Ecrit le 5 février 2020
Amis du vivre-ensemble et de la chandeleur réunis, bonjour !
:fl3 Mila, une lycéenne de 16 ans, qui repoussait les avances d’un internaute a reçu des insultes racistes et homophobes. En réaction, elle a posté une vidéo sur Internet dans laquelle elle déclare sa détestation de la religion, en l’occurrence l’islam, celle de son harceleur : « Je déteste la religion , le Coran, il n’y a que de la haine là -dedans, l’islam, c’est de la merde, c’est ce que je pense... ».
Un torrent de haine, un déluge d’insultes, de menaces, de promesses de venir lui régler son compte s’est abattu sur elle. Les menaces sont suffisamment précises pour que la jeune fille ne retourne pas au lycée car sa sécurité n’y est plus assurée. Le procureur de la République a quand même estimé opportun d’ouvrir deux enquêtes : l’une pour menaces de mort, visant les agresseurs de Mila ; et l’autre pour « provocation à la haine à raison de la religion », visant Mila ! Cette dernière étant classée sans suite comme on pouvait s’y attendre : en France, on peut critiquer les religions, le délit de blasphème n’existe plus depuis 1881. Mais quel silence des associations antiracistes (Ã part la LICRA), des associations LGBT, des féministes, des associations de défense des droits de l’Homme ! Quel silence assourdissant de la quasi-totalité de la classe politique de droite comme de gauche ! L’extrême-droite, elle, en profite pour poursuivre son discours raciste et xénophobe contre les musulmans et les immigrés !
Une nouvelle forme de censure gagne chaque jour du terrain. Son slogan est : « Je suis pour la liberté d’expression, mais », mais il ne faut pas stigmatiser, mais j’interdis les conférences de mes adversaires politiques, mais certaines pièces de théâtres écrites il y a deux mille ans sont choquantes et racistes. On ne compte plus ces derniers mois les actions entreprises pour empêcher un spectacle, faire annuler la venue d’un homme politique ou d’un artiste. On ne compte plus les commentaires, articles, tribunes qui retournent l’accusation contre la victime. Un délégué général du Conseil Français du Culte Musulman ne craint pas d’affirmer « Elle l’a cherché, elle assume ! ». c’est à dire risquer de se faire violer ou égorger ?
Sur la liberté d’expression, nous devrions avoir les idées claires, et séparer sans hésitation la haine des personnes, condamnée par la loi, de la critique même violente, des idées et des croyances, qui est absolument libre. Nous devrions, au moins depuis Charlie, ne pas mégoter quand des appels au meurtre sont lancés par des islamistes : on sait qu’ils ne plaisantent pas, alors que celui qui insulte Jésus ou se moque de Yahvé ne court pas grand risque pour cela...
défendre la liberté d’expression, cela a toujours été la grande affaire des artistes, des journalistes, des intellectuels, des universitaires. On ne les voit pas, on ne les entend pas ! Ou plutôt, on les entend si peu, ils sont si peu nombreux que les voix des courageux, singulières et rares, se détachent. (Sources : G Clavreul : J Glavany)
Philou
Ecrit le 12 février 2020
Un insondable pessimisme
:fl3 Amis des questions iconoclastes et de la saint Valentin réunis, bonjour !
:fl3 La dernière édition du Portrait social de la France et des Français a été publié récemment par l’INSEE. Il mêle des indicateurs objectifs : sur la mobilité sociale, le niveau de vie, l’espérance de vie : et des indicateurs subjectifs à propos des opinions des Français sur ces même sujets.
Les indicateurs de mobilité sociale et de niveau de vie montrent (avec des nuances bien sûr) une forte amélioration de la situation des Français depuis la fin des années 1970.
En termes de niveau de vie, l’évolution est très nette et favorable. Le niveau de vie médian avant redistribution a progressé de 69% en euros constants de 1975 à 2016. La crise de 2008 a eu néanmoins pour effet de stopper cette progression jusqu’en 2013, après quoi la croissance a repris à un rythme modéré. Cette progression du niveau de vie médian ne s’est pas faite au détriment des plus pauvres et ne s’est pas accompagnée d’une augmentation des inégalités. Au contraire, les inégalités de niveau de vie ont fortement décru de 1975 à 2000 pour ré-augmenter à partir de 2005 et retrouver leur niveau de 1990.
La note de l’INSEE montre le puissant effet redistributif du système socio-fiscal français. Il a contribué à atténuer largement les conséquences, en termes de niveau de vie, de la crise de 2008 pour les Français les plus pauvres.
Sur le plan de la santé également, la situation paraît plutôt satisfaisante. La France y consacre 11% de son PIB, une des proportions les plus élevées des pays de l’OCDE et sur 16 critères passés en revue dans le rapport concernant l’état de santé et les performances du système de santé, la France affiche de meilleures performances que la moyenne de l’OCDE dans 14 cas. c’est notamment le cas, pour l’accès aux soins avec (89% des adultes disant avoir accès à un médecin quand nécessaire contre 79% dans l’OCDE), même si l’organisation note qu’il existe des préoccupations dans certaines zones sous-dotées. La France se distingue aussi par un faible reste à charge en matière de dépenses de santé pour les ménages et par la grande qualité des soins fournis par les hôpitaux.
Pourtant, malgré ces relativement bons résultats dans ces différents domaines, lorsqu’on les interroge sur ces questions, le pessimisme des Français est profond et ne fait que s’accentuer. Les Français sont persuadés que le niveau de vie se dégrade et ils sont de moins en moins nombreux à considérer que leur état de santé est satisfaisant.
Les conséquences sont délétères sur le débat public. Les opposants politiques connaissent ces chiffres mais la plupart s’emploient à caresser le pessimisme des Français dans le sens du poil. Ils en rajoutent même, et noircissent le tableau, comme si c’était le plus sûrmoyen de gagner les élections. c’est un jeu pervers et une attitude irresponsable et dangereuse. Mais comment sortir de ce cercle vicieux ?
Philou
Ecrit le 19 février 2020
Une plongée dans les égouts
:fl3 Amis des années bissextiles et du cidre breton réunis, bonjour !
:fl3 Jusqu’où ira-t-on dans l’ignominie ? La publication, par un immigré russe qui a demandé l’asile politique à la France, d’une vidéo intime de B Griveaux, et la décision de retrait de sa candidature qui a suivi, est une nouvelle étape dans la plongée aux égouts de la politique française. Pour déstabiliser un adversaire politique, certains emploient les rumeurs, les ragots, la calomnie, la probité d’un homme « jeté aux chiens » comme le formulait F Mitterrand. Avec cette affaire on franchit une nouvelle étape en cherchant à déstabiliser l’homme dans sa vie privée pour compromettre sa candidature politique. Ce n’est pas sans évoquer les méthodes de certains régimes autoritaires. Ce serait pour dénoncer l’« hypocrisie » des politiques, que l’auteur de cette publication a violé l’intimité d’un homme. Mais que dit la vie privée d’un homme sur sa capacité à gérer la ville de Paris ? Rien... Ce n’est plus de la transparence mais une chasse à l’homme et un puritanisme grotesque.
La violation de la vie privée, ou la simple crainte qu’elle puisse être découverte, est une privation de liberté. Nous devrions tous être inquiets : tout le monde est à la merci de « révélations ». Pas seulement les politiques : n’importe qui peut prétendre à votre mort sociale en dévoilant votre intimité.
:fl3 Depuis le début 2019, la grève des étudiants pour le climat a déclenché une mobilisation dans de nombreux pays, dont la France. Cette mobilisation, ainsi que le fort vote écologiste des jeunes aux élections européennes, donne l’image d’une jeunesse française convaincue de la réalité et de la gravité du changement climatique. Les travaux menés par le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) pour l’aDEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) révèlent une réalité plus nuancée. Si les jeunes sont inquiets de la catastrophe écologique annoncée, leurs comportements ne sont pas bien différents de ceux des générations plus âgées.
Les jeunes de 18 à 24 ans ne se situent pas vraiment en rupture vis-Ã -vis du modèle de société consumériste dans lequel ils ont grandi et vivent aujourd’hui. 20 % disent que, pour eux, consommer est avant tout un plaisir, soit 8 points de plus que la moyenne de la population. A l’heure où émerge une prise de conscience de l’impact écologique du secteur aérien, les jeunes n’ont pas encore commencé à faire des compromis avec leur désir de voyages, notamment en avion (+9 points au-dessus de la moyenne).
Au quotidien, ils ont des pratiques durables moins fréquentes que la moyenne. Ils sont moins nombreux à trier leurs déchets, à acheter des légumes de saison et locaux ainsi que des produits ayant moins d’impact sur l’environnement. Ils limitent également moins souvent leur consommation de viande et réduisent moins leur consommation d’électricité. c’est un peu contradictoire
Philou
Ecrit le 26 février 2020
Une pratique de privilégiés
:fl3 Amis de la neige en hiver et du pâté de campagne réunis, bonjour !
:fl3 Comme chaque année, les sports d’hiver occupent une grande place dans les médias. Parce que le tourisme est un enjeu économique, mais aussi parce que le ski fait partie des pratiques de l’univers des journalistes. c’est en complet décalage avec les pratiques de l’immense majorité de la population. Les sports d’hiver sont une pratique de privilégiés : seulement 8 % des Français partent skier au moins une fois tous les deux ans. (Étude du CREDOC) Pour partir en congés l’hiver, il faut disposer de congés et en avoir les moyens. Pour ce qui est du ski, les prix sont prohibitifs pour la plupart des ménages, même si certains salariés des grandes entreprises disposent du soutien d’un comité d’entreprise et que d’autres utilisent leurs réseaux familiaux ou d’amis.
La fréquentation des stations se maintient pour une raison simple : les catégories qui profitent de la neige ne sont pas concernées par la montée du chômage et la baisse des niveaux de vie. Une part croissante de la clientèle vient d’ailleurs de l’étranger.
:fl3 Dans une tribune signée dans le journal Le Monde, 1000 scientifiques de disciplines et de statuts très divers, dénoncent l’inaction des gouvernements face à l’urgence écologique. Ils dressent un constat très sombre, voire apocalyptique et ils prônent la « rébellion » et la « désobéissance civile ». s’il y a aujourd’hui un consensus scientifique sur le réchauffement climatique et sur l’impact des activités humaines, il est probable que tous les scientifiques ne partagent pas une vision aussi sombre. En effet ces derniers remettent en cause « les objectifs de croissance » défendus par le gouvernement et prônent un « changement radical de modèle économique et productif ».
Les auteurs ne disent pas ce que recouvre exactement ce changement radical, mais on comprend qu’il conduit à abandonner le mode de vie actuel : « notre mode de vie actuel et la croissance économique ne sont pas compatibles, écrivent-ils, avec la limitation du dérèglement climatique à des niveaux acceptables ». On consomme trop et mal, mais jusqu’où et en quels domaines le mode de vie des Français doit-il être révisé ? Les auteurs n’en disent rien.
Ils ne précisent pas non plus quels sont les biens auxquels il faudrait renoncer. Leur objectif est d’inverser la tendance et de stopper la croissance économique, le progrès technologique, en abandonnant par exemple « des technologies superflues et énergivores comme la 5G ou la voiture autonome ».
Les auteurs de la tribune prônent une évolution des modes de vie « vers plus de frugalité », c’est le nouveau mot à la mode dans certains milieux.... Même si s’orienter vers une société « frugale » peut être un objectif politique, encore faudrait-il que les citoyens soient clairement informés des conséquences sur leur mode de vie, consultés pour qu’ils valident ce changement fondamental de société.
Philou