Ecrit le 28 mars 2012
où Sarkozy offre ce qu’il a déjà donné, et promet ce qu’il a déjà raté
Les Français ont la mémoire courte, c’est bien connu, c’est pourquoi le président-candidat peut se permettre de dire n’importe quoi. Avec la tuerie de Toulouse, Sarkozy tente de jouer sur l’émotion, sur la peur. Il est d’ailleurs été bien relayé par la presse qui a fait des émissions spéciales pendant au moins 4 jours, du « remplissage de vide » en nous montrant tout, y compris ce qui était sans intérêt (par exemple l’appartement du tueur après l’assaut). Que dit donc N.Sarkozy ?
L’insécurité
Selon LeMonde.fr du 24/03, la crainte d’une stigmatisation des musulmans est partagée par beaucoup d’élus : « Mon souci n’est pas de savoir si j’ai un Mohamed Merah dans ma ville, martèle le maire PS de Cergy (Val-d’Oise), Dominique Lefebvre. Mon problème est de réussir à être un maire suffisamment protecteur de la population pour que les jeunes des cités ne soient pas montrés du doigt et considérés comme potentiellement dangereux depuis ce qui s’est passé à Toulouse. »
Les maires observent les conséquences de la déscolarisation et le chemin qui mène des petits trafics à la délinquance et, parfois, à la radicalisation. « Des jeunes qui ont suivi ce parcours et qui collent au profil de ce garçon, j’en connais beaucoup dans ma commune », témoigne Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil.
Stéphane Gatignon, maire écologiste de Sevran (Seine-Saint-Denis), estime, lui, que les dérives de certains ne pourront être identifiées qu’en rétablissant une police de proximité au contact des citoyens. « On a une police trop centralisée qui est aveugle et sourde, qui n’a pas les moyens de voir quelqu’un dériver au jour le jour », souligne-t-il.
Embauche des seniors
N. Sarkozy a proposé « l’exonération de charges sociales pour l’embauche de chômeurs de plus de 55 ans qui obtiennent un CDI ou un CDD de plus de six mois ».
Cette promesse ressemble pourtant beaucoup à un article de loi de la réforme des retraites de 2010 qui n’est jamais entré en application... faute de publication d’un décret. Le gouvernement (et les députés UMP) n’en voulaient pas. Les employeurs non plus d’ailleurs. Et ils en voudraient maintenant ?
L’âge de la retraite
Nicolas Sarkozy s’est également engagé, « si les Français (lui) font confiance » à ne pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite (62 ans). Sans blague ? « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer. » écrivait en 2007 le candidat Nicolas Sarkozy dans son programme présidentiel. En 2008, il répétait sur RTL qu’il n’avait « pas de mandat » pour repousser l’âge légal de départ à la retraite. Deux ans plus tard, une réforme prévoyant le contraire était lancée ! La loi du 9 novembre 2010 fait passer progressivement l’âge légal du départ de 60 à 62 ans.
La santé
Dans le domaine de la santé, le président-candidat a déclaré : « Il faut limiter » les dépassements d’honoraires.
Mais un décret et un arrêté contraignant les complémentaires-santé à rembourser des dépassements plafonnés d’honoraires de médecins spécialistes ont été publiés le 24 mars au Journal Officiel. La Mutualité Française et les organisations syndicales de salariés expriment leur désaccord « A l’heure où les dépassements d’honoraires médicaux représentent un coût de 2,5 milliards d’euros, soit un doublement en euros constants en 20 ans et où le renoncement aux soins concerne plus de 20% de nos concitoyens, le gouvernement a clairement fait le choix de légitimer la logique inflationniste des dépassements d’honoraires ».
Ce dispositif va à l’encontre du but recherché car il n’intéresse pas les spécialistes qui pratiquent les dépassements d’honoraires les plus importants, tandis qu’il constitue un effet d’aubaine pour les autres. Par ailleurs, en obligeant les organismes complémentaires à prendre en charge les dépassements d’honoraires, le gouvernement aggrave les inégalités d’accès aux soins et fragilise à nouveau notre système de santé :
1. en renchérissant le montant des cotisations des complémentaires ;
2. - en pénalisant davantage les personnes n’en bénéficiant pas.
Les marchés
Le président-candidat a par ailleurs rappelé qu’il voulait que les PME installées en Europe aient une part réservée des marchés publics, spécifiant que « 20% des appels d’offres publics seront réservés aux petites et moyennes entreprises ». il avait déjà proposé cela en 2007. Mais il n’en a rien fait !
Le terrorisme
Le président de la République a annoncé que « des peines de prison seront prévues pour ceux qui font l’apologie du terrorisme », ajoutant que « désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement ».
Mais la loi prévoit déjà dans ces deux cas des condamnations ! Et ce depuis 1881 pour le premier.
Maître-mot : punir
Quel programme enthousiasmant ! Dans la bouche de Sarkozy on ne parle que de punir !
Nicolas Sarkozy serait bien inspiré de ne pas faire à un criminel absurde le cadeau de transformer tous les citoyens de ce pays en suspects.
Niko et l’insécurité
Le drame de Toulouse permet au thème de la sécurité de s’imposer de façon fracassante. Mais, selon le député socialiste Jean Jacques Urvoas, le bilan de N.Sarkozy montre une déflation des effectifs :
Entre 2007 et 2011, le nombre d’équivalents temps plein travaillés (ETPT) de la gendarmerie nationale a été réduit de 6000 unités, portant leur nombre à 95 848. En 2011, les effectifs de la gendarmerie nationale sont inférieurs à ce qu’ils étaient en 2002.
Conséquences de ces suppressions : il existe de véritables « déserts sécuritai- res ». Dans le seul département de l’Isère par exemple, pas moins de trois brigades et un peloton ont été supprimés en cinq ans .
Rappel : Le 3 février 2003 Sarkozy désavouait le travail des policiers que ceux-ci menaient dans les quartiers de Toulouse, mettant fin à la police de proximité, cette institution ayant pour mission d’échanger avec les habitants, d’instaurer des rapports de confiance lui permettant d’anticiper les conflits et de rassembler des informations utiles aux enquêteurs.
Adieu
« Adieu ? » interroge la une de l’édition européenne de Time datée du 2 avril, avec une photo de profil de Nicolas Sarkozy, qui « fait face à la perspective de devenir le président d’un seul mandat », selon ce magazine américain qui prend sans doute nos rêves pour des réalités !