Ecrit le 9 mai 2007
Une gigantesque surveillance
Discrètement, en marge de la campagne électorale, le gouvernement prépare un décret qui, s’il était appliqué, tuerait l’Internet « made in France ».
En effet, un décret d’application de la loi sur la confiance dans l’économie numérique du 21 juin 2004, organise une gigantesque surveillance.
Ce décret, en préparation, exprime le fantasme « Big Brother » : tout savoir sur tout et tous, même l’impossible.
Selon ce texte, les opérateurs téléphoniques, les fournisseurs d’accès à Internet, et autres acteurs de l’internet, devraient conserver pendant un an à leurs frais toutes les coordonnées et traces invisibles que laissent les utilisateurs
– lors d’un abonnement téléphonique ou à Internet,
– lors de leurs déplacements avec un téléphone allumé,
– lors de chaque appel ou de chaque connexion à Internet, de chaque diffusion ou consultation sur le Web d’un article, d’une photo, d’une vidéo, ou
– lors de chaque contribution à un blog.
Garder nos traces
En substance, devraient être conservés les mots de passe, « pseudos », codes d’accès confidentiels et autres identifiants, numéros de carte bancaire, détails de paiement, numéros de téléphone, adresses e-mail, adresses postales, le numéro de l’ordinateur ou du téléphone utilisé, le moyen d’accès à un réseau, les date et heure d’appel, de connexion et de chacune de leurs consultations ou contributions sur un site Internet.
Le texte imposerait ainsi d’identifier quiconque, en France, aura mis en ligne, modifié ou supprimé même une virgule dans son blog (1), ou sur le Web.
Techniquement, il est possible de savoir qui s’est connecté à un site et constater sur Internet ce qu’il diffuse à un instant donné.
Mais en cherchant à conserver la trace de la publication d’un contenu qui aura, par la suite, été retiré, le texte impose de facto de mémoriser systématiquement tout ce qui est mis en ligne, modifié et supprimé sur « l’Internet français ».
De l’avis unanime des spécialistes, c’est économiquement et techniquement impossible. Même les Etats-Unis de George W. Bush et leur « Patriot Act » post-11-Septembre n’ont jamais envisagé pareille conservation ou réglementation.
Flicage
En dehors du coût financier il faut bien voir que ce décret imposerait aux entreprises françaises d’être des auxiliaires de justice ou des « indics ». Toutes les données conservées seraient accessibles à la police administrative (RG, DST, etc.) comme à la police judiciaire, pendant un an. Les réquisitions administratives pour la « prévention du terrorisme » seraient également conservées un an dans des fichiers tenus par les ministères de l’intérieur et de la défense. Les réponses à ces mêmes réquisitions - nos traces, donc - seraient, pour leur part, conservées pendant trois ans supplémentaires et communicables à la police judiciaire.
Mais ceci ne concerneraient pas les grands acteurs ... internationaux ... de l’Internet ! Les fournisseurs français d’accès à l’Internet et hébergeurs ont donc envisagé la délocalisation pure et simple de leurs activités...
Ces menaces font sourire le Ministère des Finances qui semble n’avoir pas encore compris qu’Internet est un réseau mondial dont de nombreux prestataires peuvent s’établir et payer leurs impôts presque où bon leur semble.
Mort à internet
Ce projet de décret constitue donc une véritable menace de mort. Il est inquiétant pour trois raisons essentielles.
– D’abord, le coût. A vouloir faire conserver et restituer par les entreprises, sous peine d’investissements à perte, de prison et d’amendes, des traces qu’elles n’ont pas de raisons ou de possibilité d’avoir, la France créerait une distorsion de concurrence au détriment de sa propre économie numérique, pourtant motrice de notre croissance. Un internaute choisira plus aisément un site non surveillé qu’un site français pour s’informer, même s’il n’a rien à craindre de sa recherche.
– Ensuite, la confusion entre le renseignement d’Etat et la justice, qui relègue la séparation des pouvoirs au rang de fiction juridique.
– Enfin, le risque qu’un tel dispositif ferait peser sur la régularité des procédures judiciaires au regard de notre procédure pénale. C’est-Ã -dire le risque de priver une politique de sécurité de toute efficacité.
Certes, le gouvernement consultera la CNIL (commission nationale informatique et libertés), brandie en épouvantail par les ministères. Mais l’avis de celle-ci, même défavorable, sera dépourvu du moindre effet juridique depuis la refonte de la loi informatique et libertés intervenue en 2004.
Ce qui pourrait n’être qu’un décret illisible de plus est aujourd’hui une menace de mort pour le développement du numérique en France et pour tous les acteurs concernés de près ou de loin par celui-ci, de la presse aux blogueurs, en passant par la grande distribution, les opérateurs de téléphonie, les fournisseurs de logiciels, les fabricants d’ordinateurs, et même les chômeurs (par le biais de l’ANPE) etc.
Sous prétexte de lutter contre la menace réelle du terrorisme, l’Etat français prend - comme aucun autre - le risque de tuer une part non négligeable de l’avenir du pays, sans aucun état d’âme et dans le silence assourdissant d’une campagne présidentielle omniprésente sur Internet, mais muette sur le développement de l’Internet.
Source : une tribune, pour Le Monde, de Philippe Jannet, président du Groupement des éditeurs de sites en ligne (Geste).
Ecrit le 9 mai 2007
Internet et campagnes électorales
Il n’est de mystère pour personne que les infos diffusées sur internet ont joué un rôle important lors du référendum en 2005 sur la Constitution européenne.
Même si tout le monde n’a pas encore accès à Internet , ce moyen de communication est un formidable vecteur de diffusion des opinions, dessins, analyses de toutes sortes, donnant accès à des textes variés qu’on ne pouvait atteindre autrefois. Pour 30 € par mois (soit un peu plus que l’achat d’un quotidien local), il est possible de grappiller dans Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Nouvel Obs, le Courrier International, La Tribune, Les Echos, l’Humanité, etc. (mais pas Le Canard Enchaîné !). C’est un formidable outil de réflexion et de construction d’une opinion personnelle.
Chaque personne a la possibilité, en quelques clics, de diffuser son opinion à 50-100 personnes ou plus. Si chacune d’elle répercute à son carnet d’adresses, cela devient plus efficace (et plus rapide) qu’une distribution de tracts.
C’est sans doute pour cela que les Pouvoirs s’efforcent de limiter. C’est le cas par exemple en Chine où les technologies d’interception des communications électroniques et de censure du Réseau sont les plus développées. « Reporters sans frontières » s’insurge contre ces atteintes à la liberté de diffuser des infos, qui vont jusqu’Ã l’arrestation de « cyber-dissidents » !
Demain, la France ?
Ecrit le 11 mars 2009
Qu’est-ce que la loi Hadopi
La loi HADOPI sera une réforme française, créant la HADÅ’PI (Haute Autorité pour la Diffusion des Å’uvres et la Protection des Droits sur Internet).
Le vrai nom de la loi HADOPI est : Projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet. Son rôle relève du CPI ( Code de la propriété intellectuelle).
Mais non ! La loi HADOPI n’est pas destinée à vous priver d’internet. c’est la CPD (Commission de Protection des Droits), qui maniera la pince coupe-cable éthernet. Zavez cor rien compris ?
Vous en faites pas ! La CPD vous enverra des lettres si vous avez effectué des opérations de téléchargement ou de visionnage portant atteinte aux droits d’auteur ! Et zou, dormez bien !
Source : http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/04/1333-hadopi-mon-amie-qui-es-tu
Note du 14 mars 2009
La chasse de l’HADOPI
Qui va se faire couper un jour ou l’autre sa connexion Internet ? Emulator le Preux, ou Adeline Iorante, qui se sera fait hacker son Wi-Fi par les gosses du voisin alors qu’elle n’avait jamais rien téléchargé de sa vie, ni entendu parler d’HADOPI d’ailleurs ?
Un feuilleton passionnant, du genre l’HADOPI pour les Nuls, expliquant comment ça se passera dans la vraie vie de 2009, pour une famille française typique : Monsieur Mouduglan, 51 ans, député U.M.P., madame Mouduglan, sans profession mais bonne cliente des commerçants de son quartier, et leurs deux enfants mineurs que nous désignerons donc par leurs pseudonymes, Emulator, 15 ans, et sa soeur Piratella, 13 ans.
UN abonné, UNE connexion, UNE adresse IP, UN logiciel à la mords-moi-le-noeud ... tout le monde en règle dès que l’ordinateur de papa est allumé, tandis qu’Emulator pourra continuer à pirater tout ce qu’il voudra.
Lire ici :
– http://petaramesh.org/post/2009/03/10/Hadopi-dans-ta-face-ou-larroseur-arrose
Pirater, c’est mal !
L’industrie de distribution de la musique et de la vidéo, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une bête blessée à mort, et comme beaucoup de bêtes à l’agonie, extrêmement dangereuse.
Sous cette forme elle va crever, elle le sait, c’est inéluctable et inscrit dans l’histoire bien plus que dans quelques lois scélérates autant que passagères.
Pour autant, cette industrie condamnée, dans ses derniers spasmes, n’hésite pas une seconde à mordre sauvagement la main qui l’a si longtemps grassement nourrie - la main de « son » public - en tentant de contraindre celui-ci, par la loi s’il le faut, à continuer de lui acheter des choses dont il n’a plus besoin à des prix que plus rien ne justifie, au détriment des libertés publiques les plus fondamentales, sans le moindre scrupule si ce n’est de faire fonctionner autant que possible le tiroir-caisse jusqu’Ã la dernière, ultime et inévitable seconde, pour que les gros actionnaires et gros bénéficiaires de ce système moribond puissent s’en mettre encore une grosse giclée dans les fouilles avant d’aller l’investir ailleurs ou de prendre une retraite dorée.
Lire la suite ici :
– http://petaramesh.org/post/2009/03/11/La-bete-est-morte-mais-elle-nuit-encore
(source : http://petaramesh.org/)