Ecrit le 13 octobre 2010
Magnificat
Les Catholiques sont de drôles de gens : ils ont, dans leurs textes sacrés, des idées révolutionnaires et ils n’en tiennent pas compte !
Dans le « Magnificat », chant de joie attribué à la Vierge Marie, enceinte de Jésus, se rendant en visite chez sa cousine Elisabeth, elle aussi enceinte (du futur St Jean Baptiste), il est dit :
Le Puissant fit pour moi des merveilles : ( ) déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, Il renvoie les riches les mains vides...
Dans le récit du jugement dernier, on lit ces paroles terribles :
Retirez-vous de Moi, maudits ; Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car J'ai eu faim, et vous ne m'avez pas pas donné à manger ; J'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; J'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli ; J'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; J'étais malade et en prison, Et vous ne m'avez pas visité...
Alors, à la veille de la visite de N.Sarkozy au pape Benoît XVI, et compte-tenu de ce qui se passe en France, 45 organisations chrétiennes rappellent leur opposition à la nouvelle loi Besson sur l’immigration.
Ce texte comporte en effet plusieurs dispositions contestées par de nombreuses associations et par les évêques eux-mêmes : déchéance de nationalité pour les personnes naturalisées depuis moins de dix ans qui auront commis un crime contre des personnes dépositaires de l’autorité publique ; allongement de la durée maximale de rétention en vue d’une expulsion de 32 à 45 jours ; création d’une interdiction de retour sur le territoire.
A ces mesures, s’ajoute la volonté du gouvernement de restreindre l’accès à la justice dans la procédure d’expulsion. Il sera par exemple de plus en plus difficile d’entrer en France pour demander à bénéficier du droit d’asile reconnu à ceux qui sont persécutés ou risquent leur vie dans leur pays d’origine.
16h 30 mardi 28 septembre, place Édouard Herriot à Paris, à côté de l’assemblée Nationale, les représentants des 45 associations et organismes chrétiens (du Secours Catholique à la Cimade en passant par le CCFD) se sont réunis pour remettre solennellement à chaque député une lettre portant un appel collectif : « Ne laissons pas fragiliser le droit de l’étranger », refusant un texte qu’ils jugent liberticide.
« Par touches successives, plus ou moins perceptibles, la politique de l’immigration engagée en 2003 s’installe en France de manière drastique dans l’indifférence quasi générale », écrivent-ils dans un appel adressé à l’opinion publique.
Jean Haffner, responsable du département « Etrangers, Roms et gens du voyage », au Secours Catholique, déclare au journal « La vie » :
« J’attends de Benoît XVI qu’il rappelle à Nicolas Sarkozy la responsabilité internationale de notre pays. La France n’est pas seulement la fille aînée de l’Eglise, elle est aussi la patrie des droits de l’homme. Tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle fait est écouté, observé, commenté dans le monde entier. Les choix que nous accomplissons peuvent avoir des conséquences désastreuses dans d’autres pays qui seraient tentés de suivre notre exemple ».
Au nom de la vérité et de la charité
« Bien qu’il ne fasse pas de politique, le pape pourrait aussi, au nom de la vérité, rappeler l’une des promesses de campagne du candidat Sarkozy qui avait affirmé qu’il souhaitait, au cours de son mandat, »défendre les plus fragiles".
Au nom du devoir de charité, le pape devrait aussi dénoncer le délit de solidarité qui dissuade des personnes de soutenir les sans-papier. Aider son prochain ne doit pas être découragé par la loi, au contraire. Parce qu’il attache une grande importance à la dignité humaine, le pape devrait enfin évoquer le risque de stigmatisation des Roms ou des gens du voyage ".
Ça, c’est ce qui se disait AVANT la visite de N. Sarkozy au Pape.
APRES la visite, et officiellement, l’entretien qualifié de « cordial » par le Vatican a porté sur les grandes questions internationales du moment et sur la place des chrétiens dans le monde, mais en marge, lors d’une prière à la basilique Saint-Pierre, le sujet qui fâche a tout de même été évoqué, en sourdine.
Dans la basilique vidée pour l’occasion de sa foule habituelle de touristes, le cardinal français Jean-Louis Tauran a appelé « le peuple de France et ses dirigeants » à œuvrer pour « la justice, l’éducation et l’accueil des persécutés et des immigrés ».
Ferme sur ses positions, Nicolas Sarkozy lui a répondu indirectement lors d’un déjeuner avec les cardinaux, en affirmant que « la lutte contre l’immigration illégale qui produit tant de détresse et de drames, qui prive les pays les plus pauvres de leurs forces vives » est, selon lui, « un impératif moral ».
Mais il n’a pas parlé de cet impératif moral supérieur : réformer le système économique mondial pour que les pays les plus pauvres sortent de leur pauvreté.
La chasse en Loire-Atlantique
« Plusieurs aspects du nouveau projet de loi sur l’immigration heurtent nos convictions de chrétiens et de citoyens », a expliqué à Nantes, la Mission ouvrière, « Il est grave de faire de l’étranger un bouc émissaire, dit René Pennetier, porte-parole de l’évêque de Nantes. Faire croire que les migrants sont une menace pour notre sécurité et notre avenir, ce n’est pas aller dans la bonne direction. ».
Des paroisses (dont celle de Châteaubriant) mettent en place des « pôles de solidarité » avec les étrangers en difficulté. l’action Catholique Ouvrière, à Châteaubriant, a fait circuler un communiqué de la conférence des évêques de France, et a envoyé un courrier à Michel Hunault et André Trillard. (1)
Voir : la brebis égarée