Ecrit le 9 janvier 2019
:fl5 Amis des polémiques stériles et de la galette des rois, bonjour !
:fl5 Sur les plateaux télé, les opinions les plus folles et les plus choquantes ont été écoutées avec complaisance par des journalistes au prétexte qu’elles étaient habillées d’un Gilet jaune. On leur a servi la soupe pendant des semaines mais certains ont commencé à critiquer les violences et les déclarations haineuses de gentils et pacifiques gilets jaunes. Eux qui s’étaient habitués à ce qu’on les écoute religieusement n’ont pas supporté qu’on puisse avoir des avis contraires et traitent maintenant les journalistes de « collabos ». Des manifestants ont tenté de faire taire la presse avec des blocages comme ceux d’Ouest-France ou de l’Est républicain pour qu’ils ne puissent diffuser leurs journaux Et après ça, ils se plaignent du manque de démocratie et prétendent même qu’on serait en dictature !
Pour prévenir les tentations liberticides, l’Assemblée constituante a inscrit la liberté de la presse dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ». Si on peut la critiquer, s’attaquer à la liberté de la presse, c’est s’attaquer à la liberté tout court !
:fl5 On ira jusqu’au bout disent les derniers irréductibles « gilets jaunes » ! Mais au bout de quoi ? On ne sait plus très bien ce qu’ils veulent Les manifestations dans les grandes villes tournent toujours à des affrontements avec la police qu’ils provoquent et attaquent pour ensuite se plaindre des violences policières
:fl5 Des vidéos sur les manifs sont diffusées par tous les camps, sans que jamais ne soient posées des questions évidentes : qui a filmé ? que s’est-il passé juste avant ? juste autour (hors cadre) ? etc. Aucune réflexion, seulement les réactions épidermiques, les interprétations à l’emporte-pièce. La porte ouverte aux manipulations de toutes sortes.
:fl5 Les violences, les dégradations et les pillages relèvent simplement de la délinquance. Il n’y a là que l’envie de casser, de se battre, de piller. Seuls s’expriment l’esprit de convoitise, la frustration, l’agressivité de voyous, de complotistes névropathes et autres factieux Cette violence occulte les revendications de départ des gilets jaunes : rien à voir avec l’injustice profonde vécue tous les jours par des millions de Français.
:fl5 Le référendum d’initiative populaire sorti du chapeau serait la solution pour plus de démocratie. En 2007, R Badinter exprimait ses craintes sur le sujet : « Faisons attention au référendum d’initiative populaire. Ça fait très bien quand on l’annonce. Dans la pratique, c’est confisqué ou altéré, toujours, par des partis extrémistes ». Et l’idée vient justement des extrêmes
Philou
Ecrit le 16 janvier 2019
dépasser les rancœurs
:fl5 Amis du débat démocratique et de la choucroute garnie, bonjour !
:fl5 Le mouvement dit des « gilets jaunes » est certes ultra minoritaire mais il persiste malgré les mesures annoncées par E Macron début décembre. Des mesures qualifiées de « miettes » mais qui vont quand même coûter 10 milliards d’euros au budget de l’Etat et seront financées en grande partie par l’augmentation du déficit.
:fl5 c’est un mouvement contestataire d’un type nouveau qui mobilise surtout sur Internet. Ce mouvement existe grâce à des opérations violentes très médiatisées et injustifiables. Il n’a pas de revendications précises et ne vise pas le patronat ou les entreprises, mais le pouvoir politique. c’est un peu la revanche de la « France périphérique » qui veut faire plier ce qu’elle considère comme les élites au pouvoir. Ce mouvement qui est plus passionnel que rationnel est dangereux.
:fl5 Comment le pays peut-il sortir de ce foutoir quand il n’y a personne en face pour discuter et que pour certains, tout dialogue serait une trahison, tout compromis et tout respect une indécence. Ils doivent admettre qu’ils ne sont pas « le peuple » à eux seuls et qu’ils doivent s’organiser pour porter leurs revendications. En refusant toute discussion ils démontreraient qu’ils ne supportent pas les exigences, les contraintes et les richesses du débat démocratique.
Le président et le gouvernement doivent faire un geste symbolique fort (rétablir l’ISF ?) qui calme le jeu.
Les oppositions de droite et de gauche doivent cesser de jeter de l’huile sur le feu en espérant tirer les marrons du feu. Ils ont été au pouvoir pendant des dizaines d’années et portent leur part de responsabilité dans la situation économique et sociale actuelle. Sans parler des extrêmes qui ont sombré dans l’opportunisme lamentable et irresponsable !
Les télévisions doivent arrêter de diffuser en boucle des scènes de violence qui alimentent l’hystérie collective. Et aussi de tendre leur micro à n’importe qui. Il faut choisir entre audience et conscience
:fl5 Dans « Marianne », C Bourseiller, spécialiste des extrêmes analyse les forces politiques qui travaillent le mouvement des gilets jaunes : « On observe deux sortes de mouvements sociaux : les mouvements sociaux dits de gauche naissent dans les entreprises et portent en général sur les conditions de travail ou les salaires. Les mouvements sociaux de droite naissent en dehors de l’entreprise, ils sont motivés par les taxes ou les impôts. Ils sont le fait d’agriculteurs, de petits commerçants Les revendications initiales des gilets jaunes les classent donc plutôt à droite. Le mouvement est ensuite devenu le réceptacle de toutes les colères et rancœurs... Aujourd’hui, c’est plus un mouvement de destruction qu’un mouvement de création, et cela se voit dans sa volonté de réduire au silence les modérés qui sont considérés comme des traîtres ».
Philou
Ecrit le 23 janvier 2019
Un vieux discours anti-élites
:fl5 Amis de la lutte des classes et de la raclette savoyarde, bonjour !
:fl5 Le mouvement des « gilets jaunes » serait-il le retour de la lutte des classes ? Oui si l’on en croit un sondage réalisé début janvier, le soutien aux « gilets jaunes », est indexé sur le niveau de revenu : 72% des Françaises et Français les plus modestes voulaient qu’il perdure, alors que 61% des plus aisés voulaient qu’il s’arrête.
Pourtant cette résurgence de la lutte des classes n’est pas si évidente. En effet, même si les manifestants les plus déterminés s’en prennent à des symboles de la richesse (agences bancaires, magasins de luxe), même si le rétablissement de l’ISF est plébiscité, la thématique principale qui ressort des slogans et des mots d’ordre n’est pas celle du combat des pauvres contre les riches, des salariés contre les patrons et contre le capitalisme. Le thème qui domine est celui d’un mouvement anti-élites, et plus précisément hostile aux représentants politiques, aux élus et au premier d’entre eux, le président de la République. Mais aussi aux journalistes et aux médias, qui sont soupçonnés d’être dans un rapport de connivence avec le monde politique et donc de travestir la vérité à son profit.
Cette révolte anti-élites politiques est bien plus grave qu’un conflit de classes (qui peut toujours se résoudre dans le cadre d’une négociation sociale et de concessions salariales) car elle touche au fondement du système démocratique. c’est pourquoi les concessions financières du pouvoir ont eu peu d’effet sur ce mouvement.
Que peut-on répondre à une demande qui veut mettre à bas les principes fondamentaux : la règle majoritaire, la délégation de la gestion des affaires publiques à des élus et le consentement de la minorité le temps du mandat : de la démocratie représentative ? On peut sans doute améliorer son fonctionnement, faire respirer la démocratie entre deux élections, mais cela suffira-t-il à apaiser les tensions ? On peut en douter. (Extraits d’un article du site Slate).
:fl5 Depuis le début de cette crise des députés de la majorité sont insultés, subissent des violences voir0,20 cme des menaces de mort, et sont harcelés jusqu’Ã leur domicile. Pour A Berger, « Il y a pire que celui qui menace, que celui qui tabasse, que celui qui intimide, il y a ceux qui arment les esprits pour légitimer ces violences dans notre pays ». Ces actes abjects devraient être condamnés fermement par l’ensemble des partis politiques
:fl5 Au nom d’une démocratie mal comprise et des impératifs de l’audimat, les médias consultent souvent l’homme de la rue. Mais la démocratie ne consiste pas à faire porter chaque décision par chaque citoyen...Les sondages font le « buzz » sur tous les sujets mais un sondage n’est rien d’autre qu’une réponse donnée sans réflexion, sans penser aux conséquences, et souvent suscitée par la forme de la question elle-même. Ils reproduisent l’air du coin de la rue, rien de plus !
Philou
Ecrit le 30 janvier2019
Des entre-soi dévastateurs
:fl5 Amis du discernement et de la crêpe bretonne, bonjour !
:fl5 « Peut-on gouverner à l’heure des réseaux sociaux ? » c’est la question posée par le politologue O Costa. Tous les États font face à « une défiance d’une ampleur inédite », aux revendications très « hétérogènes », amplifiées et radicalisées par le mode d’engagement des réseaux sociaux. Pour ce politologue, « la révolte des »gilets jaunes« n’est qu’un symptôme de plus d’un mal plus profond, celui qui a conduit au Brexit, à l’élection de V Orban, D Trump, M Salvini et J Bolsonaro, et qui garantit l’ inamovibilité de Poutine ou Erdogan ».
Les mobilisations de ces dernières années - qu’elles expriment une colère de droite ou de gauche - débouchent systématiquement sur des appels à la haine et une violence disproportionnée. A la différence des révolutions légitimes contre des pouvoirs tyranniques, comme la Révolution française ou les printemps arabes, les foules autoritaires piétinent la loi, les institutions et les élus car elles se pensent supérieures à l’État de droit.
Le mouvement des « gilets jaunes » a pu acquérir rapidement de l’ampleur par le canal des réseaux sociaux. On y méprise l’engagement associatif, partisan ou syndical, et l’on nie la compétence et la légitimité de ceux qui donnent de leur temps, pour faire avancer des idées et des causes, et savent comment mener une mobilisation et une négociation. Certains pensent qu’ils ont désormais vocation à se substituer aux partis, aux syndicats, et même à la représentation nationale
C’est le sens des discours de protestation et de révolte. Il est presque impossible d’y entamer un dialogue serein et argumenté. Ce qu’on entend, ce ne sont pas des arguments ou des idées, mais des émotions (« y en a marre ») et des perceptions (« on se moque de nous »). Les faits n’ont plus grande importance. C’est le règne de la croyance sur la connaissance : croyance religieuse ou sociale, il en va de même...
L’idée est que, puisque tous les responsables et élus sont réputés avoir échoué à régler les problèmes (réels ou fantasmés) de la France, n’importe quel porteur de « gilet jaune » ne peut pas faire pire : ils sont le peuple ! Face à cela, que pèsent la raison et l’argumentation ? Rien, ou si peu.
S’ajoute à cela la diffusion des « infox » (fausses nouvelles) par les réseaux sociaux : on aura rarement vu autant d’affirmations et d’informations farfelues alimenter un mouvement social. Il est quasiment impossible d’endiguer ce flot, en raison de l’hermétisme de sphères qui ne diffusent que des informations conformes à la pensée qui y domine !
Comment gérer une société dans laquelle le sens de l’intérêt général a cédé la place au chacun pour soi ? Une société où l’on ne se soucie plus de la cohérence des discours et des revendications ?
Philou