Ecrit le 24 novembre 2010
Omerta dans la police, de Sihem SOUID
Fliquette, elle se nomme Sihem Souid. « C’est un nom tunisien, comme le sont mes parents. Mais moi je suis française », dit cette fonctionnaire âgée de 29 ans. Après trois années passées à la police aux frontières (PAF) d’Orly, elle décrit les coulisses policières d’un grand aéroport parisien. « Un Å“il sur le visage du passager, l’autre sur son passeport. Tout est en règle. Un coup de tampon. Au suivant. Visage, passeport, photo, tampon. Au suivant. »
De ces gestes répétitifs, le livre de Sihem Souid donne les ressorts cachés, explorant cet univers policier marqué par une double discrimination. Primo, les « abus de pouvoir » visant certains étrangers qui se présentent aux guérites, spécialement lorsqu’ils arrivent du continent africain et même s’ils sont « en règle »... Secundo, les discriminations infligées dans la police à certains fonctionnaires : en fonction de leur origine ethnique ou de leur orientation sexuelle.
Ce récit de l’intérieur sur la PAF, signé sous son nom par une « femme flic », est sans précédent. Non sans risque pour sa carrière, puisque Sihem Souid est toujours en poste dans la police (elle a quitté la PAF d’Orly pour se retrouver, fin 2009, dans une cellule d’aide aux victimes de la préfecture de police de Paris). « Avec ce livre, il est possible que je perde mon emploi. Mais si la vérité est à ce prix, je n’aurai aucun regret », assume-t-elle.
Sihem Souid est poursuivie pour avoir transmis à un journaliste du Figaro des documents considérés comme confidentiels alors qu’elle était en poste à la Police aux frontières (PAF) d’Orly, entre autres une note relative au plan Vigipirate appliqué à l’aéroport, des détails sur le dispositif de sécurité mis en place pour une visite du président Obama, ou une note sur les mesures de non-admission à l’encontre des étrangers. Le procès aura lieu le 7 janvier 2011.
Ecrit le 18 janvier 2011
pétition
Bavures, homophobie, racisme, sexisme, politique du chiffre et même abus de pouvoir et pressions : c’est aussi le quotidien de certains fonctionnaires de police, garants de l’ordre public comme des valeurs de notre République.
Sihem Souid a vécu cela de l’intérieur, et a receuilli témoignages, documents, comptes-rendus, rapports, procès-verbaux et ne fait que décrire des vérités.
Le collectif de soutien à Sihem Souid est un collectif citoyen, humain, qui défend les valeurs de la République et de notre démocratie, dans une société ou chacun a des droits, comme des devoirs et des obligations.
Le combat mené par Sihem Souid est juste et courageux, un combat d’honneur et de droit, un combat digne et responsable, un combat citoyen, un combat réellement humain et exemplaire, celui de défendre une police républicaine et légitime, c’est ce que défend également le Collectif.
Mais c’est aussi celui d’avoir le courage d’alerter l’opinion comme les politiques sur des faits condamnables et inacceptables qui mérite un aménagement nécessaire afin d’éviter que de tels faits, décrits précisémment dans son ouvrage « Omerta dans la Police », ne se reproduisent, par ce que cette Police, notre Police nationale que nous aimons, faite d’hommes et de femmes, qui servent au quotidien, et une Police qui se doit d’être exemplaire et de servir la collectivité comme le citoyen.
Nous soutenons pleinement Sihem Souid et nous en appelons à une mobilisation importante et réellement citoyenne, dans chaque ville, département et région, pour relayer l’information sur son combat, lui apporter un soutien moral et médiatique, politique et associatif.
Note du 10 mars 2013
Sihem Souid relaxée
Sihem Souid, fonctionnaire de police avait dénoncé dans un livre « Omerta dans la police » des abus commis par des policiers. Le Ministère de l’Intérieur l’avait lourdement sanctionnée en 2011 par 4 mois de suspension puis 6 mois d’exclusion sans salaire. Il l’avait, de plus, poursuivie pour divulgation du secret professionnel. Le tribunal correctionnel l’avait mise hors de cause le 18 mars 2011 en première instance mais le Parquet avait fait appel.
La Cour d’Appel a rendu son verdict le 28 février 2013 : Sihem Souid a été relaxée. Justice lui a été enfin rendue ! L’arrêté reconnaît les préjudices qu’elle a subis et l’invite même à réclamer au Ministère de l’Intérieur des dommages et intérêts. Cependant, plutôt que de porter plainte contre l’Etat, elle a choisi de demander des excuses publiques. Pour appuyer sa demande, huit personnes parmi lesquelles Bariza Khiari Vice-présidente du sénat, Franz Olivier Giesbert Directeur du Point et Béatrice Dubreuil avocate qui depuis quatre ans soutient et défend Sihem, ont lancé une pétition exigeant que Claude Guéant lui présente des excuses publiques pour les poursuites et les sanctions qu’il avait prises à son encontre lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur.
Nous vous invitons à signer cette pétition, si vous ne l’avez déjà fait. Pour y accéder, il suffit de cliquer sur le lien suivant : http://www.change.org/SihemSouid
P.S. : Voici quelques liens vers des articles qui relatent l’évènement et surtout sa joie en apprenant le verdict.
« Malaise dans la police » : Sihem Souid relaxée, Le Point
L’ancienne policière Sihem Souid relaxée (La Croix)