Ecrit le 26.10.94
Une implantation dans le cadre de la Communauté de Communes :
30 emplois avec « Biche de BERE »
Qui ne connaît la fabuleuse Bête de Béré, dont le souvenir terrorise encore les gens de Châteaubriant ? Mouton, chat, chèvre, chien, elle avait la mauvaise habitude de jeter au fossé tous ceux qui rentraient tard le soir dans leur logis.
Mais avec le temps, et les évolutions de la civilisation, la mauvaise bête de Béré est en train de subir une mutation et de devenir tendre BICHE DE BERE. Prononcez « Biche de Baire », à l’américaine, et vous trouverez une jeune femme, Mlle Nelly BICHE, 29 ans, originaire de Béré et qui a l’intention de créer une usine de 30 emplois féminins, dans le quartier de Béré évidemment. Ce qui prouve qu’on peut être Biche et savoir se battre contre les loups. [Une belle histoire qui tourne souvent au drame :voir plus loin !)
Nelly BICHE, après des études de design et de Beaux-Arts, à Paris et à Milan, s’en est allée tenter un jour sa chance aux Amériques. Elle avait 20 ans. Et c’est là , à New York, que ses bijoux fantaisie ont fait fureur sous l’appellation « Biche de BERE » (Biche de Baire, disent les Américains qui ne connaissent pas les accents). Une affaire qui marche si bien que Mlle BICHE a créé plusieurs magasins à Paris, mais aussi à Bruxelles, en Australie et ailleurs, en attendant de s’en aller au Japon.
Ses œuvres, relativement bon marché, utilisent l’aluminium, le métal argenté ou doré, le papier cartonné, le raphia et la résine, et sont recherchées des grands couturiers qui aiment en orner leurs collections. La jeune femme envisage 150 boutiques en Europe dans les 5 ans à venir, mais c’est à Châteaubriant qu’elle revient, sur les terres natales, route de Bain de Bretagne, en une zone qualifiée de « Nae » (future zone artisanale) dans le Plan d’Occupation des sols de Châteaubriant.
LÃ , elle a l’intention de rapatrier son unité de fabrication implantée à New York : une trentaine d’emplois dans l’immédiat, la plupart féminins. Rapidement le chiffre devrait monter à 50, et peut-être 130-150 si tout va bien.
La Communauté de Communes du Castelbriantais (CCC ), a été informée de ce projet le 20 octobre dernier et a donné son accord pour construire un bâtiment de 2 500 000,00 F sur un terrain de 1000 m2, dans le cadre d’une VEFA (Vente en l’Etat Futur d’Achèvement). L’affaire a été négociée par Martine BURON et le Service Economique de la Ville de Châteaubriant. La présidente de la CCC est d’ores et déjà autorisée à engager les démarches préalables à cette construction (notamment les appels d’offres). A signaler que l’installation en machines représentera 6 000 000,00 F
Cette implantation entre dans le cadre de l’intercommunalité, ce qui entraînera un partage de la taxe professionnelle entre les différentes communes de la Communauté de Communes du Castelbriantais. Une délocalisation de New York à Châteaubriant cela fait plaisir ! Souhaitons que l’affaire aille jusqu’Ã son terme.
Ecrit le 02.11.1994
Biche de BERE dans la pépinière d’entreprises
Au cours du Conseil Municipal, Martine BURON a annoncé que la société FACAS qui occupait un atelier-relais dans la pépinière d’entreprises, avait quitté les lieux pour s’installer dans ses nouveaux locaux, dans la zone d’activités du Val de Chère.
En remplacement, la société BICHE de BERE va installer un atelier de pré-production dans cet atelier de 300 m2 environ. Cela devrait être fait avant la fin de l’année.
Ecrit le 16.11.1994
Par Fortunat notre patron
Les membres de l’Académie du Châteaubriant arborent tous la belle médaille, créée spécialement par Mlle BICHE DE BERE, qui représente le grand Ouest de la France et marque Châteaubriant par une étoile.
Ecrit le 04.10.1995
Une usine en construction
L’entreprise « BICHE DE BERE » est à l’étroit dans les locaux de la pépinière d’entreprises. Le nombre de salariés, une quarantaine actuellement (en comprenant les vendeuses des boutiques), devrait atteindre bientôt 130, si tout marche comme sur des roulettes. La modification a été demandée par Mme Nelly BICHE.
En effet, par délibération du 20 octobre 1994, la Communauté de Communes a accepté la signature d’une VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) avec Mme BICHE pour la construction de son usine. Mais c’était dans l’attente du financement de cette construction par une SICOMI (Société Immobilière pour le Commerce et l’Industrie). Celle-ci a été trouvée et c’est donc elle, maintenant, qui va poursuivre la construction et percevoir les aides de la Région, du département et de l’Union Européenne, comme cela s’est fait récemment pour l’usine COMETE (UFM Marie).
où en est l’emploi ?
Les inquiétudes concernant PROVOST s’ajoutent à d’autres inquiétudes concernant Guéméné-Confection, Kalita-Confection, Biche de Béré, etc.
Chez BICHE DE BERE, l’inquiétude vient du nombre de licenciements ponctuels prononcés, du jour au lendemain. Cela laisse bien mal augurer des conditions de travail dans cette entreprise.
Ecrit le 20.03.1996 - 12/96
Salariés en solde
Chez Biche (dans le quartier de Béré), le nouvel atelier, route de Bain de Bretagne, a été inauguré le jeudi 14 mars 1996 (La Mée n’a pas été invitée). La Presse Locale dit que 137 personnes seraient embauchées à Châteaubriant. Si la Direction embauche à la vitesse où elle licencie, on arrivera vite aux 137. En tout cas cela fait du travail pour... les cabinets d’avocats auxquels s’adressent les licenciés pour être défendus devant les Prud’hommes.
Ecrit le 26.02.1997
Nelly BICHE de BERE - Histoire d’un destin fougueux
Mystérieuse réincarnation à Béré.
Lu avec stupeur dans le luxueux catalogue présenté sous forme de magazine pour la société BICHE DE BERE, en page 3, sous le titre « NELLY BICHE DE BERE, HISTOIRE D’UN DESTIN FOUGUEUX » (Si ! Si !)
– " D’où vient le nom de BICHE de BERE, est-ce votre vrai nom ?
– Et bien mon nom de famille est Biche. Béré est le patronyme de ma mère. J’ai voulu lui rendre hommage ".
Gonflée celle que le bon Jean de la Fontaine n’eût pas manqué d’appeler la « (chétive) pécore » (*). Non ?
S’attribuer la propriété patronyme d’une bourgade, devenue quartier de Châteaubriant et qui existe depuis plus de deux millénaires, il faut le faire !
De même se fabriquer en toute illégalité comme adresse le nom de « Route de Bere » (sans accent, comme chez les Amerloques) alors que son adresse postale est tout prosaïquement Route de Bain de Bretagne, il faut aussi le faire !
Quoique ? Vous croyez à la réincarnation, vous ? Et s’il s’agissait tout simplement d’une nouvelle réapparition de la légendaire Bête de Béré ?
Ecrit le 26.03.1997
Biche de Béré : le temps de négriers
C’est en fin d’année 1995 que BICHE DE BERE s’est installée dans son usine de la Route de Bain de Bretagne. Dans quelques jours, le 28 mars 1997, elle va ouvrir un « magasin d’usine ». C’est le moment que la CFDT a choisi pour dénoncer « le temps des négriers ».
C’est que, comme on peut lire dans le luxueux catalogue Hiver 96-97, en page 30 : « décidément, BICHE DE BERE ne fait rien comme tout le monde ».
Il fut un temps où tout le monde « bichait ».
Dès sa création sur Châteaubriant la société Biche de Béré accouche en fait de deux sociétés distinctes, deux SARL, que l’on pourrait appeler « le veau à deux têtes »
– l’une est la SARL BICHE DE BERE avec à sa tête Nelly BICHE (75 % des actions) et
son associé Christophe CAIS (25 % des actions).
– l’autre est la société FIRST CONSTRUCTIONS avec à sa tête la gérante Pot de fleurs BICHE Marie Anne, née RABU, mère de Nelly. Mais il arrive que les salariés soient tantôt rémunérés par des chèques Biche de Béré tantôt First. Bref, comme dit le vieil adage : une vache n’y retrouverait pas son veau !
La société BICHE DE BERE, lors de sa création à Châteaubriant, et dans l’attente de son usine neuve, a employé environ 30 à 40 salariés en permanence dans les locaux de la Rue des Vauzelles (pépinière d’entreprises) pour fabriquer ses bijoux. Dans la nouvelle usine sur Béré, l’effectif, au dire des dirigeants, aurait dû rapidement atteindre le chiffre de 130 à 150 personnes (se reporter au catalogue Automne 95). On en est loin.
« FIRST CONSTRUCTIONS », installée route de Rennes à Châteaubriant, dans les bâtiments de l’ancienne exploitation bovine des parents de Nelly, emploie quant à elle une quinzaine de salariés recrutés dans la profession du bâtiment et chargés de monter les « boutiques », magasins de vente des bijoux.
Sur Châteaubriant au début tout le monde « bichait ». En effet, dans un contexte économique désastreux, l’annonce de créations d’emplois ne pouvait que satisfaire la population et l’ensemble des élus locaux.
..mais les handicapés ont déchanté les premiers.
Comme dit la CFDT : « très vite hélas les conditions de travail, les rapports sociaux dans ces deux entreprises, imposent un désenchantement brutal aux salariés. Dès les premiers mois les licenciements se succèdent à un rythme soutenu. Le chiffre de 200 contrats de travail est dépassé (ce qui reflète les licenciements et renouvellements du personnel). Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? A titre indicatif la liste des 68 salariés figurant en page de couverture du catalogue 96/97 est déjà amputée de plus de 20 % de ses noms depuis janvier 1997, sans compter les boutiques de vente sur lesquelles nous n’avons que des informations très partielles. Mais on estime à une QUARANTAINE, en deux ans, le nombre de procès engagés aux Prud’hommes »
Le recrutement dans les deux sociétés se fait systématiquement en relation avec la « COTOREP » (2) qui fournit les contingents des handicapés à la recherche d’emploi. Le but de l’opération semble louable et on ne peut que s’en réjouir quand on connaît le parcours du combattant qui attend un handicapé à la recherche d’un emploi.
hélas chez BICHE on n’est pas philanthrope et malgré des périodes satisfaisantes, on est « viré » rapidement, toujours séance tenante, mais généralement dès que les primes sont empochées par l’entreprise, primes qui sont attribuées aux entreprises sans aucune contrepartie de durée de contrats, mais sur présentation du premier bulletin de salaire, du second et du troisième. « Cela peut faire 10 000 F puis 10 000 F puis 10 000 F selon les handicaps et atteindre les 30 000 F au bout de trois mois d’embauche. Et quand un handicapé a été licencié : rebelote ! On recrute à nouveau des handicapés ». La CFDT dénonce cette exploitation du malheur des gens. La personne représentant la COTOREP sur Châteaubriant a vite compris, dit-on, les salariés aussi.
Quarante procès aux Prud’hommes. Malaise chez les gens de robe.
Cependant les licenciements succèdent aux licenciements pour « raisons diverses », ou « raisons économiques » dans une société en perpétuelle restructuration en ce qui concerne Biche de Béré. Pour First-Construction, qui enregistre un essoufflement de la construction de nouveaux magasins, là aussi, bien entendu, on licencie, même les salariés qui ont, de leur poche, avancé l’argent nécessaire à l’achat de matériaux dont ils avaient besoin pour agencer les « boutiques ».
Mais dans les licenciements économiques actuels, il est difficile d’y voir clair : les salariés licenciés se voient offrir du travail à domicile, alors que les travailleuses à domicile sont priées de venir travailler à l’usine où, actuellement, l’effectif présent en production ne serait que d’une vingtaine. Et la direction parle maintenant de faire appel à l’intérim !
Les nombreuses condamnations de tribunaux Prud’hommes pour licenciements abusifs à Nantes et à Paris, aboutissent à de lourdes pénalités pour les deux sociétés évidemment. Même cause, mêmes effets : tout laisse à penser que sur l’ensemble du territoire au niveau des « boutiques », le résultat est le même. Ce n’est même pas une bonne affaire pour les avocats dont les demandes d’honoraires s’accumulent : « jusqu’Ã maintenant on perd toujours. Quand on gagnera, on les paiera » aurait déclaré Nelly Biche. Malaise chez les gens de robe.
Ecrit le 03.04.1997
La Biche ... aux abois
La société BICHE DE BERE n’aime pas qu’on mette le nez dans ses affaires. Elle craint tellement les personnes indésirables qu’elle n’a pas hésité, le 28 mars dernier, à filtrer ses visiteurs en les faisant accueillir par un vigile assisté d’un chien. On ne sait jamais !
En tout cas le numéro de La Mée de la semaine dernière, qui reprenait les propos de la CFDT, concernant les conditions de travail du personnel, s’est arraché chez les marchands de journaux et, un peu partout, des photocopies circulent. Nombre de témoignages nous sont parvenus, y compris de communes extérieures, et même de Nantes : « Vous avez raison, il ne faut pas laisser les travailleurs être traités comme des moins que rien »
Aux dernières nouvelles, la semaine passée, deux salariés (deux de plus) ont gagné leur procès en Prud’hommes et un nouveau dossier a été introduit. D’autres sont en cours au point que le Greffe du Conseil des Prud’hommes dit : « encore ! ». A suivre.
Ecrit le 10.04.1997
La Biche aux Abois (suite)
Il suffit de faire « 36 17 VERIF » sur le Minitel, pour apprendre que la société FIRST CONSTRUCTION, dont Mme Marie Anne BICHE est actionnaire majoritaire, a été placée en redressement judiciaire le 26 mars 1997 et en liquidation judiciaire le 2 avril 1997 (le liquidateur est me HERVOUET). Cela signifie que les créanciers seront priés d’attendre pour être payés.
Chez BICHE DE BERE, après l’inauguration du magasin d’usine le 28 mars 1997, ses toasts et son feu d’artifice, les licenciements continuent. Une maquettiste par exemple le vendredi 4 avril. D’autres licenciements sont envisagés pour les jours à venir. Tout ça c’est bien triste pour les salariés, notamment ceux qui attendent encore leur salaire de février, voire les papiers nécessaires à leur inscription à l’ASSEDIC.
Humour « noir » : En ces temps où les vaches perdent la tête, on vient d’apprendre qu’Ã Béré le célèbre veau à deux têtes vient d’en perdre une.
Ecrit le 16.04.1997
La Biche aux Abois, encore
Chez Biche de Béré, le feuilleton continue et ce n’est pas la botte de poireaux (3) à l’entrée de l’usine qui peut améliorer l’atmosphère morose de l’entreprise. Des salariées se présentent régulièrement à la porte pour réclamer leur dû : certaines l’obtiennent, d’autres sont priées de revenir. Un salarié, responsable du « centre de formation », qui a quitté l’entreprise à la suite d’une transaction à l’amiable, se préparerait, lui aussi, à aller aux Prud’hommes s’il n’obtient pas le versement de ce qui lui a été promis. Des huissiers envoyés par l’URSSAF se sont présentés au magasin de Nantes. Etc. etc.
Nous avons appris par ailleurs que l’usine Biche de Béré a été condamnée à une amende de 48 500 F pour travail le dimanche sans autorisation et dépassement des 48 heures hebdomadaires. Même motif : FIRST CONSTRUCTIONS a été condamné à 105 500 F par le Tribunal de police de Châteaubriant : 33 amendes de 500 F et 89 amendes de 1000 F
Nous savons enfin que FIRST (gérante Mme Marie Anne BICHE, née Rabu) a été mise en liquidation judiciaire en raison d’impayés à la Caisse du Bâtiment. Mais quand on interroge Mme Marie Anne BICHE, elle répond « voyez ma fille ».
A part ça, Mlle BICHE affirme que FIRST et BICHE DE BERE n’ont rien à voir l’une avec l’autre.
Affaire à suivre. Mais rien n’est perdu (fors l’honneur ?) puisque, selon le catalogue de printemps de BICHE DE BERE, il faut PO-SI-TI-VER. A propos, les splendides photos de ce catalogue ont été réalisées à l’hôtel Yadis à Djerba en Tunisie. Preuve que l’entreprise a des fonds quand elle le veut bien !
Humour « noir »
Après ses nombreuses condamnations tant prud’homales que pénales, Biche de Béré envisagerait de remplacer ses avocats par des calculatrices.
Dans les milieux non autorisés, on raconte que Nelly BICHE pourrait se voir décerner une médaille pour son action de « libération de la femme » pour avoir renvoyé plus du quart de son personnel en trois mois ".
Ecrit le 30.04.1997
La Biche aux... Abois : Gagné... perdu !
Aux dernières nouvelles, l’entreprise BICHE DE BERE poursuit ses ouvertures de magasins : un en Grèce et un à Strasbourg ces dernières semaines. Bravo ! Les responsables des magasins performants ont gagné un voyage. Bravo ! Mais celles qui ont réclamé leur salaire, en plus du voyage, ont... perdu le voyage gagné.
– Une salariée licenciée en février n’a eu ses papiers qu’Ã la mi-avril. Quant à percevoir la part de salaire qui lui est due... Attendre !
– Une salariée a gagné son procès aux Prud’hommes. Elle a fait intervenir un huissier pour récupérer son dû. L’huissier lui a dit qu’il connaissait bien le chemin. Mais au bout : rien... Attendre.
– Un des responsables techniques de l’usine, licencié à cause du gel de janvier dernier, a gagné son procès aux Prud’hommes. La chef comptable, licenciée aussi, a gagné le sien.
– Cinq pourvois en référé ont été déposés ces jours derniers, pour des salaires impayés. Les Prud’hommes voient défiler des dossiers « Biche de Béré » quasiment toutes les semaines. De deux choses l’une : ou bien tous les salariés sont des incapables, ou bien...
– L’autre jour, un livreur s’est présenté à l’entreprise pour une petite livraison. On lui a demandé de repasser le lendemain pour être payé. Il est reparti... sans livrer son colis. Au cas où...
– Et voilà la dernière nouveauté : il y a des salariées qui ont reçu pour leur salaire de mars, une traite à 60 jours fin de mois, c’est-à -dire qu’elles seront payées fin juin. Attendre !
Mais comme dit l’autre : PO-SI-TI-VONS
Humour... vache
Le 26 février dernier, La Mée a titré sur une : « mystérieuse réincarnation à Béré » « Et s’il s’agissait tout simplement d’une nouvelle réapparition de la légendaire Bête de Béré ? ».
Un lecteur nous écrit à ce sujet : « si cette réincarnation était un transfuge de la préhistoire, il faudrait lui laisser le temps de se faire à l’idée qu’il y a belle lurette que l’être humain ne se tient plus à quatre pattes ».
Ecrit le 07.05.1997
Lu en Tunisie : Le dragon sous la biche
« Vous faites du harcèlement » nous a dit en riant un fidèle lecteur de La Mée, à la suite de notre rubrique « La Biche aux Abois ». précisons donc que nous n’avons aucune hostilité vis-Ã -vis de Mlle BICHE et de sa famille mais que c’est son comportement, son harcèlement vis-Ã -vis de son personnel, qui nous a incités à réagir, à donner aux salariés le moyen d’exprimer ce qu’ils vivent et qui, comme le dit la CFDT, « est d’un autre âge »
Voici donc encore des nouvelles :
– émaillage : c’est un poste difficile que plusieurs salariées ont dû quitter par suite d’allergie aux produits utilisés. « C’est la faute des salariées » a dit Mlle BICHE, « elles ne se lavent pas suffisamment ». Signalons quand même qu’il n’y a pas de douche dans l’entreprise.
– indemnités : un salarié, handicapé, est en congé-maladie. La direction lui a fait signer un papier grâce auquel les indemnités de la sécurité Sociale sont versées directement à l’entreprise. Cela se pratique habituellement quand l’entreprise verse un complément au salarié. Mais cette fois, bernique ! Le salarié n’a rien reçu, même pas ses indemnités sécu !
– chèque : une salariée, qui a travaillé quinze jours, a bien du mal à se faire payer. Elle s’est fait aider par la CGT. La Direction lui a dit ne pas pouvoir lui faire un chèque puisque, semble-t-il, ce moyen de paiement est interdit à l’entreprise. Elle a introduit un jugement en référé aux Prud’hommes. Un de plus.
A part ça la situation générale de BICHE DE BERE serait convenable. Alors pourquoi tarder à payer les salariés ? Pour faire du chantage à l’emploi et obtenir d’autres aides publiques ?
– Tunisie : c’est en Tunisie, en achetant l’Evènement du Jeudi, qu’un castelbriantais a découvert un article intitulé « Le Dragon sous la Biche » (dont la copie circule largement à Châteaubriant). La renommée de l’usine s’étend. On nous annonce pour bientôt un article dans « les Echos ».
– Profit : nous avons appris que Mlle BICHE aurait été salariée de First Construction pour une coquette somme mensuelle. Il faut savoir se débrouiller dans la vie.
– Co-propriété : Mlle BICHE sait y faire. Pour l’appartement dont elle dispose dans l’immeuble « les Hauts de Renac », elle a encore un arriéré de dette de 7822,84 F au titre des charges de co-propriété, sans compter les 5486,05 F qui lui sont demandés pour cette année. Si elle ne paie pas, les autres co-propriétaires devront se cotiser pour le faire à sa place. Ca râle ! Le syndic de l’immeuble a été prié de procéder à une nouvelle relance sans attendre que la dette s’accumule.
Ecrit le 04.06.1997
BICHE DE BERE : une lettre au procureur de la République
La CFDT vient d’écrire au Procureur de la République à propos des 22 salariés qu’elle a été amenée à assister ou à conseiller ces derniers mois, « salariés ayant le même employeur mais dans deux sociétés juridiquement distinctes : First-Construction et Biche de Béré », soit 8 salariés dans l’entreprise FIRST, dont 3 licenciements économiques, l’entreprise étant en liquidation judiciaire - et 17 licenciements chez BICHE dont 11 économiques.
« Nous portons à votre attention la situation insupportable et intolérable qui est faite aux salariés licenciés récemment par la société BICHE : certains d’entre eux, licenciés pour motif économique ne touchent pas les salaires qui leur sont dus au titre de leurs derniers mois de travail, et/ou du préavis ou de leurs indemnités de congés payés. Pour certains le retard est de plus de trois mois. »
La CFDT signale les nombreuses demandes introduites en référé au Conseil des Prud’hommes : « nous avons un jugement du 26 mars qui condamne la société Biche de Béré à verser le salaire de janvier ainsi que les congés payés, mais à ce jour, malgré l’intervention d’un huissier, nous n’avons rien obtenu. »
« C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Procureur, d’intervenir auprès du Tribunal de Commerce afin qu’il prenne les dispositions nécessaires devant l’incapacité et la carence de l’employeur à assurer ses obligations envers son personnel »
(lettre en date du 27 mai 1997)
Au coin, les salariés !
Ce mardi 27 mai, une dizaine de salarié(e)s licencié(e)s ont souhaité rencontrer la presse pour dire ce qui se passe : « Les choses se passent presque toujours de la même façon : d’abord un retard de paiement des salaires, quelquefois depuis janvier, puis intervient le licenciement, et puis ensuite, rien, malgré le succès remporté devant le Tribunal des Prud’hommes. »
Et quand les salarié(e)s disent « rien », cela veut dire que les salaires ne sont pas versés, les congés payés non plus, et que c’est la croix et la bannière pour obtenir les papiers destinés à l’ASSEDIC. Comme ça, ni salaire, ni chômage ! Punis les salariés ! Et de quoi mon Dieu ? Des sautes d’humeur du patron ?
Punir les salariés, on connaît ça, chez BICHE. Une fille a été mise « au piquet » sur une chaise dans l’atelier pendant un jour et demi, parce qu’on lui reprochait de ne pas travailler assez vite. Il arrive que des vendeuses soient obligées de venir travailler à l’usine de Châteaubriant, à l’ébarbage, « en punition » parce qu’on leur reproche de ne pas faire un chiffre d’affaire suffisant. Deux filles viennent d’être licenciées du secteur fonderie, parce qu’on leur reproche de faire « 25 kg de rebuts par jour, depuis 3 mois. » Selon les filles, 25 kg de rebuts par jour, cela représente à peu près 25 % du travail de la journée. Alors de deux choses l’une : ou ce reproche est justifié et on s’étonne que la direction ait attendu 3 mois pour faire un reproche - ou il n’est pas justifié et alors il y a encore quelque chose qui ne va pas. « Nous faisons ce que nous pouvons avec le matériel qu’on nous donne : normalement quand nous coulons une pièce, il y a 70 % d’étain neuf et 30 % d’ancien. Certaines fois nous en sommes réduits à utiliser de l’étain en septième refonte. Il ne faut pas s’étonner si des pièces cassent et doivent être mises au rebut » nous a-t-on expliqué.
« Les filles ne veulent pas travailler » dit la Direction. Sans blague ? Ca arrive, oui, comme partout, mais pas dans les proportions que prétend la Direction.
« Nous sommes en règle sur tous les points » dit la Direction. Sans blague ? Alors pourquoi le Contrôleur du Travail est-il toujours obligé d’intervenir sans cesse : on lui ment, les infractions sont nombreuses.
« On ne va quant même pas payer un salaire à des salarié(e)s qui nous appellent aux Prud’hommes » dit la Direction. Sans blague ? C’est plutôt les salariés qui font appel aux Prud’hommes quand ils en ont assez de n’obtenir ni les salaires, ni les papiers nécessaires.
Dernière nouveauté : la Direction, sympa, a offert à son personnel pour Noë l un voyage sur les Bateaux Nantais. Ceux-ci se plaignent de n’avoir pas été payés. Il y a décidément quelque chose qui cloche là dedans.
Ecrit le 02.07.97
La biche ...sans chaîne
Coucou ! Revoilà notre chronique périodique « la biche aux Abois » ça fait longtemps qu’on ne vous en avait parlé et nos lecteurs nous réclamaient la suite. Alors voilà : les choses continuent d’évoluer. Il y a encore des salaires en retard et, en l’espace de trois semaines, l’entreprise a encore été condamnée 5 fois par le Conseil des Prud’hommes.
Une nouvelle demande en référé a été introduite. Au Tribunal de Nantes, la direction, qui ne se déplace pas elle-même et envoie toujours la même fille « au casse-pipe », continue à prétendre que tout est en règle. Et les Juges Prud’homaux continuent à dire qu’il n’en est rien ! Ils sont méchants.
En tout cas, sur Châteaubriant, la (mauvaise) réputation sociale de l’entreprise n’est plus à faire. Même dans les milieux patronaux : on nous a fait des confidences à ce sujet.
Si l’entreprise Biche de Béré continue à ne pas payer ses salariées licenciées, elle continue cependant à faire de la publicité dans les journaux : Le Nouvel Observateur récemment et Vital tout dernièrement. Comme quoi il y a de l’argent dans l’entreprise, l’argent qui n’a pas été versé aux salariées ?
Les lectrices de VITAL, elles, ont eu de la chance de gagner un petit pendentif, mais sans chaîne. Une de nos lectrices a vainement essayé : pas moyen de trouver une chaîne avec un fermoir minuscule pouvant passer par le trou minuscule du pendentif. La Direction avait sans doute prévu le coup puisqu’elle suggère aux lectrices de se rendre dans les boutiques Biche de Béré de Lille, Nantes, Marseille ou d’ailleurs. Ou, comme dit Vital, de téléphoner au 02 40 81 30 24
Ecrit le 13.08.97
Ca bouge chez Biche
Une nouvelle fois Biche de Béré licencie : le vendredi 25 juillet, quatre salariés ont eu la surprise de recevoir une lettre de licenciement alors qu’ils devaient reprendre le travail le 28 juillet à l’issue de leurs vacances. On s’attend à d’autres licenciements. Comme dit une salariée : « C’était pas la peine de construire une usine pour se retrouver à si peu de salariés : un bungalow aurait suffi ».