Ecrit le 9 mai 2012
Lapidaire
Gravés dans le schiste du muret en haut de la rue du château,Ã Châteaubriant, ces dessins me font penser aux vers de Yves Cosson.
Avec le canif à crayonsles derniers mohicansde la rue Tournebridegravaient dans les bordures bleuesles signes cabalistiquesde la vraie confrérie des copains
Ecrit le 16 mai 2012
Le Café Gautier
(Photo A.Borgone)
Dans le quartier du Petit Paradis, à Châteaubriant, non loin du quartier de la Ville aux Roses, à proximité d’une maison ancienne portant le nom de « Villa aux Roses », il reste le souvenir du Café-épicerie Gautier, lieu de rendez-vous des ouvriers de la Fonderie Franco, toute proche, qui venaient y taper le carton en buvant une chopine. Allons, chacun sa tournée ! Les ménagères, lasses d’at-tendre près de la soupière, envoyaient l’enfant chercher le père, ou, parfois, emportaient le vélo pour faire croire à quelque vol. Le père, en maugréant, regagnait son logis où chacun devait se tenir à carreaux. Ou sinon
Plus tard le café devint un restaurant « L’Ile de Djerba » avant d’êtreune maison d’habitation.
Monopole
Depuis l’ouverture à la concurrence, l’usager peut choisir son fournisseur d’électricité. S’il est facile d’en trouver un nouveau, est-il aisé de quitter EDF ?
(photo A.Borgone)
Ecrit les 6 et 13 juin 2012
Le café Poirier et la Rue Marcel Viaud
Ces deux maisons font l’angle de la rue Michel Grimault (ancien maire) et Marcel Viaud (Résistant, exécuté par les Nazis le 13 février 1943 à la suite du Procès des 42).
La maison ancienne était-elle le « Café Poirier ». Oui ? Non ? D’aucuns disent oui, d’autres disent que c’était plutôt au 26 rue Michel Grimault. C’était le temps où de simples maisons d’habitation étaient transformées en café, lorsque les propriétaires en avaient obtenu l’autorisation. La tradition s’est poursuivie dans les petits bourgs autour de Châteaubriant, jusque ces vingt dernières années : la maîtresse de maison y accueillait les femmes de la campagne venues au bourg pour la messe, pour quelque foire ou pour voir le médecin ! Pas de boissons alcoolisées, juste un café préparé « comme à la maison ». Moment d’échange, de réconfort, de repos avant de s’en retourner, à pieds bien sûr, jusqu’Ã la ferme lointaine.
La maison haute, derrière, était celle de Cyprien et Anna Roul, qui ont recueilli et sauvé trois enfants juifs, Paulette, Jacques et le jeune Marcel Averbuch (celui-ci était né en avril 1940 à la Maison Maternelle de Gastines en Issé).
En face de cette maison, une statue que le passant ignore et qui pourtant veille sur lui. Portant la date 1879, elle symbolise la République Française, regard droit et poitrine généreuse.
Un peu plus loin dans cette « rue de la Victoire » (devenue rue Marcel Viaud après la guerre), un autre bâtiment ancien : là se trouvait l’école primaire où exerçaient Anna et Marcel Viaud avant que celui-ci, par mesure de rétorsion, soit envoyé à l’école primaire de La Ville au Chef en Nozay, petite école isolée où il a pu héberger des évadés du camp de Choisel, ou l’antifasciste espagnol Gomez et le chef communiste régional Millot,
Que retiendrons-nous de l’époque actuelle ? De quels symboles nourrirons-nous nos pensées ?
La rue des deux écoles
L’actuelle rue Marcel Viaud à Châteaubriant était la rue des deux écoles. On disait « de la Vannerie ». Longtemps j’ai cru que s’y tenaient des vanniers, cultivant des osiers sur les bords du Rollard voisin, pour les tresser ensuite en paniers et en gèdes. D’après Christian Bouvet, il faudrait écrire vénerie, le lieu servant autrefois de chenil, d’écuries et de stockage du matériel destiné aux chasses du seigneur. Entre la maison Roul et l’école maternelle d’alors, il y avait le docteur néret. Docteur d’avant le Samu, disponible de jour et de nuit. Pour faire ses visites il se déplaçait avec une petite voiture à cheval. Cabriolet ou Tilbury, qui avait été surnommée « le coupé docteur ». Dans son écurie, il entretenait deux chevaux, afin de pouvoir répondre à une urgence éventuelle au retour d’une tournée. Si son cheval était fourbu, il disposait immédiatement d’une monture fraîche. A l’école maternelle Madame Houlard était la directrice. A 6 ans, nous traversions la rue pour aller à la grande école ! Dans la cour, cinq classes. A droite le CP tenu par Madame Nivert et à l’autre extrémité de la cour la classe du certificat d’études gérée par Monsieur Nivert. A l’entrée, des logements de fonction. Si la République ne rémunérait pas trop bien ses hussards à l’époque, elle savait les loger avec un certain apparat. Des logements petits pour nos yeux actuels mais fort bien conçus pour l’époque. Les nombreux placards permettaient aux enseignants frais émoulus et dépourvus de mobilier de s’installer dans un relatif confort. La rue n’était pas encombrée par les voitures ventouses et les navettes des parents d’élèves. Elle vivait ! Dans l’impasse, travaillait Clément Besnier, le serrurier. Au carrefour deux épiceries, une droguerie et un marchand de vins ....
Par la suite, l’école maternelle devint lycée de Châteaubriant, avant de céder la place à l’institut médico-éducatif. C’est mainte-nant une maison d’habitation qui a gardé, cependant, le souvenir de l’école mater-nelle.
A.Borgone