Ecrit le 24 septembre 2014.
Le modèle économique des « grandes surfaces » a-t-il vécu ? Selon l’Insee, le chiffre d’affaires des grandes surfaces alimentaires a augmenté de 11,2% entre 2004 et 2010 (soit 1,8% par an en moyenne). Mais depuis 2010, l’activité des grandes surfaces alimentaires est en baisse de 4,1% entre 2010 et début 2013 (soit -1,4% par an en moyenne). Concurrencés par les magasins de proximité spécialisés dans l’alimentaire (boucheries, boulangeries, primeurs, etc.) les hypermarchés sont à la peine.
Mais les légendes ont la vie dure : celle des prix bas, par exemple. Et pourtant, selon une étude de la DGCCRF, « Au cours de l’année 2012, les prix des produits de grande consommation ont augmenté dans l’ensemble de la grande distribution de 4,0% sur un an en janvier et en février et encore de 3,3% sur un an en mars, de plus de 2,0% sur un an jusqu’en juin et de plus de 1,0% sur un an jusqu’en novembre. La hausse des prix a été particulièrement élevée dans les magasins hard discount : +6,3% sur un an en janvier 2012 et plus de 5,0% sur un an jusqu’en juin 2012 ».
C’est le moment de découvrir ou redécouvrir le commerce de proximité comme celui de Corinne (au magasin Vival de Châteaubriant), de Patricia à St Vincent des Landes, de Nicolas à Rougé qui, grâce à des centrales d’achat (type Casino) proposent de bons produits à des prix intéressants, (Corinne est d’ailleurs contrôlée tous les quinze jours par une enquêtrice de l’INSEE) et le service en plus.
Corinne, venue du Nord
Corinne Rossignol, après avoir découvert le commerce chez ses grand-parents bouchers, après une longue expérience de vente sur les marchés, a souhaité se poser dans un commerce de centre-ville. Venue du Nord, elle a ainsi choisi le petit magasin Vival situé auprès de l’église de Châteaubriant.
« Le commerce, pour moi, ce n’est pas seulement un métier, c’est une façon de connaître des gens, de prendre le temps de discuter, de tisser des liens d’amitié » dit-elle. « Au marché c’est souvent une clientèle de passage, ici il y a des clients fidèles ». Ses clients, Corinne les
connaît, sait ce qui les intéresse. « Les clients de semaine ne sont pas les mêmes que les clients du dimanche : ces derniers viennent des communes environnantes, groupant les achats : épicerie, fruits-légumes, charcuterie, pain et gâteaux ». Pour son plaisir, il y a régulièrement des clients nouveaux, plutôt 35-40 ans, qui cherchent à être servis vite tout en ayant du choix et le sourire de la commerçante.
Un ’’petit’’ commerce, c’est le moyen s’adapter rapidement pour faire plaisir aux clients en leur proposant des produits locaux de qualité et, en même temps d’offrir un débouché aux producteurs locaux : légumes bio de Rougé, pâtés de lapin de Ruffigné, pain à l’ancienne de Soulvache et de Châteaubriant, galettes de blé noir d’Issé, œufs bio, miel de pays, confiture ’’au chaudron’’ faite à Vallet, caramels bretons, vinaigre de prestige fait au fût de chêne (vin rouge, xérès ou jus d’agrume), et même du vin bio (venu d’Ancenis), des sardines de Quiberon et du café solidaire produit par l’ESAT de Bain de Bretagne. Son présentoir de fruits secs offre fraises, ananas, poires, pêches, pommes et gingembre, dattes, figues et baies de goji (idéales pour baisser le taux de cholestérol, le diabète et le taux en sucres du sang).
« Une partie des légumes sont livrés tous les jours par la centrale ’’Casino’’ toujours très frais. Je m’approvisionne aussi chez des paysans bio. Je suis libre de prendre ce que je veux, en fonction des demandes des clients » dit-elle, tout en gérant ses commandes en permanence. « En arrivant ici, je ne connaissais ni les galettes de blé noir, ni les choux-verts, j’y ai goûté, j’ai apprécié et les clientes se sont fait un plaisir de me donner des recettes. Les fournisseurs m’ont aussi donné des conseils ».C’est vrai que Corinne connaît bien ses produits et n’hésite pas à innover.
Le ’’Vival’’ de Châteaubriant a une très petite surface de vente (largeur 4 mètres) difficilement accessible : trottoir étroit, trois marches à descendre, étroits couloirs de circulation intérieure, sûrement qu’il ne sera pas possible de respecter la loi handicap de 2005. Mais Corinne fait tout son possible pour satisfaire les clients. Un présentoir, dehors, signale le commerce et présente les plus beaux produits ce qui n’est pas inutile : « Des personnes qui viennent déjeuner au Bilig, à côté de l’église, font un léger détour pour acheter des fruits et légumes au Vival »
Sur demande, Corinne assure la livraison à domicile. « Pour certaines personnes, c’est une des rares visites de la semaine. Le commerce a ainsi un rôle social ». L’amabilité naturelle de Corinne fait merveille.
Même ce qu’elle n’a pas
Corinne livre tout ce qu’il y a dans son magasin, elle peut détailler un sachet de pommes de
terre, vendre seulement la moitié d’un chou pomme et vendre aussi ce qu’elle n’a pas ! Car son sens du service la pousse à procurer les produits qu’on lui demande, même si elle ne les a pas en magasin : assouplissant, baril de lessive, serviettes en papier, etc. Il suffit de lui demander !
Elle est ’’relais-colis’’ pour des sociétés de vente par internet mais elle peut aussi, sur demande, réceptionner un colis lorsque les clients ne peuvent être chez eux.
Et, pour certains clients, elle sait avoir toujours un ou deux packs de bière au frais, du vin blanc et du vin rosé voire préparer un sandwich pour un client de passage
Pour faire ce métier, il faut beaucoup d’abnégation car les amplitudes horaires sont importantes : 8h30-12h45 le matin, 15-20h l’après-midi et 8h30-13h le dimanche. Fermé le lundi. Cela fait du 50 heures par semaine et souvent davantage, sans compter la gestion des stocks et la comptabilité. C’est un métier où l’on est presque toujours debout. Le mal de dos menace en permanence. Il serait intéressant de compter le nombre de kilomètres parcourus par jour. « Vous savez, quand on aime son métier, on ne regrette rien » dit-elle. Heureusement, avec les machines modernes, la caisse enregistreuse facilite les comptes et l’inventaire annuel.
Une école de vie
« Je sers aussi beaucoup de centre de renseignements ! On me demande où dormir ? où bien manger ? Quels spectacles ? Je suis contente de voir que ma petite Leïla aime aussi le commerce et que mon mari peut m’aider à porter les choses lourdes et je remercie vivement mes clients de l’accueil qu’ils m’ont réservé à mon arrivée et de la confiance qu’ils me font ». « Le commerce est une école de vie » dit-elle encore.
En projet : Corinne aimerait proposer des plats cuisinés, des salades par exemple, si elle peut aménager l’arrière-boutique.
Coordonnées :
Vival : 02 40 81-05 68
vival.chateaubriant@outlook..fr
Selon un sondage réalisé pour le salon Equipmag 2014, à propos des enseignes commerciales, les Français sont attachés d’abord à la sincérité, ensuite à la simplicité et ont le souci du local et de l’environnement.