Ecrit le 2 juillet 2008
Les voix de la Forge
Une ancienne forge à l’entrée de Saffré, au 21 rue de l’Isac. Des tas d’outils énormes, anciens, quelquefois même très anciens, accrochés aux murs de pierre au-dessus du foyer. Le forgeron qui habite là , un nommé Bernard Bresnu, a simplement installé WC et douche sommaires et renforcé le portail d’entrée. Mais qui voudrait de ces vieux outils dont le souvenir même s’est perdu ?
Le forgeron est un vieux fou, assurément, magicien à ses heures Sous sa poigne de fer le métal rougit, plie sous le marteau, adopte les formes qu’on lui impose. Ainsi naissent la lune, le soleil et les éclairs de l’orage.
Mais voilà qu’il fait école. Les 19-20-21 juin, une dizaine de compagnons sont venus le rejoindre. Les uns sont d’anciens disciples, installés à leur compte. d’autres sont venus en stop de l’école de chaudronnerie de Saint Amour (Jura) pour planter leur tente auprès de la forge du maître. Des garçons, et même des filles, oui Madame !
Le plus jeune s’appelle Benjamin, il est de Saffré et n’a que 14 ans. Il a séché les cours du collège pour s’adonner à sa passion. On le voit limer une pièce avec application, très concentré sur son travail. Rien ne semble exister d’autre pour lui. Pendant trois jours, ces artisans des « Voix de la Forge » échangent techniques et coups de main. Rien de théorique, que du concret, autour de la fabrication d’une œuvre commune. Ah ! Croyaient certains, ils n’auraient qu’à fabriquer l’objet proposé. Mais non, cet objet ils l’ont pensé ensemble, ils ont crayonné des esquisses, cherchant la beauté et la difficulté. Car rien ne leur fait peur, ni la chaleur du fer porté au rouge, ni le noir du charbon de bois, ni le poids des marteaux et des pinces, ni la complexité des techniques mises en œuvre. gérard Joualland, est venu du Dresny, à Plessé. Pendant 28 ans il a été salarié, chaudronnier-soudeur, puis il a fait un stage pendant 6 mois auprès de Bernard Bresnu, pour réapprendre les gestes du forgeron. « Depuis deux ans et demi je suis à mon compte. Je fabrique ce qu’on me demande, des bougeoirs aux salons de jardin en passant par les portails et les balcons » - « Ce métier me fait vivre et il fait, aussi, vivre un territoire, car on ne délocalise pas un artisanat de proximité ». ProximitéProximité, le grand mot est lancé. c’est l’une des idées de base de Bernard Bresnu. Ici tout est local, les bandages de roues des charrettes et de cerclage des barriques, et le charbon de bois. « Ce charbon n’est pas polluant. Nous sommes de gros consommateurs et nous pouvons nous permettre de commander l’essence de bois qui nous convient ». Encore une redécouverte ! Le charbon de bois fait avec du chêne dégage de l’oxygène et oxyde le fer « Nous on n’en veut pas, on préfère le hêtre ou le châtaignier. ». Proximité : le charbon de bois vient de La Grigonnais. développement durable : « Ici on apprend à maîtriser l’atmosphère de chauffe pour consommer le moins d’énergie possible et rentabiliser la forge » Laurent Le Penru, lui, a découvert la région de Saffré à l’occasion du symposium d’octobre 2006. Sculpteur-ferronnier il s’est installé ici et travaille à « La Machine » de Nantes (où on fabrique des machines pour théâtre de rues et notamment le célèbre « éléphant »). Il expose en ce moment à Blois, au muséum d’histoire naturelle avec le peintre naturaliste Jean-Louis Verdier. « Colépt’art et cafardnaüm », le monde fabuleux des insectes. Franck Frèrejouan est encadrant à Nantes dans un chantier d’insertion. « Nous avons de beaux chantiers, qualité monuments historiques, par exemple la réfection du portail de l’hôpital St Jacques de Nantes ». Ici chacun a sa spécialité, le coup de main acquis par une longue expérience. Pas de soudure à l’arc, tout est fait à la forge. « Mais on ne travaille pas tout seul, chacun dans son coin. Nous sommes venus ici pour travailler ensemble, pour apprendre les techniques des autres ». La technique allemande, par exemple, n’a rien à voir avec la technique de Venise. L’œuvre réalisée va prendre deux ans, il s’agit d’une pièce cylindrique de 1,5 mètres de diamètre dans laquelle vont s’encastrer des motifs évoquant l’environnement et le développement durable de proximité. Les premiers travaux ont été réalisés à Saffré. La suite se fera, de 6 mois en 6 mois, dans d’autres lieux accueillants. A la fin elle sera vendue . pour planter des arbres. |
Appel à fer
l’association « Les Voix de la Forge » participe à la renaissance de ce métier de forgeron mais elle a besoin . de fer. Si vous avez chez vous, héritage du grand père, des ferrailles même rouillées, même tordues, si vous avez une antique enclume ou un vieux soufflet, prêtez-les à l’association : ils serviront à former des jeunes. Car ce métier attire réellement des jeunes qui y retrouvent le plaisir de la création et du travail bien fait.
Contact : Bernard Bresnu
02 40 77 28 99 , lesvoixdelaforge@free.fr
Voir d’autres photos ici : http://lesvoixdelaforge.free.fr/
Le très beau document « Fer et Forges du Pays de Châteaubriant » est en vente, au prix de 10 euros, dans tous les lieux de visite du Pays de Châteaubriant ou à l’aDT - 02 40 81 40 82