Ecrit en février 2000 :
Puces : Ca vous agace ou ça vous tracasse ?
Des puces, des puces ! Ca vous agace ou ça vous tracasse ? Ca vous gratouille ou ça vous chatouille ? Un savant en a répertorié 90 espèces, très spécialisées. L’homme a sa puce à lui, qui se nomme Pulex Irritans. Irritans, c’est tout-à -fait ça . Le pigeon a une puce qui ne pique que lui. Même chose pour le hérisson : on se demande d’ailleurs comment il fait pour se gratter, celui-là . L’hirondelle de maison a le choix entre 4 ou 5 espèces de puces, la taupe aussi. Les rats et souris en hébergent une dizaine.
Les puces, c’est des bestioles très anciennes. On a retrouvé la puce de l’homme dès l’âge du Bronze. La plus vieille puce du chien remonte à l’époque gallo-romaine. La plus ancienne puce du chat a été découverte dans les fortifications de la ville de Rennes qui datent du XIe siècle.
La puce de l’homme a disparu parce que les maisons ont une atmosphère trop sèche et trop chaude. La puce du chat, elle, plutôt frileuse, elle préfère les périodes chaudes. Et des fois, dans de vieilles maisons pas très propres, elle peut proliférer l’été : c’est ce qu’on appelle les « puces de plancher » : elles peuvent piquer l’homme mais cette espèce ne lui convient pas et alors sa fécondité chute considérablement.
A côté de ces petits insectes « pulex », fort agaçants, se développent d’autres sortes de « puces » liées à l’informatique. Elle ne sautent ni ne piquent celles-là . Quoique ...
Agents à puces
Il paraît qu’il va bientôt y avoir des puces sous les papillons : les agents de ville pourraient être équipés de terminaux de lecture : la puce enregistrerait la marque du véhicule, son numéro, la nature de la faute, l’amende à payer . Le contrevenant pourrait alors payer immédiatement avec sa carte de crédit (Ã puce !) dans une borne de paiement. Les voitures ont un numéro d’immatriculation. Vous verrez qu’un jour on exigera un « code-barre ». Pour l’homme aussi peut-être ?
Il y a, dit-on, des puces dans les poupées : le jouet s éveille et s’endort tout seul, il tousse et gazouille, et pleure s’il n’a pas fait son rot, il connaît la date du jour, et l’heure, et se met à parler à sa petite maman quand elle s’approche de lui. Il pourrait bientôt être doté d’une intelligence artificielle.
Des puces pour les yeux
Il y a des hommes qui ont des puces sur les yeux . Une équipe américaine vient de rendre un peu de vision à un aveugle, à un homme de 62 ans aveugle depuis l’âge de 36 ans. Il s’agit d’une caméra vidéo reliée au cerveau de l’homme par un ordinateur. L’ensemble, entièrement portable, lui permet de reconnaître certaines formes. L’homme peut lire des caractères de 15 cm de haut, à une distance de 1,50 m. Il peut aussi compter les doigts d’une main et savoir où sont les prises électriques sur un mur. C’est peu de chose, mais c’est un début et les savants espèrent arriver à un traitement de l’image, par l’ordinateur, qui permettrait à un aveugle de « voir » des objets comme s’ils étaient des dessins au trait.
Dans la peau
Et puis, il y a des gens qui ont des puces dans la peau. Les expérimentations se multiplient. Le 15 décembre 1999 la société Applied Digital Solutions a déclaré avoir acquis les droits d’exploitation d’un brevet pour « le premier dispositif électronique implantable chez les êtres humains » qu’elle a appelé « Digital Angel » et qui peut servir à surveiller l’état de santé d’un patient, à libérer des médicaments à heure contrôlée.... ou à localiser des randonneurs perdus dans la nature. Mieux que le téléphone portable !
On pourrait, avec une généralisation du système, suivre tous les individus à la trace, savoir où ils se trouvent à toute heure du jour ou de la nuit, avec qui ils causent et ce qu’ils font. Misère de nous !
Et puis il y a des êtres humains qui ont des puces (virtuelles) dans le ciboulot, qui sont « branchés » du soir au matin avec cet étrange engin qui peut commander votre salade ou votre voiture, et vous permettre de dialoguer constamment avec votre conjoint au bureau ou à la maison. Le monde de demain sera communicant ou ne sera pas ....
déconnexion
C’est alors qu’on voit apparaître un tout nouveau « droit de l’Homme » : le droit à la déconnexion et à l’isolement, comme dit le sociologue Françis Jauréguiberry. Le droit de débrancher le téléphone portable, le droit de ne pas être joignable à tout moment, le droit de pouvoir disposer de son temps personnel à sa guise, le droit d’être enfin SEUL, enfin libre, sans un téléphone portable qui vous suit partout, sans un ordinateur qui enregistre tout .... Sinon un jour, tout le monde pétera les plombs !
Sources :
Source : Le Monde des 13 janvier, 21 janvier, 26 janvier, 9 février, 22 février 2000, Ouest France du 24 février 2000
Ecrit le 28 janvier 2004 :
Internet : que sont nos libertés devenues ?
Pour ceux qui ont encore du mal à comprendre ce que c’est qu’internet (1) voici une explication qui se veut simple.
Imaginez .... Imaginez que la planète Terre est enfermée dans un filet de pêche aux mailles serrées (qu’on appelle « la Toile » ou « le web »). A partir d’un ordinateur, vous accédez à un noeud du filet, grâce à un « fournisseur d’accès » c’est-Ã -dire grâce à quelqu’un qui vous ouvre une porte. Et, de proche en proche, vous « naviguez » sur la Toile jusqu’Ã vous trouver à l’aplomb d’un autre endroit du monde où un autre ordinateur vous reçoit. Ainsi circulent les courriers électroniques, qu’on appelle « courriels » en français et « mail » en anglais. Ils sont « transportés » comme les messages téléphoniques.
Imaginez ... Imaginez que, chez vous, vous avez fabriqué un album photo, avec un commentaire. Avec votre ordinateur vous l’envoyez sur « la toile » : il devient un « site web » (ou site internet) et peut lui aussi voyager jusqu’Ã l’autre bout du monde. Chaque semaine La Mée fabrique « un site » qui peut être lu à partir d’un ordinateur situé au pérou, au Japon, en Namibie ou ailleurs. (oui ! oui, ça arrive !)
Mais pour voyager ainsi, il faut que ce site web soit placé sur un très gros ordinateur qu’on appelle un « hébergeur ». Les principaux, en France, sont Wanadoo, Ouvaton, Iris, i-France, etc. Cet « hébergeur » c’est un peu comme le facteur qui transporte vos lettres d’un bout à l’autre de la planète.
Hébergeurs menacés par LCEN
Or voilà que le gouvernement veut réglementer ces hébergeurs, par l’intermédiaire d’une loi qui s’appelle « Loi sur la Confiance dans l’Economie Numérique » (LCEN) ou « Loi Nicole Fontaine » et qui a été votée par l’Assemblée Nationale le 8 janvier 2004.
Deux points principaux :
– 1) Les hébergeurs sont promus juges de proximité, et sont obligés de se substituer à la justice sur simple dénonciation, en censurant certains sites.
– 2)Les hébergeurs devront filtrer les sites étrangers
C’est comme si on chargeait le facteur de censurer le texte des lettres qu’il distribue.
Ces mesures sont à la fois attentatoires aux droits fondamentaux des citoyens, inefficaces, contre-productives et inapplicables aussi bien techniquement que matériellement.
Censure
Concernant la censure des sites web, les hébergeurs n’ont pas la vocation d’arbitrer entre les différends de nos concitoyens, cela est du strict ressort de l’autorité judiciaire. Et chacun sait que la justice varie ! Dans les affaires de diffamation ou qui touchent au droit des marques par exemple, la justice de première instance est parfois contredite en appel. Comment un hébergeur pourrait-il rendre un avis plus qualifié ?
De plus, actuellement, les sites nazis ou pédophiles ne sont pas hébergés en France car les hébergeurs français ont l’obligation de donner l’identité de leurs clients sur réquisition de la justice. Et si cela arrivait, ce n’est pas à l’hébergeur de décider de fermer un tel site : c’est à la justice d’engager des poursuites comme le prévoit la législation actuelle.
A noter que rien n’empêche un site condamnable de faire appel à un hébergeur étranger. Les personnes mal intentionnées pourront donc continuer leurs activités comme aujourd’hui. D’autant plus que l’immense majorité des fichiers illicites circulent directement entre les internautes.
Finalement, le projet de loi, qui va venir devant le sénat fin février, est destiné à restreindre la liberté d’expression et d’information des Français (comme le fait la Chine), et en aucun cas à diminuer le piratage et la pédophilie.
On n’a jamais vu en France que quiconque puisse juger, et appliquer une peine à la place d’un juge. C’est pourtant ce qui est demandé aux hébergeurs. Le sénat en a bien conscience puisqu’il a institué un nouveau délit : le délit de dénonciation injustifiée d’un site internet !
On a donc, dans le même texte de loi, des articles rendant les uns coupables de ne pas avoir jugé ... et les autres coupables d’avoir jugé à tort !
Filtrage aux frontières
(une ligne Maginot numérique)
Le projet de loi impose aux hébergeurs de filtrer les sites étrangers. C’est techniquement impossible car le site se promène sur la Toile, se déplace en moins d’une seconde, et autant de fois que nécessaire. Vouloir filtrer un site, c’est comme vouloir boucher un trou d’une passoire remplie d’eau ! Ca ne sert à rien !
Le sénateur UMP Trégouë t, est intervenu pour dénoncer la privatisation de la justice et le « flicage » en ligne prévus par le projet de Nicole Fontaine. Sa perspicacité, la profondeur de son analyse, et la prospective qu’il présentait suscitaient d’ailleurs les louanges unanimes de ses pairs. Il affirmait ainsi on ne peut plus clairement : « les internautes n’ont pas à être jugés et censurés par des groupes privés ».
Un exemple : le 20 avril 2001, le site JeBoycotteDanone.com, créé à la suite de licenciements dans cette entreprise, a été censuré par son hébergeur qui a craint les ennuis judiciaires et financiers. Ce faisant, il a porté atteinte à la liberté d’expression des salariés licenciés ! Par la suite la justice a tranché, en disant que l’expression des salariés était légale, qu’il fallait simplement supprimer le logo de Danone. Puis le 30 avril 2003 , le tribunal a condamné Danone pour ses pressions !
D’autres groupes ont de même été victimes de pressions : Greenpeace, Sudptt. Et demain, La Mée, pourquoi pas ? Les plus forts, médiatiquement ou financièrement, pourraient-ils bientôt empêcher l’expression des autres, en poussant les « hébergeurs » à refuser des sites internet qui ne leur paraîtraient pas « politiquement corrects » ?
En conclusion
S’il est évident que tout n’est pas permis dans la République numérique (internet) comme dans la République réelle, il n’en reste pas moins que dans la justice numérique, c’est à l’autorité judiciaire de juger, comme dans la justice réelle.
Sinon le sénateur Trégouë t aura prévenu :
« IL NE VOUS RESTERA QUE VOS YEUX POUR PLEURER ! »
Pour en savoir plus :
http://www.odebi.org/deputes/0justice.html
Ecrit le 28 mars 2007
Chouette : une pune intelligente
Selon Ouest-France du 23 mars 2007, la société Etik Ouest (Vendée) a équipé une entreprise en puces « intelligentes », ce qui a permis à cette entreprise « d’optimiser ses procédés de fabrication et de ramener le nombre de ses salariés de 50 à ...5 ». Plus besoin d’ouvriers !
La société Microsoft propose à ses clients de mettre des puces de ce type dans les colis postaux, pour accélérer le tri et la livraison. Plus besoin de postiers !
Ces mêmes puces, qu’on appelle des RFID (radio fréquency identification) vont bientôt équiper les produits des supermarchés. Chouette ! Plus besoin de caissières !
RFID un amour de puce