Ecrit le 18 novembre 2007
Si Châteaubriant était en Palestine
Le comité Palestine/Israë l du Pays de Châteaubriant a adapté la situation des Palestiniens pour mieux faire comprendre leurs conditions de vie.
Si Châteaubriant était en Palestine, nous ne serions plus libres mais occupés.
Si Châteaubriant était en Palestine, nous ne pourrions pas aller directement à Pouancé car il y aurait un mur et il faudrait faire un long détour.
Si Châteaubriant était en Palestine, pour aller travailler à Nantes, l’accès à la quatre voies nous serait interdit car réservé aux colons. Au check-point à hauteur de Nozay, il faudrait descendre du car ou de voiture, attendre, se ranger en file indienne, sortir sa carte d’identité et la présenter poliment, sans s’énerver, aux jeunes soldats qui nous la demanderaient avant de remonter dans le car et ceci tous les jours, matin et soir. De temps en temps le soldat prendrait un voyageur qu’il ferait asseoir ou se déshabiller, comme bon lui semblerait
Si Châteaubriant était en Palestine, il y aurait un occupant qui prendrait notre eau, nos meilleures terres, et construirait des routes au milieu : sûres et rapides pour lui, nous laissant les anciennes routes qui ne seraient plus entretenues, voire barrées d’obstacles.
Si Châteaubriant était en Palestine, les soldats raseraient nos petits bois car on pourrait s’y cacher pour faire des choses
Si Châteaubriant était en Palestine, nos jeunes n’auraient jamais vu la mer : trop loin pour y aller, trop d’autorisations à obtenir. Pour nous-mêmes, elle ne serait qu’un souvenir lointain.
Si Châteaubriant était en Palestine, nos enfants seraient les plus instruits de France, mais ils ne pourraient pas trouver de travail, à moins de s’expatrier.
Si Châteaubriant était en Palestine, et que nous étions Hébron, la rue principale serait déserte, réservée aux colons, et un grillage serait tendu au dessus de nos têtes pour arrêter les ordures que jettent les colons depuis les étages des immeubles qu’ils occupent.
Si Châteaubriant était en Palestine, nous ne pourrions pas aller ensiler ou moissonner dans nos champs sans autorisation. Et si nous ne pouvions y aller au bon moment, les champs pourraient être, au bout de trois ans, récupérés par les colons, car ils seraient considérés comme abandonnés.
Si Châteaubriant était en Palestine, nous ferions des prières pour ne pas tomber malades ou être blessés car il n’y a pas assez de médicaments et les médecins sont débordés.
Si Châteaubriant était en Palestine, chaque nuit nous aurions peur des chars, des avions F16 ou des drones, des jeeps et des soldats qui entrent dans les villes ou les villages, fouillent les maisons, injurient, humilient, et tirent. Nous aurions peur qu’ils ne viennent arrêter le père de famille ou le fils aîné, qu’on ne reverrait plus de sitôt : ou bien qu’ils nous fassent brutalement sortir pour détruire la maison et tout ce qui est resté à l’intérieur
Si Châteaubriant était en Palestine, nous aurions peur pour nos enfants quand ils mettent du temps à rentrer de l’école ; pour notre mari qui rentre du travail, pour notre épouse qui est partie faire les courses.
Si Châteaubriant était en Palestine, on demanderait à certains d’entre nous de collaborer avec l’occupant en échange d’une autorisation pour se faire soigner ailleurs, ou de la libération d’un proche emprisonné.
Si Châteaubriant était en Palestine, à Gaza, nous garderions les fenêtres ouvertes, jour et nuit, pour éviter qu’elles n’explosent lors des bombardements. On vivrait dans le noir, sans chauffage, et on mangerait froid car il n’y aurait plus de gaz ni d’électricité, ou seulement quelques heures de temps en temps.
Si Châteaubriant était en Palestine, nos amis ne viendraient plus nous voir car les frontières seraient fermées et à la gare d’Angers ou à l’aéroport de Nantes nos amis seraient questionnés et fouillés. Il faudrait qu’ils inventent une ferveur particulière pour l’histoire de la Résistance et qu’ils viennent se recueillir à la Carrière des Fusillés. Sinon ils seraient illico remis dans l’avion. En bateau ? Ils se feraient tirer dessus en entrant dans les eaux territoriales. Si Saint-Nazaire était Gaza, le port serait détruit.
Si Châteaubriant était en Palestine, les autres régions françaises nous assureraient de leur soutien et continueraient de commercer avec le reste du monde. Il faut bien vivre !
Si Châteaubriant était en Palestine, les infrastructures de la ville (piscine, médiathèque, ramassage d’ordures etc.) auraient été détruites et le matériel nécessaire aux réparations hors de prix. Il faudrait apprendre à faire sans.
Si Châteaubriant était en Palestine, plusieurs de nos élus municipaux aurait sans doute été emprisonnés pour une durée indéterminée. Certains auraient peut-être eu toutes les dents cassées comme le maire de Beit Ommarou encore on les aurait obligés à collaborer pour rester en place.
Si Châteaubriant était en Palestine, peut-être dirions-nous, comme ce maire d’Al-Ma’sara : « Ils nous ont tué un enfant de dix ans cet été, c’est une victoire pour nous, cela prouve qu’ils sont à bout d’arguments ».
Si Châteaubriant était en Palestine, nous ne serions plus libres mais occupés.
Opération chemins
l’agriculture est un moyen de vivre et de survivre pour une population sans travail. Elle est aussi, par l’occupation des sols, à la base de la création d’un Etat. Le comité Palestine-Israë l-méditerranée du Pays de Châteaubriant a décidé d’aider à la création et à la mise en état des chemins qui permettent d’accéder aux parcelles cultivées. Comment ? Par des échanges techniques (formation agricole, jumelage avec une coopérative agricole de France) — par une sensibilisation culturelle (voir le spectacle « Contes Palestiniens ») et politique (des contacts sont pris avec les élus du Pays de Châteaubriant )
Le comité réfléchit aussi à la possibilité de réaliser de petites réserves d’eau, dans un contexte crucial de restriction et de pénurie.
Du 24 au 28 novembre 2009 M. Nasri Sabarna Maire, et M. Yousef Quqas responsable de la coopérative de Beit Ommar, ainsi que M. Safwat Ibraghith diplomate à la délégation de Palestine en France seront en France, ils rencontreront le Conseil Général et le Conseil Régional,
les maires de Nozay, Soudan, Châteaubriant, la coopérative Terrena et des syndicalistes agricoles, le Conseil de développement, ils visiteront le centre d’enfouissement de Treffieux, etc.
Les moyens humains existent à Beit Ommar. L’intelligence et la technicité aussi. Les Palestiniens sont soucieux d’échanger sur les méthodes d’organisation, la mise en valeur des connaissances.
Les spectacles de la fin novembre seront une occasion de rencontre avec les responsables palestiniens.
(Rens. 02 28 04 08 57)
Contes Palestiniens
La culture de Palestine s’invite au Pays de Châteaubriant avec trois concerts de chants traditionnels et modernes sur des poèmes de Mahmoud Darwich, mélangés à des Contes populaires humoristiques collectés par Jean Luc Bansard du théâtre du Tiroir au cours de quatre voyages en Palestine et dans les camps de réfugiés : c’est la découverte de l’Humour et des Rêves d’un peuple qui refuse de se voir condamné à l’exil et à être dépossédé de sa terre.
A 22 heures, après le spectacle, il y aura un débat de 45 mn, autour de boissons chaudes et froides et de gâteaux
Spectacles à 20 h :
– 24 nov à Nozay
(salle Jouvence)
– 25 nov à Soudan
(salle municipale)
– 27 nov à Sion-les-Mines
(salle Amicale laïque)
Entrée 7 €.
Renseig. au 02 28 04 08 57