Ecrit le 10 septembre 2008
Deux études sur l’injustice sociale et la santé
Deux études viennent de paraître, l’une en France (le 2 septembre), l’autre au niveau mondial (le 28 août), sur le même sujet : l’injustice sociale et la santé.
Le rapport paru en France vient de l’INSERM. Il montre que le poids des inégalités sociales, dans la mortalité par cancer, est important, et n’a cessé de progresser entre 1968 et 1996.
{{Etre riche et en bonne santé ou pauvre et malade, tel est le choix qui s'offre aux Français.}}
C’est ce que laisse entendre cette étude révélant que le facteur social multiplie le risque de mort par cancer ! Plus les Français sont diplômés et riches, moins ils sont exposés aux cancers.
Pour les chercheurs, les consommations de
tabac et d’alcool ne permettent pas à elles seules d’expliquer l’ensemble des inégalités observées. Il est possible qu’il existe une survie moins bonne parmi les individus les plus défavorisés socialement. liée en partie à des différences de recours aux soins.
[Voir l’étude : http://www.invs.sante.fr/beh/2008/33/beh_33_2008.pdf ]
Le second rapport émane de l’OMS (Office Mondial de la Santé) :
« Une petite fille qui naît aujourd’hui peut espérer vivre 80 ans si elle réside dans certains pays et 45 ans si elle réside ailleurs ».
L’espérance de vie d’un nouveau-né écossais d’une banlieue déshéritée de Glasgow est de 28 ans inférieure à celle d’un nouveau-né d’un quartier huppé de la même ville.
« La justice sociale est une question de vie ou de mort. Elle touche la manière dont les gens vivent, leurs risques de maladie et de décès prématuré » dit ce rapport.
Ces inégalités en matière de santé dépendent de la façon dont les gens grandissent, vivent, travaillent. Et des systèmes mis en place pour faire face à la maladie.
Mais les conditions dans lesquelles les gens vivent et meurent sont, à leur tour, dépendantes des politiques sociales et économiques du pays. Le rapport conclut donc : « Les politiques sociales et économiques ont un impact déterminant sur les conditions dans lesquelles un enfant peut grandir et se développer à son plein potentiel et vivre une vie prospère, ou voir sa vie brisée ».
[Source : http://whqlibdoc.who.int/publications/2008/ 9789241563703_eng.pdf]
La responsabilité des politiques !
« La répartition inégale des facteurs qui nuisent à la santé n’est en aucun cas un phénomène naturel », expliquent les auteurs de l’étude de l’OMS. « Elle résulte des effets conjugués de politiques et de programmes sociaux insuffisants, de modalités économiques injustes et de stratégies politiques mal pensées. »
Réduire ces inégalités passe évidemment par un accès universel aux biens élémentaires (eau, nourriture, logement, soins, énergie), mais aussi par l’éducation, la culture, un urbanisme harmonieux et de bonnes conditions de travail.
En outre, le fossé sanitaire ne se comblera « que si l’on améliore la vie des femmes, des jeunes filles et des filles », les pouvoirs publics devant s’engager plus fermement pour mettre fin aux discriminations qui les frappent.
Ce document de 256 pages est un réquisitoire contre les politiques économiques prônées par les institutions financières internationales. Il recommande notamment de « lutter contre les inégalités dans la répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources » .
Note d’octobre 2011 : L’espérance de vie s’accroît,
les inégalités sociales face à la mort demeurent