(écrit le 28 novembre 2001)
Turquie : fin de la suprématie masculine
Les députés turcs ont adopté jeudi 22 novembre 2001 une importante réforme du code civil qui met notamment fin à la suprématie masculine dans le mariage. Le nouveau code supprime un article proclamant que « l’homme est le chef de l’union matrimoniale ».
Autre changement significatif : tous les biens acquis lors d’un mariage seront communs au couple, alors qu’actuellement, ils appartiennent à celui au nom duquel ils ont été enregistrés.
Les femmes n’auront plus besoin d’une autorisation de leur mari pour exercer un travail rémunéré, à condition que cela ne remette pas en cause « l’harmonie de leur alliance ».
Elles pourront garder leur nom en l’accolant à celui de leur époux. Ce dernier pourra abandonner son nom pour celui de son épouse.
L’âge légal pour pouvoir se marier est porté à 18 ans pour tous, (15 ans pour les femmes et 17 ans pour les hommes actuellement)
Le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, qui a farouchement défendu le projet, débattu depuis deux ans dans différentes commissions parlementaires, a salué le vote au parlement.
Mais ce n’est là qu’un petit pas ... sur le papier ...car, si les femmes jouissent depuis des décennies de droits assez vastes
en Turquie, notamment dans les grandes villes où elles sont présentes dans tous les échelons de la vie sociale et administrative, elles sont encore souvent bafouées dans les campagnes, et notamment dans le sud-est où subsiste un système féodal toléré par le pouvoir central.
Afghanistan
La fin de la burqua ?
L’analyse est la même en Afghanistan où les femmes afghanes peuvent à nouveau sortir dans la rue sans être chaperonnées par un homme de leur famille. Elles peuvent théoriquement enlever leur burqa en public. C’est un progrès par rapport au régime taliban, qui leur avait interdit de sortir, de travailler, d’étudier, voire de se faire soigner, sous prétexte qu’elles étaient une tentation permanente pour les hommes, et qui prétendait que leurs voiles grillagés étaient destinés à les protéger de la concupiscence des mâles.
Mais c’est un progrès tout relatif, car la première manifestation de femmes dans les rues de Kaboul, où elles ne demandaient que l’application de la promesse faite par l’Alliance du Nord de les autoriser à travailler, a été interdite.
De plus, en pays pachtoune - la plus importante ethnie du pays - la coutume considère toujours la moitié de sa population pire qu’une bête de somme et on sait bien que cette question ne préoccupe guère les nouveaux dirigeants qui se disputent le pouvoir.
Khadija, l’une des deux seules femmes médecins dans le bourg de Languiqala et dans le district voisin sous contrôle de l’Alliance du Nord estime que cette organisation tient, selon elle, la bride « presque aussi serrée » aux femmes que la milice intégriste des talibans.
Le poids de l’ignorance
« Comment les femmes pourraient-elles avoir de meilleures conditions de vie dans ce pays en guerre depuis plus de vingt ans ? Les femmes n’ont pas de place dans une telle société », dit Mohammad, son mari .
Khadija et Mohammad mettent en cause le manque d’éducation de la population afghane, dont une grande partie est, selon eux, illettrée dans les campagnes, pour expliquer la situation difficile des femmes.
« Les gens ici sont ignorants. Une situation qui va durer très longtemps, notre gouvernement n’ayant pas compris qu’il fallait investir dans des programmes d’éducation et de santé », explique Mohammad.
« Les femmes se marient vers l’âge de 15 ans, ce qui est trop tôt, et ont en général une dizaine d’enfants, ce qui dépasse de beaucoup leurs pauvres moyens », dit Khadija
Elle, dans sa petite clinique à peu près dépourvue d’équipement, examine jusqu’Ã 50 femmes par jour : « Les mollahs des villages interdisent aux femmes de se faire soigner par des hommes, et nous manquons terriblement de médecins femmes », explique Khadija.
Les talibans ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Le problème est plus profond, historique, social, fondé sur une culture d’un autre âge certes, mais aussi sur un manque d’éducation et une misère persistante.
(écrit le 3 juin 2003)
Au Soudan, une adolescente de 14 ans reconnue coupable d’adultère, est condamnée à recevoir 100 coups de fouet.
Le 17 mai 2003, une jeune fille de quatorze ans, enceinte de neuf mois alors qu’elle n’est pas mariée, a été condamnée à recevoir 100 coups de fouet par un tribunal de la ville de Nyala, dans l’Ouest du Soudan. Si cette décision est confirmée en appel, cette adolescente risque de se voir immédiatement appliquer cette peine de flagellation, châtiment qu’Amnesty International estime cruel, inhumain et dégradant.
Cette adolescente a été arrêtée dans le quartier Al Wihda, à Nyala, par des membres de la police publique, chargée de faire respecter les « bonnes moeurs ». Un homme d’affaires de vingt-cinq ans, mis en cause dans le cadre de cette affaire, a été acquitté, faute de preuves.
La jeune fille a pu recourir aux services d’un avocat et a fait appel en mettant en avant le fait qu’elle est enceinte et n’est pas physiquement apte à supporter actuellement un tel châtiment.
Cruel, dégradant
La flagellation et l’amputation sont au nombre des peines prévues par le Code pénal soudanais, fondé en partie sur la charia (loi islamique). Amnesty International ne prend aucunement position vis-Ã -vis de la charia, ni d’une quelconque autre forme de droit religieux. Toutefois, elle estime que ces peines sont incompatibles avec les obligations qui incombent au Soudan en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En outre, l’application de la flagellation à un mineur constitue une violation de la Convention relative aux droits de l’enfant, dont le Soudan est signataire. En octobre 2002, le Comité des droits de l’enfant a recommandé au Soudan de « mettre un terme à l’application de châtiments corporels, notamment la flagellation, l’amputation ».
La flagellation est pratique courante au Soudan. Par exemple, en novembre 2002, 17 femmes du village de Munawashi, 80 km au nord de Nyala, ont été condamnées à 100 coups de fouet chacune, pour adultère. Aucun homme n’a été inculpé ! ! (l’adultère est sûrement un vice solitaire) et ces femmes n’ont pas été autorisées à consulter un avocat. Elles ont été flagellées juste après avoir été condamnées.
Pour protester contre le châtiment qui attend cette enfant, vous pouvez écrire avec Amnesty International
http://www.amnestyinternational.be/doc
(écrit le 16 janvier 2002)
exécution-lapidation
Une jeune femme de 30 ans, Safya Husseini Tungar-Tudu a été condamnée selon la législation fondamentaliste islamique en vigueur au Nigéria à être ensevelie vivante jusqu’Ã la poitrine puis lapidée à mort, pour avoir eu un enfant sans être mariée.
Le père présumé a évidemment été absous pour insuffisance de preuves.
Il vous est demandé d’écrire un bref message personnel du type : « je demande, (ou nous demandons) que le président de la République du Nigéria accorde sa grâce à Saya Husseini Tungar-Tudu. Nous vous prions, Monsieur l’Ambassadeur, de bien vouloir faire le nécessaire pour que cette mise à mort barbare et indigne soit rapidement annulée conformément aux principes du Droit International et aux principes qui régissent la dignité humaine. Le droit à la vie et à la dignité doit être sauvegardé pour chacun, quels que soient sa nationalité, son sexe, son âge, son origine ethnique... quels que soient ses fautes ou même ses crimes »
et de l’envoyer par la poste à :
Ambassade du Nigéria,
173 av .Victor Hugo
75016 Paris
ou par Fax au : 01 47 04 47 54
ou par e-mail : à la présidence de la république fédérale du Nigéria,
courriel : public@nopa.net ; ou embassy@nigeriaparis.com
site internet http://www.nopa.net/
(écrit le 18 janvier 2002) :
La lapidation devait avoir lieu le 12 janvier. Les protestations mondiales l’ont fait différer.
Exprimant sa reconnaissance pour le soutien grandissant qui lui est apporté du monde entier, Safiya Husaini, a expliqué dans une interview à l’AFP vouloir obtenir justice en faisant appel de ce jugement.
« Ce que j’espère, maintenant, c’est la justice », ajoute-t-elle.
Safiya a été condamnée à mort en octobre dernier par un tribunal islamique de Sokoto (nord), qui, constatant qu’elle avait donné naissance à une petite fille en février 2001 alors qu’elle était divorcée, l’avait déclarée coupable d’adultère.
Selon la Charia (loi islamique), réintroduite en 2000 dans plusieurs Etats du nord du Nigeria, à majorité musulmane, une femme mariée une première fois, même si elle a ensuite divorcé, commet un adultère si elle a des relations sexuelles sans être remariée. La grossesse est la seule preuve requise.
Les avocats de Safiya Husaini plaideront en appel que leur cliente a été violée et n’est donc pas responsable devant la loi. Ils préciseront que l’infraction présumée étant survenue avant l’entrée en vigueur de la loi islamique dans l’Etat, le verdict rend la loi rétroactive.
Safiya Husaini a été mariée pour la première fois à 12 ans, comme nombre de femmes du nord du Nigeria. Ce mariage n’a pas duré, pas plus que les deux suivants. Après son dernier divorce, elle a repoussé les avances d’un vieil homme de son village, qui l’a alors, selon elle, violée.
« Je suis innocente. Je n’ai jamais consenti à ces relations sexuelles. J’ai été forcée », clame-t-elle.
« Je n’ai pas pu le dire car il n’est pas permis à une femme (de l’ethnie) Fulani d’évoquer ces choses-là », ajoute-t-elle, la tête baissée.
L’affaire Safiya Husaini a provoqué un grand émoi dans le monde entier. Mercredi 9 janvier, des centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade du Nigeria à Rome pour protester contre le jugement. Vendredi11 janvier, des femmes grecques se sont mobilisées pour dénoncer une décision « inhumaine ».
Le gouvernement nigérian du président Olusegun Obasanjo, un chrétien, a promis de soutenir l’appel de Safiya Husaini.
Il importe de continuer à envoyer des messages pour que cessent ces pratiques barbares.
Avant de cliquer
(écrit le 20 mars 2002)
S’informer avant de cliquer : c’est ce que recommande l’association Amnesty International. En effet une pétition a largement circulé sur Internet et a généré des milliers de courriers électroniques à l’ambassade du Nigéria. Il s’agit du cas de Safiya Hussaini, cette jeune Nigériane condamnée à mort par lapidation pour avoir enfanté hors mariage. Or cette pétition lancée par un journaliste italien comporte des informations erronées et mentionne Amnesty International sans que l’association soit le moins du moins partie prenante de cette initiative . Amnesty International précise qu’elle suit le cas de cette personne depuis le début de 2001, que le secrétariat international est en lien quasi quotidien avec son avocat et que des précédents très malheureux prouvent que des interventions intempestives peuvent au contraire hâter les applications de peines par les juges de la charia ! Amnesty International rappelle donc qu’il faut se méfier des réactions trop émotionnelles. Tous ceux qui veulent agir sans risques de bévues peuvent toujours rejoindre le réseau d’Actions Urgentes d’Amnesty International (il n’est pas nécessaire d’être adhérent à l’association). Et des cas comme celui de Safiya, mais moins médiatisés, sont malheureusement fréquents. tél 02 40 55 20 84
(Aux dernières nouvelles le ministre de la justice du Nigéria a écrit le 18 mars 2002 aux gouverneurs des 19 Etats du Nord, à majorité musulmane, pour leur dire que « la charia s’applique aux seuls musulmans et qu’il est impératif que les droits de ces personnes soient préservés à l’instar de ceux des autres citoyens, comme le prévoit la Constitution ». « Toute loi appliquée à des personnes uniquement parce qu’elles sont musulmanes, ou selon leur sexe, est discriminatoire. Elle n’est pas seulement contraire à la Constitution, mais aussi à l’équité ». )
La cour d’appel a renvoyé l’étude du cas au 27 août 2003
Ecrit le 23 novembre 2016
TecavüzMesrulastirilamaz
Cela veut dire : On ne peut pas légitimer le viol. c’est un mouvement massif sur internet pour s’opposer au projet de loi turc qui permettrait d’annuler les condamnations des agresseurs sexuels sur mineur s’ils épousent leur victime ! Ah ! Attendez, ce ne sera possible que s’il n’y a eu ni force, ni menace, ni aucune forme de contrainte. Mais vous savez bien, les petites filles, c’est bien connu, ça ne demande qu’Ã se marier et avoir des enfants. Et quel plaisir d’épouser l’homme qui vous a forcée et qui, peut-être, vous a fait un enfant !
Une pétition mise en ligne sur change.org et appelant les autorités à bloquer l’adoption de ce texte a recueilli plus de 700.000 signatures. Des personnalités, en Turquie, des associations vice-présidées par la fille et la soeur du président turc Erdogan, demandent l’annulation de ce projet de loi. Les mouvements féministes demandent la même chose car elles craignent que ce projet de loi envoie « le mauvais message » et qu’il pourrait conduire à « de nouveaux abus ».
De son côté l’ONU condamne : « Ces formes abjectes de violence contre des enfants sont des crimes qui devraient être punis en tant que tels, et dans tous les cas, l’intérêt supérieur de l’enfant devrait prévaloir », a déclaré à l’aFP Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance). « L’Unicef est profondément inquiète du projet de loi (...) qui introduit une sorte d’amnistie pour les coupables d’abus sur des enfants », a-t-il ajouté.