Ecrit le 25 janvier 2012
Bien qu’aujourd’hui parfois désuètes, certaines coutumes et traditions existent encore. Parmi celles-ci, celle du « Nouvel An » en est une des principales.
Bien sûrles souhaits les plus sincères n’influenceront pas notre avenir mais ils permettent aux proches parents et amis éloignés de garder le contact tout au moins une fois par an.
Lorsque j’étais jeune, c’était toujours le même refrain « Bonne Année, bonne santé » et j’y ajoutais souvent : « et le Paradis à la fin de vos jours ». Qu’espérer de mieux ? En échange, je récoltais quelques bonbons, chocolats et même une grosse pièce.
Beaucoup d’années ont passé mais j’ai toujours gardé pour certaines personnes ce « privilège ». Cette année encore j’ai envoyé une carte de voeux à une dame de 108 ans. désormais en fauteuil roulant, elle est aveugle, mais elle m’a téléphoné et possède encore toute sa lucidité. Cette dame, devenue veuve, a quitté Châteaubriant dans les années 60 pour se rapprocher de son fils unique aujourd’hui âgé de 90 ans. Pour moi, ce sont 75 ans de souvenirs.
Chemin de la Maison Brûlée
Cette dame, née à Mouais, s’est mariée à un cheminot travaillant à la gare de Châteaubriant. Elle est venue habiter la maisonnette du passage à niveau de « La Maison Brûlée » au début des années 30, comme « garde-barrières ». Lorsque j’allais à l’école, je franchissais ce passage à niveau quatre fois par jour et j’avais l’occasion de lui parler.
A cette époque le trafic ferroviaire était très important avec trois lignes : vers Rennes, Sablé et Laval. En plus des voyageurs, il y avait de nombreux trains de marchandises, minerais et bestiaux.
Les barrières n’étaient pas automatiques et, comme elles étaient continuellement fermées, la garde-barrières devait se déplacer pour les relever à chaque passage de véhicules ou d’animaux.
Les barrières étaient
en bois à deux battants. Le passage d’un
train était signalé
par une sonnerie.
Guérite
La garde-barrières
s’abritait dans une
guérite, près de sa
maison. Et il y avait une autre guérite, de l’autre côté des voies, pour la remplaçante. C’est que le premier train passait vers 6 heures et le dernier vers 23 heures. Pour l’hiver, le chauffage des guérites se faisait avec un poêle à charbon.
A cette époque il n’y avait que de très rares automobiles. Les transports routiers se faisaient par charrettes ou carrioles tirées par des chevaux. Les troupeaux de vaches passaient aussi sur la route. piétons et vélos utilisaient un portillon. Les locomotives fonctionnaient à la vapeur, donc au charbon, laissant s’échapper de la fumée et des escarbilles que les passagers et les riverains prenaient dans les yeux.
La rue ne s’appelait pas « Maréchal Foch » mais « chemin de la Maison Brûlée », il était seulement empierré. Les jardins et talus étaient totalement cultivés.
Cette dame a quitté son passage à niveau en 1945 lorsque son mari est parti en retraite. D’autres garde-barrières se sont succédé jusqu’à l’installation de barrières automatiques. Que de changement en 50 ans. Comme elle serait étonnée et peut-être déçue si elle revenait. La guérite est toujours là . Les anciens rideaux de plastique se sont fendus de vieillesse, les vitres sont cassées de temps en temps par des garnements.
Les lignes de Sablé et Laval sont fermées depuis longtemps et les jardins sont en jachère. Dans quelques années la maisonnette sera détruite car trop proche de la voie allant vers Rennes. La seule voie restant sera déposée et transformée en voie verte.
Ainsi va la vie. Le temps passe vite mais certains souvenirs ne s’oublient pas. C’était notre jeunesse et quand on a 108 ans c’est formidable : on a vu tellement de choses !
Nouvelle et bonne année mélanie et encore beaucoup d’autres....
Paul Chazé
Ecrit le 26 novembre 2014
mélanie Leblais a 111 ans
Originaire de Mouais, mélanie Leblais est née en 1903. Pour ses 111 ans, la municipalité lui envoie, au nom de toute la commune, les deux livres de l’histoire de Mouais, réalisés par l’association ’’Patrimoine, Culture et Loisirs’’ ce qui lui permettra de se remémorer l’histoire de sa famille et de sa jeunesse à Mouais.