Ecrit le 6 janvier 2010
Alors que le débat sur « notre identité nationale » est fort mal engagé, créant des dérapages, des remous, des colères y compris à Droite, n’y aurait-il pas lieu d’engager un autre débat : sur nos droits de citoyens ? c’est ce que proposent Pierre Ruscassie et Jean-Jacques Chavigné.
Nos droits sociaux
Un débat sur nos droits sociaux de citoyens, tout d’abord, et c’est ce que la Droite veut éviter à tout prix.
La crise économique est loin d’être finie. La crise financière menace toujours. La Droite va accentuer son offensive contre nos retraites, notre assurance-maladie, notre assurance-chômage et nos services publics pour résorber des déficits publics qui ont triplé en deux ans. Le patronat va tout faire pour compenser la baisse de la productivité du travail qui a entrainé une baisse de ses profits. Le chômage va donc encore augmenter, le travail précaire s’étendre et les salaires stagner.
Face à cette offensive, nous devons exiger de l’Etat qu’il fasse respecter nos droits : droit à un travail et à un salaire décent, droit à l’égalité entre les femmes et les hommes, droit à un véritable logement, droit à un accueil décent pour tous les immigrés, droit à l’égalité entre les territoires, droit à un travail stable, droit à une retraite qui ne se réduise plus comme une peau de chagrin, droit à l’égalité des soins, droit à des services publics de qualité et gérés démocratiquement alors qu’ils vont encore être remis en cause par l’intégration à la législation française, avant la fin de l’année, de la directive « Bol-kestein », à peine édulcorée.
Jamais la France n’a été aussi riche et ce ne sont donc pas les moyens de respecter nos droits qui font défaut. Le débat devra permettre de trancher la question de la répartition de cette richesse et de savoir s’il est acceptable que la part des profits ait augmenté de 8 points (plus de 120 milliards d’euros pour la seule année 2009), au détriment de celle des salaires.
Nos droits politiques
Le second débat que nous devons imposer à la Droite, est un débat sur nos droits politiques de citoyens.
Notre droit à la démocratie politique, tout d’abord, car elle est attaquée de toutes parts : par l’Union européenne qui nous impose des directives issues d’institutions qui n’ont qu’un lointain rapport avec une démocratie politique, par la concentration des médias aux mains de quelques grosses fortunes, par le caractère de plus en plus présidentiel et autoritaire de la Ve république.
Notre droit, ensuite, à une laïcité qui ne soit pas conçue comme une simple coexistence entre les religions mais qui fasse toute leur place aux athées et aux agnostiques (largement majoritaires dans notre pays). Une laïcité qui respecte rigoureusement la séparation des églises et de l’Etat.
Notre droit, enfin, à la reconnaissance de leur citoyenneté pour tous les habitants de notre pays, qu’ils aient ou non la nationalité française : droit de vote (après un délai à définir) de tous les habitants de notre pays.
Ces débats, N. Sarkozy n’en veut surtout pas. Pour une raison simple, il veut que l’Etat se mêle de nos identités pour ne pas avoir à se préoccuper de faire respecter nos droits. La gauche doit lui imposer ce débat, pour une raison exactement inverse : que l’Etat ne se mêle pas de nos identités mais qu’il fasse respecter nos droits.
– Pierre Ruscassie
– Jean-Jacques Chavigné
– http// :www.democratie-socialisme.org