendre les devants en promouvant une nouvelle stratégie de coopération internationale » qui « doit être basée sur les principes de santé publique, la réduction des effets des marchés illicites, un accès élargi aux médicaments essentiels, la réduction des consommations problématiques, un suivi rigoureux des nouvelles lois testées et un engagement indéfectible vis-Ã -vis des principes des droits de l’Homme », conclut le texte.
Baisser le Smic...
Le Canard enchaîné du 06/05 révèle que Pierre Gattaz, qui dirige l’entreprise de composants électroniques Radiall, s’est octroyé l’an dernier une augmentation de 29%, « bonus compris », alors qu’il plaide pour un abaissement du niveau du Smic.
Le patron du Medef a créé la polémique lors de sa conférence de presse annuelle en avril : « Le niveau du Smic est une marche d’escalier importante à franchir », a lancé Pierre Gattaz. Selon le patron des patrons ce salaire minimum est un frein à l’embauche pour « les personnes très éloignées de l’emploi et pour les jeunes ».
Pour Gattaz, la solution serait donc de créer un « Smic intermédiaire, qui permettrait sur une période déterminée, transitoire et temporaire, de pouvoir franchir cette marche d’escalier ».
« Il y a un moment où chacun doit être responsable : on ne peut pas demander la baisse du Smic, voire sa suppression, et en même temps considérer qu’il n’y a pas de salaire maximum », a déclaré François Hollande sur BFMTV-RMC. Pour le chef de l’État, c’est « un principe contraire aux principes de la République ».
Le président du Medef n’a pas apprécié ces attaques à son encontre et a réagi sur son blog. L’industriel détaille pourquoi les affirmations du Canard Enchaîné et de François Hollande sont, à ses yeux, injustifiées. Il précise que le groupe qu’il dirige se porte bien financièrement, qu’il em- bauche et distribue à ses collaborateurs de larges primes d’intéressement, que lui ne touche pas. Il ajoute que son « salaire a été augmenté de +3% au 1er janvier 2013 et a atteint donc 318.000 euros », par an. Auquel s’ajoute un bonus de 102.000 euros, contre 14.000 en 2012. « Soit une rémunération de 420.000 euros » par an, contre environ 322 l’année précédente, selon les chiffres donnés par le patron du Medef.
Le salaire de Pierre Gattaz a donc bien augmenté de 30%, mais l’industriel prend soin de préciser que sa rémunération reste inférieure à 450.000 euros, le maximum fixé par l’État pour les patrons d’entreprises publiques.
La taxe Tobin sabotée
L’Humanité.fr du 06/05 : la taxe sur les transactions financières (encore appelée ’’Taxe Tobin’’) discutée entre 11 pays européens dont la France n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les produits spéculatifs sont épargnés et elle ne devrait pas voir le jour avant 2016. Le consensus trouvé entre les 11 pays participants se résume à une légère taxe de 0,1%, qui ne concernera dans un premier temps que les seules actions. La taxe qui devait être mise en œuvre début 2016 est donc repoussée d’une année.
La taxe devrait rapporter un maximum de 5 milliards d’euros par an à l’échelle européenne. « Une taxe européenne sur les transactions financières ambitieuse aurait pu rapporter jusqu’Ã 37 milliards d’euros et fait contribuer le secteur financier, en partie responsable de la crise financière, au financement du développement international et de la lutte contre le chan- gement climatique » a réagit Alexandre Naulot d’Oxfam France.
Même si elle était attendue, la déception reste grande, notamment pour Aides. C’est qu’une part des revenus dégagés devait aller à la lutte contre le Sida. François Hollande s’était non seulement engagé à utiliser ces fonds pour lutter contre les effets du réchauffement climatique, mais aussi contre le sida, de manière à « traiter non seulement 7 millions de personnes, mais 15 millions de malades du sida » déclarait le président en juillet 2012.
Bruno Spire, président de AIDES et administrateur de Coalition PLUS, a ainsi regretté : « Le Conseil du 6 mai était une occasion unique de concrétiser les promesses formulées tant de fois par le gouvernement français : frapper la finance en taxant les produits les plus spéculatifs, et attribuer une partie des recettes de la TTF européenne à la solidarité inter-nationale, à la lutte contre le changement climatique et contre le sida ».